Colombie : Un employé de l’ONU kidnappé par des dissidents des FARC en pleine visite du Conseil de sécurité

Il s’agit du premier déplacement du Conseil de sécurité de l’ONU dans un pays d’Amérique latine, une visite qui se tient en Colombie et qui vise à conforter le soutien de la communauté internationale au processus de paix avec les FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie), un symbole fort selon l’agence qui souhaite apporter la paix d’un bout à l’autre du continent américain.

La délégation du Conseil de sécurité se compose de cinq membres permanents (Chine, France, Russie, Royaume-Uni et États-Unis) et de dix membres non permanents (Bolivie, Égypte, Éthiopie, Italie, Japon, Kazakhstan, Sénégal, Suède, Ukraine et Uruguay), ils resteront dans le pays jusqu’à vendredi soir.

Les membres du Conseil ont été reçus en visite privée par le président sud-américain, Juan Manuel Santos, qui a fait part de son engagement à maintenir la paix dans le pays œuvrant avec conviction et acharnement dans ce sens depuis des mois. Le 24 novembre 2016, Santos a signé avec le chef des FARC-EP, Timoléon Jimenez, l’accord final pour mettre fin aux combats et aux hostilités qui gangrenaient le pays sud-américain.

L’ambassadeur de l’Uruguay auprès de l’ONU, Elbio Roselli, dont le pays préside le Conseil en ce mois a fait remarquer qu’avec « le processus de paix en Colombie, l’Amérique, du nord à l’extrémité sud, est la seule région du monde où il n’y a pas de conflit actif ».

Le responsable a ajouté que le monde allait abriter « des conflits persistants, certains avec d’énormes répercussions sur la société » et qu’il fallait s’inspirer de la Colombie pour retrouver l’espérance en un futur meilleur « Regardez le continent américain et la construction que les colombiens mettent en place ».

Roselli a affirmé que la situation rend, non seulement fière l’Uruguay, mais aussi la communauté latino-américaine, évoquant la Colombie comme un modèle à suivre et un exemple d’espoir en matière de négociations en faveur de la paix. L’an dernier, le Conseil a approuvé la mise en place d’une mission de soutien relative au désarmement des FARC et à la vérification de la procédure de pacification.

Pour sa part, l’ambassadeur britannique Matthew Rycroft a déclaré que son pays était honoré de faire partie du processus et a ajouté « qu’il est normal qu’il y ait des défis, car c’est le cas « dans tout processus de paix. » Pour Rycroft, la Colombie est maintenant à un  « tournant », car « cela faisait plus de 50 ans que les FARC avaient pris les armes », la remise des armes par les rebelles constitue donc « une étape importante » pour tourner le dos au conflit armé.

À l’heure actuelle, environ 7000 membres des FARC sont rassemblés dans des zones de transition (ZVTN) et ont déjà commencé le processus de normalisation marqué par le désarmement, une procédure qui doit prendre fin le 1er juin. Rycroft a d’ailleurs qualifié le processus de paix comme « irréversible ».

À la date du « 5 mai, la mission de l’ONU en Colombie aura réceptionné et stocké dans ses conteneurs 1000 armes des combattants des Farc », a-t-elle indiqué dans un communiqué.

La visite du Conseil de sécurité de l’ONU, dont les membres se sont rendus à la capitale, Bogotá, mercredi, est malheureusement intervenue le jour même où des dissidents de la guérilla ont kidnappé l’un des responsables de l’agence UNODC ( l’Office des Nations unies contre la drogue et la criminalité) dans le sud-est de la Colombie.

Le fonctionnaire colombien a été enlevé dans le département de Guaviare (sud-est) par des hommes sous le commandement d’« Ivan Mordisco » et, doit être libéré dans les prochaines heures selon les autorités colombiennes.

Un peu plus tôt, le gouvernement avait fait mention dans un communiqué d’un « acte regrettable qui cause du tort (au processus) de substitution volontaire des cultures illicites (…) et à l’intégrité du fonctionnaire de l’ONUDC ». Si l’on en croit Kyle Johnson, analyste d’International Crisis Group, les dissidents des FARC seraient au nombre de 400 sur près de 7000 combattants enrôlés dans la guérilla qui a ensanglanté le pays pendant des décennies.

Une visite historique qui a donc été éclipsée par cet enlèvement qualifié de « lâche » par Rafael Pardo, Haut conseiller colombien pour le postconflit, il a également expliqué qu’une troisième étape allait commencé, à savoir l’enregistrement des familles consacrées à la culture de la coca, le but étant d’initier le processus de remplacement des cultures et éviter les dérives (production de coca à des fins illicites pour l’élaboration de cocaïne). « Dans le Guaviare, ce processus va avoir lieu sur le secteur de La Colina, et le lieu où s’est produit l’enlèvement est Barranquillita, plus éloigné, mais dans le même département », a expliqué le ministre.

(Vidéo du 05/05/2017)

Le chef de l’État Santos a par ailleurs annoncé une deuxième mission de l’ONU en Colombie pour soutenir le processus de paix.

Rosselli a assuré la population colombienne de la continuité du soutien de l’ONU, malgré les hauts et les bas du processus de paix. Ce qui importe c’est de maintenir le cap, de poursuivre l’effort et de persister dans l’effort » ajoutant « le Conseil de sécurité est pleinement engagé à fournir le soutien que les Colombiens veulent et que les Colombiens méritent ».

Santos, quant à lui, a exprimé la gratitude de la Colombie auprès des Nations Unies et « du monde » pour leur soutien, un engagement qui se soldera par « un succès », a-t-il rappelé.

Le conflit armé a perduré cinq décennies dans la nation sud-américaine, l’un des plus anciens dans le monde, il a coûté la vie à plus de 200 000 personnes et a forcé des millions de personnes à se déplacer. Si la fin du conflit avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie est scellée, il restera aux autorités à mettre fin aux violences occasionnées par l’Armée de libération nationale (ELN) et les bandes criminelles qui s’acharnent à défier le gouvernement.

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