Lundi 3 juin 2013, la République d’Équateur a annoncé qu’elle renforçait ses liens économiques avec le Venezuela dans le but d’aider le pays gouverné par le président fraîchement élu, Nicolas Maduro, à augmenter ses réserves alimentaires alors que la population vénézuélienne est confrontée depuis plusieurs semaines à de sérieux problèmes d’approvisionnement. À titre d’exemple, la pénurie en papier toilette du mois de mai a fait le tour du monde avant que le vin de messe ne vienne finalement aussi à manquer !
(17/05/2013)
Les ministres des Affaires étrangères de l’Équateur et du Venezuela, Ricardo Patiño et Elías Jaua ont souscrit un ensemble d’accords lors d’une réunion qui s’est tenue à Caracas.
« Nous sommes présents pour vous accompagner dans un moment important où l’économie vénézuélienne a besoin d’être approvisionnée, de plus nous travaillons ensemble pour renforcer les capacités productives du Venezuela et de l’Équateur », a indiqué le ministre Ricardo Patiño. Ce dernier a rappelé lors de cette rencontre que l’Équateur avait lui aussi reçu « un soutien important » du Venezuela lorsque le pays a été confronté à des difficultés faisant référence entre autres à l’appui du secteur pétrolier. « Nous allons renforcer notre relation économico- productive désormais, mais aussi reconnaître et reconnaître encore une fois un peu plus fort la légitimité, la légalité d’un gouvernement qui a gagné sa place par la volonté du peuple vénézuélien ». Le ministre équatorien a ainsi réaffirmé son soutien au président Nicolas Maduro élu de justesse le 14 avril dernier suite à l’organisation d’élections anticipées rendues nécessaires par le décès prématuré du président Hugo Chavez, une victoire du bras droit du leader socialiste largement contestée par l’opposition. Le ministre des Affaires étrangères a tenu à souligner que le gouvernement équatorien n’avancera pas « à pas feutrés », mais a précisé qu’il reconnaissait la validité d’un processus politique et qu’il continuerait à ce titre de soutenir le Venezuela.
« Nous travaillons ensemble pour renforcer les capacités productives du Venezuela et de l’Équateur » : Ricardo Patiño
Ricardo Patiño a tenu à souligner l’importance et l’avancée significative des relations bilatérales tout en insistant sur la nécessité de continuer à travailler sur le développement productif. De son côté, Elías Jaua a tenu à affirmer qu’il prenait acte du soutien inconditionnel de l’Équateur et de son président Rafael Correa et a remercié le peuple équatorien pour sa volonté d’aider la population vénézuélienne à poursuivre son développement productif. Dans le cadre de cette réunion, Elías Jaua s’est entretenu avec son homologue équatorien sur l’importance « d’un agenda politique où a été abordé la participation des deux pays à l’union des nations sud-américaines, partant du principe que l’Amérique du Sud et une zone de paix et de développement entre les peuples ». Ils ont également abordé les aspects fondamentaux concernant leur participation à l’Organisation des états américains à l’occasion de l’assemblée générale du bloc qui vient d’avoir lieu au Guatemala, mais aussi du sommet de l’Alianza Bolivariana para los Pueblos de Nuestra América qui se tiendra le 12 juillet à Guayaquil en Équateur.
Dans le domaine commercial, le Venezuela a signé pour l’importation de 12 700 véhicules, mais aussi de denrées alimentaires en provenance d’Équateur. Par ailleurs l’envoi d’une délégation d’exportateurs vénézuéliens en Équateur a été convenu « pour que Quito puisse avoir connaissance de l’offre exportatrice du pays », a déclaré le ministre du Commerce, Alejandro Fleming.
