Le chef de l’État colombien, Juan Manuel Santos, s’est félicité lundi 3 octobre de l’action menée par son homologue américain, Barack Obama, qui a oeuvré positivement afin que l’Accord de libre-échange entre les deux nations soit validé au plus vite par le Congrès américain.
Le TLC ou Tratado de Libre Comercio se trouvait, en effet, en suspens depuis l’année 2006, à ce titre le mandataire colombien s’est réjoui de cette avancée devant favoriser les échanges commerciaux et ainsi booster l’économie nationale.
« Le président Obama nous a exaucés. Il a suivi ses engagements », a déclaré Juan Manuel Santos lors d’une conférence de presse donnée depuis le siège du gouvernement, la Casa de Nariño, en réaction à la promesse qu’a formulée le président des États-Unis lors de leur dernière rencontre bilatérale. Il a ajouté « je me réjouis de cette avancée, car cela signifie une plus grande croissance économique et davantage d’emplois » avant d’ajouter « Cela correspond parfaitement à notre Plan national de développement qui a pour objectif de favoriser la sécurité, l’emploi, et l’éradication de la pauvreté ».
De son côté, le président Obama en a appelé aux démocrates et républicains afin qu’ils entérinent le plus vite possible cet accord de libre-échange en déclarant « s’il vous plaît, approuvez ce traité rapidement, et de cette façon les relations entre nos deux pays seront renforcées de façon significative ». De son côté, Luis Carlos Villegas, président de l’Association nationale des industriels a affirmé que la présentation du traité de libre-échange devant le Congrès américain constituait « l’étape finale » d’un long processus débuté il y a maintenant six ans. « Quelle bonne nouvelle afin de lever les doutes qui pèsent sur l’année 2012 » a-t-il ajouté en rappelant le contexte de crise internationale. Les deux mandataires avaient approuvé en mai 2011 un Plan d’action dans le but de favoriser la ratification législative du TLC entre la Colombie et les États-Unis, garantissant ainsi des droits syndicaux et des droits du travail. « Le fait qu’une administration démocratique ait présenté, au Congrès, le Traité avec la Colombie atteste de la reconnaissance qu’il nous est donné dans le domaine des droits de l’homme et des droits du travailleur », a affirmé le président Santos.
Le ministère des Affaires étrangères colombien a également évoqué sa volonté de relancer la loi de Preferencias Arancelarias Andinas y Erradicación de la Droga (loi Atpdea approuvée en 1991 accordant des préférences douanières aux pays andins soit la Colombie, l’Équateur, le Pérou, et la Bolivie afin de les aider à combattre le narcotrafic) qui se trouve inscrite dans le traité soumis au vote du Congrès et a souligné que ladite norme serait en vigueur pour une période minimum de deux ans jusqu’à la mise en place du TLC (10 à 12 mois de délai avant qu’il ne soit effectif).
En effet la Colombie bénéficiait jusque-là du système préférentiel de taxes andines (Bolivie, Pérou, Équateur, Colombie) selon lequel 90 % de ses exportations vers les États-Unis bénéficiaient d’un dédouanement, cependant cet accord n’est plus en vigueur depuis le mois de février et n’a pas encore été renouvelé ce qui porte également préjudice à l’Équateur. Si le Traité de libre-échange est approuvé, les exportations américaines vers la Colombie pourraient augmenter de 1 000 millions de dollars, selon le gouvernement du président Obama. En 2010, la Colombie a importé pour une valeur de 10 477 millions de dollars depuis les États-Unis, et a exporté pour un montant de 16 918 millions de dollars, selon des chiffres officiels.
La Colombie est, par ailleurs, l’un des plus grands alliés des États-Unis en Amérique latine, Washington a délivré pas moins de 6 000 millions de dollars depuis l’année 2010 pour contribuer financièrement à la lutte contre le trafic de drogue au moyen du Plan Colombie. « Nous avons avec les États-Unis une relation stratégique. Nous continuerons de coopérer en matière de sécurité. D’autres pays se sont joints à notre lutte et aujourd’hui, avec cette avancée, nous espérons développer nos liens dans différents domaines », a affirmé, le président colombien.
Gabriel Silva Luján, ambassadeur de Colombie à Washington, a affirmé qu’il espérait que le TLC soit approuvé au Congrès avant la première semaine de novembre en précisant que tout le travail, qui a été fait durant ces cinq dernières années, a été difficile et qu’il s’agissait maintenant d’atteindre le but final. Il s’est montré, par ailleurs, rassurant en déclarant que la Maison-Blanche n’envoyait pas un projet au Congrès si elle n’était pas convaincue d’avoir le soutien nécessaire afin qu’il soit approuvé.
218 voix sont nécessaires pour que le traité soit officiellement promulgué or ce sont 200 républicains et 30 démocrates qui se montrent favorables au projet sachant qu’il faut 218 voix pour que les accords de libre-échange soient entérinés.
Le président Obama a envoyé au Congrès les traités de libre commerce signés avec la Colombie mais aussi le Panama et la Corée du Sud. Par ailleurs, le premier ministre sud-coréen Lee Myung-bak effectuera une visite d’État le 13 octobre aux États-Unis, il serait donc opportun que le TLC soit accueilli favorablement avant cette rencontre qui se tiendra à la Maison-Blanche.
Le TLC Colombie-Etats-Unis doit être présenté aujourd’hui même au Congrès, une journée seulement après que le président ait envoyé les documents au parlement bicaméral. Ce projet signé en 2006 par les présidents alors en place, Alvaro Uribe et George W. Bush a fait l’objet de 14 rejets de la part du Congrès américain.
Le nombre élevé d’assassinats de syndicalistes colombiens, considéré comme le plus haut au monde, et la précarité en matière de doits du travail avaient jusqu’alors freiné l’adoption du TLC. C’est pourquoi les présidents Santos et Obama s’étaient rencontrés en avril 2011 pour mettre en place un Plan d’action visant à apporter des améliorations dans ces deux domaines.
Cependant, beaucoup de délégués syndicaux colombiens continuent de tirer la sonnette d’alarme « La violation des droits des délégués syndicaux continue d’être flagrante, on dénombre 23 assassinats pour cette année. De fait, nous nous opposons au TLC et nous allons mener des actions conjointes avec le syndicat nord-américain AFL CIO afin d’inciter la Chambre des représentants à s’opposer à sa validation », a déclaré Luis Alberto Vanegas, de la Centrale Unitaire des Travailleurs Central ou Unitaria de Trabajadores (CUT). Le Plan souscrit il y a six mois par les deux mandataires prévoit un programme de protection des leaders syndicaux, et des mesures visant à mettre fin au travail illégal.
Les leaders démocrates américains s’opposent à la ratification du traité en affirmant que la Colombie, le Panama et la Corée du Sud présentent des modèles économiques qui favorisent la pénurie d’emplois aux Etats-Unis et par conséquent la situation de crise actuelle.
« La série d’accords de libre-échange que je soumets aujourd’hui au Congrès facilitera l’accès des produits des entreprises américaines à la Corée du Sud, à la Colombie et au Panama et augmentera nos exportations de façon très importante », a affirmé Obama pour tranquilliser les esprits inquiets qui jugent que leur pays se soumet ainsi à une nouvelle concurrence.
(Article rédigé par Aline Timbert)