Depuis l’accession de Javier Milei à la présidence de l’Argentine, le pays semble avoir amorcé une transformation économique saluée par de nombreux observateurs internationaux.
Parmi eux, la directrice générale du Fonds Monétaire International (FMI), Kristalina Georgieva, a qualifié les progrès réalisés par le gouvernement Milei de « cas le plus impressionnant de l’histoire récente ».
Mais quels sont les fondements de ce redressement économique et les défis qui en découlent ?
Les avancées économiques sous le gouvernement du président Milei
Depuis son élection, Javier Milei a adopté une approche économique radicale pour remettre sur pied un pays en proie à des crises récurrentes. Parmi les mesures phares, on note :
- Réduction drastique du déficit public : En rationalisant les dépenses et en réformant l’administration, le gouvernement Milei a réussi à réduire considérablement le déficit budgétaire, un objectif que ses prédécesseurs n’ont jamais pleinement atteint.
- Baisse de l’inflation : L‘ inflation de 25,5 % en décembre 2023 ( 211,4% sur l’année 2023), a chuté à 2,7 % un an plus tard ( 118% sur l’année 2024).
- Diminution du risque-pays : L’indicateur de risque-pays, qui atteignait 2 500 points en 2024, est tombé à 600 points, renforçant la confiance des investisseurs.
Ces avancées ont été récemment saluées par le FMI, qui a également reconnu les efforts d’implémentation d’un programme économique solide visant à la stabilisation et à la croissance.

Le rôle clé du FMI dans le rétablissement de l’économie en Argentine
Pour consolider ces progrès, l’Argentine a négocié un nouveau programme d’assistance avec le FMI. Ce dernier inclut un prêt potentiel de 11 milliards de dollars, qui s’ajoute à un milliard de dollars obtenus via des prêts bancaires internationaux.
Ces fonds serviront notamment à :
- Restructurer la dette publique : Le remboursement de 4,3 milliards de dollars au début de l’année 2025 a renforcé la crédibilité du pays sur les marchés internationaux.
- Accélérer la sortie du « cepo cambiario » : Le contrôle strict des changes, mis en place pour stabiliser la monnaie, pourrait se voir allégé grâce à cette nouvelle injection de liquidité.
- Soutenir la croissance économique : Le FMI maintient un taux de croissance prévu de 5 % pour 2025, bien au-dessus des prévisions pour d’autres économies régionales.
Kristalina Georgieva a déclaré que les négociations avancent rapidement et qu’un équipe du FMI se rendra à Buenos Aires pour finaliser les détails du programme.
Selon elle, le soutien de la population argentine aux réformes est un facteur essentiel de ce succès.
Les éloges du FMI sur le redressement argentin : « Un cas impressionnant »
La directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, a qualifié la situation économique de l’Argentine en 2024 de « cas le plus impressionnant de la récente histoire économique ». Lors d’un échange avec des journalistes à Washington, elle a souligné : « Les réformes ont eu des effets profonds avec la mise en œuvre d’un programme solide de stabilisation et de croissance. »
Georgieva a également salué le recul de la pauvreté : « La pauvreté en Argentine recule enfin, et l’économie se stabilise tout en retrouvant une trajectoire de croissance. » Ces propos interviennent alors que le FMI s’apprête à conclure un nouvel accord de financement avec Buenos Aires, comprenant un prêt de 11 milliards de dollars destiné à renforcer la stabilité financière du pays.

Les défis persistants pour redresser l’économie argentine sous Milei
Malgré ces résultats encourageants, certains défis majeurs subsistent :
- La pauvreté : Bien que les indicateurs montrent une diminution de la pauvreté, celle-ci reste très élevée dans de nombreuses régions du pays.
- La soutenabilité des réformes : Les réformes économiques radicales peuvent avoir des conséquences sociales, notamment en termes d’inégalités et de protestations.
- Les relations internationales : Si le rapprochement avec le FMI et les banques internationales semble bénéfique, la politique étrangère de l’Argentine pourrait entraîner des tensions, notamment avec ses voisins régionaux comme le Brésil.
D’après les dernières données disponibles, 54 % de la population argentine vit avec moins de 3,65 dollars par jour ! De plus, selon une étude du gouvernement argentin, basée sur les données de l’Institut national de statistique et de recensement (INDEC), le taux de pauvreté en Argentine a atteint 38,9% au troisième trimestre 2024. Les restrictions imposées par le gouvernement ne sont pas sans conséquences sur le quotidien de la population.
