Carnet de route de David Riendeau, journaliste québécois, parti à la rencontre des populations sud-américaines dans le cadre de son reportage « La tête à l’envers »
(Lima) Premier soir, première invitation.
Une fête se donne dans un bar de Miraflores pour célébrer les huit ans de la communauté liménienne de Couchsurfing, ce site qui permet aux voyageurs de séjourner dans un pays sans avoir à déposer ses valises dans un hôtel. Chaque ville d’importance possède son noyau de rêveurs des grands chemins qui organise des évènements dont le but ultime est d’échanger entre locaux et étrangers. Mon contact étant en retard, je m’assis sur une banquette, bien sage comme un écolier. Une heure passe, la personne tarde à se montrer le bout du nez. Les participants se lèvent pour aller dans une salle plus grande. Je fais de même. La demoiselle qui se tient devant moi m’adresse un sourire pour me dérider. Elle se présente. Claudia. Lorsque je lui apprends que je suis Canadien, son visage rayonne. « Dans ce cas-là, tu parles français », me lance-t-elle dans la langue de Charles Trenet.
À peine 24 heures plus tôt, Claudia Flores était à deux pâtés de maison d’ici pour organiser un échange linguistique entre Péruviens et étrangers. « Apprendre de nouvelles langues me fascine », explique l’architecte de 28 ans. « C’est une porte d’entrée pour connaître d’autres sociétés. » Depuis mai 2010, le café La Maquina se transforme tous les vendredis soirs en petite tour de Babel avec sa trentaine de participants venus d’Europe, d’Asie ou des Amériques, étudiants étrangers, ouverts d’esprit ou voyageurs désireux de nouvelles rencontres.
Au printemps 2010, Claudia revient de Madrid, où elle a étudié pendant un an. « En Espagne, ce genre de réunions était très populaire. Je me souviens de la première rencontre à Lima, organisée par un membre de Couchsurfing. Nous étions six dans un McDonald’s! De semaine en semaine, l’évènement a gagné en popularité à tel point que nous occupions la moitié des tables. Finalement, nous nous sommes dits : allons ailleurs! » La petite communauté déménage alors ses activités au café La Maquina, de l’autre côté du parc Kennedy.
De fil en aiguille, Claudia finit par organiser les rencontres avec d’autres passionnés comme elle. « La moitié des gens sont des habitués et se connaissent et l’autre moitié vient pour la première fois. Mon rôle est d’intégrer les nouveaux afin qu’ils se sentent à l’aise. »
Lorsqu’elle n’est pas occupée à converser en anglais, en français ou en portugais, Claudia travaille pour une firme d’architectes de Miraflores, un district cossu de la capitale. Un emploi très exigeant. « Les soirées d’échanges linguistiques me permettent d’oublier les petits problèmes de la semaine. Disons que c’est la meilleure façon de débuter le week-end. »
Ce goût de la rencontre, cette ouverture vers l’étranger, la souriante organisatrice avoue l’avoir développé en Espagne, patrie où elle semble avoir laissé une partie d’elle-même. « Mon cœur balance entre mon pays et là-bas où beaucoup de mes amis vivent. Si je pouvais voyager tout de suite, ce serait génial! »
À défaut d’un billet ouvert pour l’Europe, ces soirées à la fois festives et culturelles constituent un bon remède quand on a les blues du large. « C’est une forme d’évasion en quelque sorte. D’un autre côté, j’essaye de transmettre tout ce que j’ai reçu comme expériences et comme opportunités lors de mon séjour à Madrid. Chaque Péruvien qui se rend aux rencontres se fait ambassadeur de son pays. »
Je lui demande alors s’elle se considère comme une bonne ambassadrice. Un autre sourire épanouit son visage. « Je crois que oui. Il m’arrive de jouer aux guides touristiques…Évidemment, il y a des vendredis soirs où la paresse est grande et que je n’ai pas très envie de me rendre aux rencontres. Mais finalement, j’y vais quand même et je me rends compte avoir passé une excellente soirée. » (Article rédigé par David Riendeau)
Description
La tête à l’envers a pour but premier de transmettre la passion du voyage aux lecteurs tout en les informant sur les sociétés de cette région. Allant beaucoup plus loin que le simple compte-rendu d’un itinéraire à l’étranger, ce carnet de voyage se distinguera par sa série de portraits sur des individus qui se démarquent par le côté inusité, pittoresque ou admirable de leur existence. La tête à l’envers partagera le quotidien du pêcheur de l’Amazonie, du mineur de la montagne, du vendeur ambulant d’un bidonville, de l’Indien qui se bat pour ses droits ancestraux. Les rencontres mettront en évidence le mode de vie, les coutumes, les croyances et la culture telles que pratiquées dans les différentes régions de cet univers fascinant qu’est l’Amérique du Sud. S’ajouteront aux portraits des détails sur les légendes, la musique et les traditions locales. Une petite section pour répondre aux questions des lecteurs est envisagée.Le carnet de voyage jettera un regard intimiste sur des réalités saisissantes trop souvent négligées dans les reportages touristiques des journaux à grand tirage. Un projet comme La tête à l’envers offrirait une certaine nouveauté pour quiconque souhaite entreprendre un voyage en Amérique du Sud.