Le ministre des affaires étrangères équatorien a rappelé « le besoin de soutien mutuel lié à l’approvisionnement de nos deux pays », des échanges qui s’inscrivent dans le cadre de l’intégration latino-américaine. En plus de manifester son intérêt pour augmenter la connectivité avec le Venezuela en matière touristique et commerciale, le ministre équatorien a rappelé la disposition de l’Équateur a venir en aide aux peuples et aux gouvernements vénézuéliens dans cette période de pénurie.
Le manque de certains produits est un problème chronique au Vénézuélien, l’économie est essentiellement basée sur les importations et les capacités productives sont limitées. L’économie est totalement enclavée dans la production pétrolière. Ces 14 dernières années, les politiques révolutionnaires hostiles au secteur privé ont fait de la nation sud-américaine un pays chaque jour un peu plus dépendant de sa rente pétrolière, des bénéfices utilisés pour importer une grande quantité de denrées qui préalablement étaient produites en interne.
Ecuador y Venezuela firman acuerdos de… par teleSUR_tv
Le Venezuela instaure le rationnement pour éviter les problèmes d’approvisionnement
Le gouvernement vénézuélien a par ailleurs déclaré qu’il allait mettre en place un système électronique de rationnement qui déterminera la quantité de produits au prix régulé (poulet, papier hygiénique, lait…) que les habitants peuvent acheter chaque jour ou semaine (à préciser). Grâce à ce livret, il sera impossible d’acheter en différents lieux un même produit au cours d’une même journée ou semaine. Le gouvernement via un système d’interconnexion entre les différents lieux d’approvisionnement pourra contrôler la commercialisation des produits et aliments. La quantité et la fréquence seront déterminées par personne selon les niveaux d’approvisionnement du moment. Jusqu’à présent les commerçants inscrivaient sur de simples écriteaux le nombre de paquets pouvant être distribué par personne, mais cette fois le rationnement doit être institutionnalisé de façon organisée, ce qui témoigne d’une certaine impuissance de la part de l’État de répondre à l’économie de marché.
Ces produits ont un prix contrôlé par le gouvernement et sont parfois quatre fois moins chers que dans d’autres pays, ce qui, selon les autorités, encouragerait la contrebande, c’est le cas de l’essence, qui est subventionnée au Venezuela.
« Nous ne pratiquons pas le rationnement, nous évitons que des produits partent en Colombie. Vous n’êtes pas à Cuba, nous sommes à Maracaibo. Tout ce que nous devons consommer à Zulia arrive à bon port, mais nous devons faire face à l’irrégularité de la contrebande », a déclaré le gouverneur, Francisco Arias Cárdenas pour défendre ce projet qui ne passe pas inaperçu au niveau national et international.
« La raison de la rareté (Zulia) est le même que dans le reste du pays », a déclaré quant à lui le professeur d’économie de l’Université Catholique Andrés Bello, Ronald Balza, soulignant que le rationnement se justifie par la rareté de certains produits et non pas pour une affaire de contrebande.
Le maire de Maracaibo, Eveling Rosales, du parti de l’opposition Mesa de Unidad Democrático, a rejeté en bloc l’imposition de ce contrôle et dénonce un problème de faible production liée à une profonde crise qui frappe le pays qui atteint une inflation de 12,4 % pour les quatre premiers mois de l’année 2013 ( chiffres de la Banque Centrale vénézuélienne ou BCV).
Un projet pilote de contrôle des achats relatifs à certaines denrées devrait voir le jour dès le 10 juin dans 65 supermarchés dans les municipalités de Maracaibo et San Francisco, en Zulia, comme l’a précisé le secrétaire général du gouvernement Blagdimir Labrado.
Si le dispositif s’avère concluant, il sera étendu à l’ensemble du territoire. Les aliments rationnés seront entre autres le lait, le riz, huile, la farine, le sucre, le papier toilette, le dentifrice, le savon, en fait des produits alimentaires ou d’hygiène basiques qui font souvent défaut au Vénézuéla et pas seulement à la frontière colombienne…
(02/05/2013)
Aline Timbert