Le Chemin de l’Inca trouve la voie de la renommée universelle avec l’UNESCO

Le parcours a été long, mais la fierté n’en est que plus grande, six pays d’Amérique du Sud ont uni leurs forces pour que le célèbre Chemin de l’Inca soit inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Pour rappel, en juillet 2009, plus de 60 représentants d’Argentine, de Bolivie, du Chili, de Colombie, d’Équateur, du Pérou et de l’UNESCO s’étaient réunis à Lima, capitale du Pérou, pour promouvoir au moyen d’une candidature unique l’inscription du Chemin de l’Inca comme patrimoine de l’humanité.

Aujourd’hui tous ces efforts ont été récompensés, c’est à la fin juin que la bonne nouvelle a été annoncée, le Comité de l’UNESCO, réuni lors de la 38e session à Doha (la capitale du Qatar), a confirmé l’inscription du Chapaq Ñan (ou Chemin Principal Andin) sur la liste exhaustive tant convoitée, il constituait l’axe principal du projet politique et économique du puissant Empire inca s’étendant le long de la cordillère des Andes.

continent04072014Le Qhapaq Ñan, voie mythique traversant l’intégralité des Andes majestueuses au cœur de l’ancienne civilisation précolombienne retrouve plus que jamais ses lettres de noblesse. Le Qhapac Ñan, flirtant avec des hauteurs de 3 000 à 5 000 mètres d’altitude, a atteint son apogée sous l’Empire inca, au XVe siècle. Instrument de domination et de puissance de l’Inca, le Qhapac Ñan était le principal vecteur d’échange et de circulation au coeur des Andes. Il alimentait l’Empire jusque dans ses confins. Militaires, marchands et artisans le sillonnaient en tout sens.

Cette inscription, au-delà de mettre en avant une route emblématique témoignant des ambitions audacieuses de toute une civilisation disparue, récompense pour la première fois les efforts menés conjointement par six pays sud-américains qui, depuis plus de 10 ans, collaborent sur un procédé original et innovant de coopération régionale en proposant une candidature commune qui a été finalement validée.

L’inscription, à l’unanimité du Chemin de l’Inca, qui est parsemé de 310 sites archéologiques, constitue à ce jour la nomination la plus grande de l’histoire du patrimoine mondial. La coordinatrice de ce projet, Nuria Sanz, a déclaré à la presse que cette approbation unanime de tout le Comité a été rendue après « une bonne discussion tout à fait nécessaire au sein de l’UNESCO ».

continent04072014-3jpgUne décision qui a ravi les autorités des six pays concernés, car au-delà de la reconnaissance d’un patrimoine culturel d’exception, ces dernières vont pouvoir se mobiliser pour préserver un vestige fortement mis à mal au fil des siècles.

« Le Qhapaq Ñan constitue le lien des communautés avec leur histoire, avec leurs ancêtres, avec leurs territoires ; en plus d’être des éléments renforçateurs de l’identité culturelle », a affirmé la ministre de la culture argentine,Teresa Parodi . Elle a ajouté « il ne s’agit pas seulement d’une revalorisation et du renforcement de l’identité et de la diversité culturelle, mais aussi de la possibilité de générer des initiatives de développement local qui contribueront à la conservation de l’environnement et à l’amélioration des communautés de Jujuy, Salta, Tucumán, Catamarca, La Rioja, San Juan et Mendoza ».

De son côté, après l’annonce officielle de l’UNESCO, la ministre péruvienne rattachée la culture, Diana Álvarez a salué « la reconnaissance de la grandeur du chemin de l’Inca qui pour les Péruviens signifie la reconnaissance du monde envers la culture inca qui a construit une infrastructure unissant les kilomètres de chemins pour organiser tout le monde andin ».

Au-delà des politiques, cette nouvelle de l’inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO réconforte les archéologues, car cette distinction devrait permettre d’obtenir des financements de la part d’organismes internationaux afin de mettre en oeuvre des actions de conservation et de restauration des sentiers et sanctuaires concernés, et les besoins sont énormes.

Le Chemin principal, dont on estime la longueur à 6 000 km environ, mettait en liaison un réseau de chemins et d’infrastructures construits durant plus de 2000 ans par les peuples andins qui ont précédé les Incas. Cet ensemble de voies, totalisant plus de 23 000 km de longueur, reliait les différents centres productifs, administratifs et cérémoniels.
Des voies de communication qui reliaient la côte à la sierra, mais aussi à la selva permettant de relier les quatre « suyos » aux points cardinaux de l’empire dont la capitale était la ville de Cusco, qui en langue indigène quechua signifie « nombril, centre » du monde.

continent04072014-2Le tronçon le plus célèbre attire chaque année des millions de touristes du monde entier, il relie la ville de Cusco à la citadelle accrochée dans les nuages, le Machu Picchu, dont la fonction exacte reste encore à ce jour un mystère. Il s’agit de 43 km d’un sentier pavé dont les escaliers sont millénaires, le chemin conduit à la porte du soleil où les visiteurs peuvent contempler l’une des plus belles vues depuis le célèbre sanctuaire révélé au monde par l’archéologue américain Hiram Bingham.

L’inscription par l’UNESCO « met en avant la route, lui procure une visibilité qui permettra de développer des projets », a affirmé Lourdes Mukled, présidente de la chambre des opérateurs touristiques à La Paz, en Bolivie.

Le Qhapaq Ñan, constitue le réseau de communication le plus ancien d’Amérique, il s’étend sur tout le Tahuantinsuyo tout au long de la cordillère des Andes, depuis l’ouest de l’Argentine jusqu’au sud de l’actuelle Colombie. Le réseau des chemins incas reliait les centres de pouvoir avec les « yungas « , les déserts et les forêts dans les endroits les plus reculés de l’Empire.

D’après les archéologues péruviens, certains tronçons du réseau routier remontent à plus de 2000 ans et ont été construits par d’anciennes cultures pré-incas. Jusqu’à la conquête espagnole, le chemin de l’Inca a constitué l’artère principale de l’empire, permettant l’échange de marchandises et de missives au sein d’un environnement vertical extrêmement difficile d’accès. Le réseau de chemins, d’escaliers et de tunnels était ponctué de « tambos » c’est-à-dire de refuges (point relais), qui offraient un repos tous les 20 à 30 km aux usagers (essentiellement les messagers de l’empire appelés « chasquis ») qui empruntaient cette voie.

continent04072014-4De nos jours, les paysages culturels du Qhapac Nan constituent un ensemble exceptionnel, au sein duquel les communautés vivant dans ces régions continuent d’être porteuses d’un message universel : la capacité humaine de transformer un habitat dans l’une des zones les plus rudes du continent américain.

Une forme de génie technique, une audace humaine ou encore le défi d’une ancienne civilisation, pourrait-on dire, une prouesse andine enfin saluée par l’UNESCO.

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