Argentine : Les pluies récentes sauvent le secteur agricole et particulièrement le soja

Les pluies enregistrées dans les principales zones agricoles d’Argentine la semaine dernière sont parvenues à recharger en humidité les sols asséchés par une longue sécheresse causée par le phénomène climatique « La Niña », selon des informations émises par le Ministère de l’Agriculture. Ces pluies salvatrices ont permis à l’Argentine, l’un des principaux producteurs céréaliers de récupérer de plusieurs semaines de sécheresse, tout particulièrement en ce qui concerne les cultures de soja 2010/2011.

Cependant, ces précipitations sont arrivées trop tard pour le maïs qui a connu sa période de pollinisation avec très peu d’eau et des températures élevées, ce qui a affecté son rendement. Depuis la seconde moitié du mois de janvier, les pluies récurrentes ont soulagé l’impact du phénomène « La Niña » sur les cultures du pays  » les précipitations survenues ces derniers jours dans la région de Pergamino (au nord de Buenos Aires), ont eu un impact positif sur la culture du soja, surtout sur les cultures qui sont déjà à un stade avancé et qui ont déjà des grains » a déclaré le gouvernement. La province de Buenos Aires est la principale productrice de l’oléagineuse du pays.

« Dans le cadre de la production de Tandil (dans le sud Buenos Aires), la culture du soja, qui en est au premier stade de germination, se trouve dans un bon état et son développement végétatif est encourageant (…) Nous avons constaté une franche récupération des zones agricoles avec les dernières pluies ».

« Dans la province de Córdoba, la seconde région productrice de soja, les cultures ont bien réagi grâce aux précipitations récentes, même si dans le sud la production pourrait s’avérer plus faible que prévue », a déclaré le Ministère. Jusqu’à jeudi, date à laquelle le dernier rapport hebdomadaire sur l’état des cultures a été actualisé, les producteurs ont semé 98 % des 18,7 millions d’hectares consacrés à la culture du soja 2010/2011, sans changements par rapport à la semaine dernière et avec 2 % de retard par rapport au cycle antérieur.

La Bourse aux Céréales de Buenos Aires a estimé la récolte de soja argentin 2010/2011 à 47 millions de tonnes, une production inférieure à celle préalablement envisagée, environ 55 millions de tonnes. La semaine dernière, le Département d’Agriculture des Etats-Unis (USDA) a revu à la baisse sa production pour l’oléagineuse 2010/2011, un rendement estimé à 49,5 millions. En ce qui concerne la production du maïs 2010/2011, le Ministère de l’Agriculture a confirmé que les précipitations étaient arrivées trop tard pour cette céréale, qui a vécu sa période de pollinisation au moment où la sécheresse était la plus importante et les températures les plus chaudes. Dans le district de Bragado (au centre-nord de Buenos Aires), « on pronostique une chute de la production entre 50 et 60 % par rapport auxestimations prévues, ces pertes sont irréversibles » selon le rapport. La USDA a également revu ses estimations pour la production de maïs argentin à la baisse, on attend un rendement d’environ 22 millions de tonnes.

Les producteurs avancent également dans la récolte des tournesols 2010/2011, ces derniers ont récolté 18 % des 1,63 millions d’hectares consacrés à cette culture. La Bourse aux Céréales de Buenos Aires prévoit une production de tournesols d’environ 2,8 millions de tonnes.

Les prix du maïs, mais principalement du blé et du soja ont baissé mardi à Chicago en réaction aux dernières nouvelles plutôt rassurantes sur l’offre, en Amérique du Sud, en Chine et aux Etats-Unis. « Les craintes ont diminué » a déclaré Bill Nelson, de Doane Advisory Services, qui a souligné que le prix du soja « a été revu à la baisse ».

« La récolte de soja au Brésil a commencé et tout semble indiquer que la récolte sera plus abondante que prévu ». La sécheresse qui a touché une grande partie de l’Amérique du Sud depuis le début de l’été faisait craindre une récolte médiocre, une nouvelle difficulté pour les marchés agricoles après la sécheresse en Russie de l’année passée et les inondations en Australie. En ce qui concerne le blé, Pékin s’est voulu rassurant quant à la sécheresse qui a affecté une grande partie du nord de la Chine, grenier céréalier du pays. Les autorités ont souligné qu’elles disposaient de réserves abondantes et suffisantes pour compenser toute la production perdue.

A Buenos Aires, le Service Météorologique National ou el Servicio de Meteorología Nacional (SMN) avait tiré la sonnette d’alarme lorsque la vague de chaleur avait atteint à son paroxysme avec une sensation thermique ressentie de 41ºC, selon Télam, l’agence d’information officielle du gouvernement fédéral.

Le secteur agraire du pays s’est d’ailleurs mis en grève en guise de protestation contre l’intervention du gouvernement sur le marché du blé. La mesure officielle du gouvernement a consisté en une cessation de commercialisation des grains, céréales et oléagineuses pendant sept jours, du 16 au 23 janvier. Depuis 2006, le gouvernement national limite et bloque par moments l’exportation de blé afin d’approvisionner le marché interne et de contrôler le prix des produits dérivés à partir de cette matière première.

Le plus gros de la récolte de maïs devrait avoir lieu dans les semaines à venir, mais La Bourse aux Céréales de Buenos Aires a déclaré que dans les zones où la récolte a déjà commencé, les rendements sont inférieurs à la normale en raison de l’épisode sécheresse qu’a connu le pays. La production devrait tourner autour de 20 millions de tonnes, des chiffres qui sont plus bas que ceux préalablement estimés (environ 26 millions).

« Celui qui a perdu la moitié de sa récolte de maïs doit aussi se réjouir de perdre 10 % du prix auquel il pouvait espérer vendre son maïs » a affirmé avec sarcasme l’analyste Fernando Botta. L’avantage, c’est que le maïs, à la différence du blé, bénéficie de » prix élevés à l’international et d’une forte demande » avant d’ajouter  » le maïs bénéficie de différentes alternatives, il peut être vendu à la filière avicole, aux éleveurs de porcs ou à des feed-lots, pour le moulage ». Cependant, selon l’analyste, il est indispensable que le Gouvernement accorde davantage de bons de sorties pour l’exportation.

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