Contexte politique et social en Argentine
Cependant, les réformes de Milei ne sont pas exemptes de critiques. La population argentine, bien que majoritairement favorable à la stabilisation économique, exprime des inquiétudes légitimes concernant les conséquences sociales des mesures d’austérité.
En effet, les coupes budgétaires dans les subventions et les dépenses publiques ont particulièrement affecté les classes les plus vulnérables, suscitant des mouvements sociaux sporadiques.
Sur le plan politique, le gouvernement Milei, soutenu par une majorité parlementaire, a cherché à accélérer la libéralisation de l’économie, tout en défendant son projet de « dollarisation » pour enrayer définitivement l’inflation. Cette stratégie, bien qu’ambitieuse, reste controversée.
Une comparaison internationale
La réussite économique de l’Argentine contraste avec la stagnation observée dans d’autres grandes économies. Georgieva a noté que l’Union européenne « pourrait connaître un ralentissement modéré », tandis que le Brésil de Lula fait face à une « inflation persistante ». En comparaison, l’Argentine apparaît comme un modèle de redressement économique pour les pays émergents.
Pour cette année, l’Argentine devrait connaître un fort rebond, avec une croissance estimée à 5 % par le FMI et 3,6 % selon l’enquête de la Banque Centrale auprès des opérateurs de marché.
L’Argentine prête à quitter le Mercosur pour conquérir le marché nord-américain ?
Le président argentin, Javier Milei, a déclaré mercredi 22 janvier 2025 qu’il serait prêt à envisager le retrait de l’Argentine du Mercosur, l’alliance commerciale regroupant plusieurs pays d’Amérique du Sud, si cela devenait nécessaire pour signer un accord de libre-échange avec les États-Unis. Lors d’un événement organisé par Bloomberg en marge du Forum économique mondial à Davos, en Suisse, il a répondu à une question directe sur la possibilité de quitter le Mercosur pour conclure un tel accord : « Si c’était une condition extrême, oui ».
Cette déclaration intervient alors que le dirigeant ultralibéral a récemment annoncé son intention de promouvoir un traité de libre-échange avec les États-Unis en 2025, une ambition renforcée par ses relations étroites avec le président américain Donald Trump. Milei a souligné que son gouvernement travaillait intensément sur ce projet : « Nous travaillons très dur dans cette direction », a-t-il affirmé.
Milei veut se rapprocher de l’administration de Donald Trump aux Etats-Unis
Toutefois, il n’a pas précisé si les négociations avec les États-Unis seraient menées de manière bilatérale ou avec l’ensemble des membres du Mercosur. Rappelons que l’organisation, créée en 1991 et regroupant le Brésil, l’Argentine, l’Uruguay, le Paraguay et la Bolivie, interdit en principe toute négociation commerciale individuelle sans l’accord de ses membres.
Javier Milei a néanmoins ajouté : « Il existe des mécanismes pour avancer dans ce sens au sein du Mercosur. Nous pensons qu’il est possible de progresser sans renoncer à notre participation à cette alliance ».
Le Mercosur est par ailleurs confronté à d’autres enjeux, notamment l’accord commercial en cours de négociation avec l’Union européenne.
En effet, bien que les discussions aient été finalisées en décembre, l’accord reste suspendu à une ratification, certains pays européens, comme la France, exprimant leur mécontentement et tentant de bloquer sa validation.
Milei, de son côté, semble davantage concentré sur le renforcement des liens commerciaux de l’Argentine avec des partenaires stratégiques comme les États-Unis, quitte à bouleverser l’équilibre actuel au sein du Mercosur.
Une économie argentine en renaissance avec la présidence Milei
L ‘Argentine sous Javier Milei semble avoir amorcé un redressement économique impressionnant, marqué par une maîtrise de l’inflation, une confiance retrouvée des marchés et un dialogue fructueux avec le FMI.
Cependant, ces avancées devront être consolidées par des politiques économiques et sociales équilibrées pour garantir une prospérité durable. En effet, le niveau de vie des Argentins demeure préoccupant sous les coupes drastiques du gouvernement.
L’économie argentine, longtemps marquée par des cycles de crises, nourrit l’espoir d’écrire un nouveau chapitre de son histoire, l’avenir dira si le pays sud-américain est sur la bonne voie….