Argentine : Une tempête d’une violence rare fait 17 morts à Buenos Aires et ses environs

Hier, lundi 9 avril, des milliers de personnes (environ 30 000) restaient privées d’électricité dans la périphérie de Buenos Aires après qu’un fort épisode venteux accompagné de grêle et d’une importante activité électrique ait touché cette région d’Argentine dans la nuit de mercredi (4 avril).

Une tempête orageuse, aussi inattendue que dévastatrice, qui a coûté la vie à 17 personnes et causé de nombreux dégâts matériels dans les environs de la capitale. De nombreuses chutes d’arbres ont endommagé le réseau électrique de Buenos Aires et de sa périphérie, dans la seule localité de Ituzaingó, à l’ouest de la capitale, l’on a dénombré pas moins de « 4000 poteaux électriques qui ont été frappés par des chutes d’arbre et de branches endommageant les câbles ».

Les dommages causés par la tempête sur le réseau électrique ont été nombreux, plusieurs jours devront être encore nécessaires pour le rétablissement de l’électricité dans l’ensemble de la zone frappée par des vents atteignant jusqu’à 150 km/h en rafale. L’ingénieur agronome Eduardo Sierra, spécialiste en agro-climatologie a déclaré sur la radio Del Plata, que le phénomène « ne pouvait pas être considéré comme une tornade à proprement dit, mais bel et bien comme une tempête avec des fortes rafales qui a fini par devenir un désastre naturel. Ce sont 44 mm d’eau par heure qui sont tombés, c’est énorme, mais il ne s’agit pas d’un record ». Les vents ont fait tomber deux des quatre mats d’éclairage du stade de football de Nueva Chicago, et ont également causé des dégâts importants dans les centres sportifs de San Lorenzo et Huracán. De nombreuses toitures d’habitation ont été détruites partiellement ou encore arrachées tandis que des certaines fenêtres de hauts buildings ont volé en éclats faisant des centaines de sinistrés.

Diego Santilli, ministre de l’Environnement et de l’Espace public à Buenos Aires, a précisé qu’environ 400 arbres et arbustes avaient été arrachés à Buenos Aires, tombant sur des véhicules en stationnement et bloquant plusieurs axes routiers et de fait la circulation.

Le ministre de la Planification fédérale, Julio de Vido, a déclaré hier lors d’une conférence de presse que la tempête avait privé d’électricité 600 000 usagers sachant que 30 % du réseau électrique a été endommagé par les conséquences directes de la tempête. Les plaintes des habitants privés d’eau et de courant se sont multipliées ces derniers jours, certains n’hésitant pas à couper les routes et à brûler des pneus en signe de protestation. La population de l’ouest et du sud de la capitale a été la plus touchée, à savoir les habitants de Quilmes, Florencio Varela, Berazategui, Ezeiza, Ituzaingó, Merlo, Morón, Moreno et La Matanza.

De Vido, qui était accompagné de la ministre du Développement social, Alicia Kirchner, et du secrétaire à la sécurité, Sergio Berni, a déclaré qu’il s’agissait à son sens « d’une véritable tornade ». Berni a précisé que depuis 100 ans « aucun registre météorologique n’avait consigné un phénomène tempétueux aussi violent ».

La soeur de l’ancien chef de l’État aujourd’hui décédé, Néstor Kirchner, a affirmé « qu’elle n’avait jamais assisté à un tel désastre bien que venant de Patagonie ». Elle a précisé que les intempéries avaient endommagé au moins 30 000 foyers précisant que 32 000 familles avaient reçu une aide d’urgence.

Selon le scientifique (diplômé en sciences de l’atmosphère de l’Université de Buenos Aires), Luciano Vidal, l’appellation technique de ce phénomène météorologique est « Bow Echo » ou encore « Grain en arc ». Un grain en arc est un type de ligne orageuse, ou ligne de grain, ayant la forme caractéristique d’un arc de cercle tel qu’il peut être enregistré par un radar météorologique. Les dommages causés par les lignes de grain et les grains en arc sont aussi importants que ceux générés par les tornades aux États-Unis et plus fréquents. Alors qu’une tornade est un événement de très petites étendues, les grains en arc peuvent couvrir de très grandes distances, causer des vents de 160 km/h ou plus et donc donner une surface de dégâts très vaste.

L’expert a toutefois souligné que ce type de manifestation était courant dans d’autres régions du pays, mais rare dans les alentours de Buenos Aires.

« Je n’ai pas le souvenir d’une telle tempête dans la région métropolitaine. Cela pourrait se reproduire, mais ce n’est pas commun. Il s’agissait d’une situation exceptionnelle, à l’instar des chutes de neige de l’année 2007 », a déclaré Vidal. Il a ajouté que le changement climatique était à l’origine de phénomènes tempétueux de plus en plus forts.

Les cours au sein de plusieurs écoles avaient été annulés hier tandis que certains quartiers étaient toujours privés d’eau potable et d’électricité.

(Aline Timbert)

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