Le candidat de droite à la présidence du Chili, Sebastián Piñera, est sorti vainqueur des urnes lors du second tour des élections, qui a eu lieu dimanche, il l’a remporté avec un avantage inattendu et certain sur son rival (54,57 % contre 45,43 %), le sénateur Alejandro Guillier, porte-drapeau du parti centre-gauche.
Pour les élections de dimanche, 14 308 151 électeurs au Chili et 39 137 à l’étranger (qui avaient le droit de voter pour la première fois) ont été appelés à se rentre aux urnes de façon volontaire, les résultats du vote à l’étranger étant clairement différent du vote national, puisque les Chiliens résidant dans d’autres pays ont voté massivement pour A. Guillier (71,13 % contre 28,87 % de Piñera).
Le représentant de la coalition chilienne « Chile Vamos » a devancé de neuf points son rival, il est devenu ainsi le président ayant récolté le plus de voix depuis les élections de 1993, une élection remportée alors par le démocrate-chrétien Eduardo Frei Ruiz-Tagle (1994-2000).
Sebastián Piñera, qui a déjà été à la tête du pays sud-américain entre 2010 et 2014, succède, aux plus hautes fonctions, à Michelle Bachelet, il restera au pouvoir jusqu’en 2022. Lors du premier tour du 19 novembre dernier, le candidat avait recueilli 36,6 % des suffrages, contre 22,6 % pour son rival A. Guillier.
L’actuelle présidente du Chili, Michelle Bachelet, a téléphoné au candidat Sebastian Piñera devant les caméras de télévision pour le féliciter aussitôt les résultats rendus officiels, elle a alors déclaré : « Je voulais vous appeler pour vous féliciter et vous souhaiter une très bonne gestion durant ce mandat, parce que vous et moi souhaitons le meilleur pour notre pays et pour tous ». Michelle Bachelet avait déjà cédé sa place au futur chef d’état conservateur en mars 2010, il s’agit donc de la seconde passation de pouvoir entre les deux mandataires.
Malgré cette victoire très nette, les sondages publiés au cours de ces quatre semaines affirmaient que le second tour s’annonçait particulièrement serré, ce qui ne fut finalement pas le cas. Concernant le résultat inattendu de l’élection, M. Bachelet a commenté que « tout le monde a été surpris par les résultats du premier et deuxième tour, ce qui montre que nous devons améliorer les méthodologies des enquêtes d’opinion, entre autres. «
Elle a ajouté : « Je suis un démocrate et je vais remettre l’écharpe présidentielle à celui qui a été élu comme il se doit, la démocratie c’est la démocratie ».
Piñera, quant à lui, a déclaré aux milliers de sympathisants qui s’étaient réunis devant le siège électoral du parti vainqueur : « Nous avons reçu ce magnifique triomphe avec humilité, mais aussi avec espoir ».
(Vidéo du 18/12/2017)
Dans un discours appelant au dialogue, le politicien et l’homme d’affaires a déclaré que l’union du Chili faisait sa force au-delà des dissensions politiques « lorsque les Chiliens se sont unis, ils ont conquis leurs plus beaux triomphes ».
« Ensemble, nous retrouvons notre démocratie de manière exemplaire, ensemble nous reconstruisons notre pays après le tremblement de terre dévastateur du 27 février (2010), unis et contre toute attente nous trouvons et sauvons nos 33 mineurs sains et saufs… Et ensemble, nous allons transformer le Chili en un pays développé, sans pauvreté et avec des opportunités pour tous », a-t-il ajouté.
Durant la campagne électorale, l’ex-président de 68 ans a promis de doubler la croissance de l’économie du plus grand producteur de cuivre au monde, d’améliorer la sécurité des citoyens, l’accès à la santé, à l’éducation, mais aussi de renforcer les transports et d’améliorer la qualité de vie.
Alejandro Guillier, de son côté, a appelé entre-temps à travailler « pour l’unité du progressisme, du renouveau et de la construction de nouveaux horizons ».
Devant plusieurs centaines de partisans, le candidat Guillier a reconnu sa défaite et a invité les forces progressistes à réfléchir sur ce «revers sévère». Le représentant de la coalition Fuerza de la Majoría a admis que dimanche dernier, le centre-gauche avait subi un échec électoral, mais pas une défaite politique.
En outre, Guillier a fait un appel du pied aux parlementaires du Frente Amplio de gauche, force politique qui a gagné du terrain lors des élections législatives du 19 novembre et qui s’est positionné comme la troisième force politique.
Indépendamment du triomphe de Piñera, le paysage politique du Chili a radicalement changé ces dernières semaines, la réforme électorale ayant mis fin au système bi-partiste et à la formation d’un parlement plus divers.
Selon SERVEL, l’homme d’affaires milliardaire (3e fortune du Chili) s’est imposé dans 13 régions du pays (sur 15), et dans dix d’entre elles il a surpassé son rival Guillier de cinq points de pourcentage voire plus.
(Vidéo du 18/12/2017)