L’ADN du célèbre enfant inca retrouvé momifié dans les Andes a parlé 30 ans après sa découverte

perou17112015

Avant l’arrivée des conquistadors espagnols et l’instauration du système colonial en Amérique du Sud, le puissant Empire inca s’était développé sur une longue frange s’étendant depuis l’actuelle Colombie, au nord, jusqu’à l’actuelle Argentine, au sud. Cette civilisation précolombienne, on le sait, pratiquait des sacrifices humains d’ordre rituel, certains d’entre eux étaient connus sous le nom de « capococha », l’une des victimes âgées de seulement 7 ans ayant vécu il y a plus de 500 ans, a été retrouvée en 1985 dans la montagne Aconcagua (en Argentine), l’un des sommets les plus élevés au monde.

Ce sont 5 alpinistes argentins qui avaient découvert les restes momifiés et gelés de l’enfant paré de plumes, une dépouille enterrée dans ces lieux sacrés (Apu) avec six statues d’hommes et de lama sculptées dans de l’or et des coquilles de mollusques. 30 ans après cette extraordinaire découverte anthropologique, les scientifiques ont séquencé des fragments d’ADN de l’enfant sacrifié inca et l’ont utilisé pour obtenir des informations sur le développement et l’extension de l’Empire Inca. Leurs résultats ont été publiés jeudi dans la revue Scientific Reports.

Au début, les randonneurs de haute montage à l’origine de cette mise au jour avaient pensé qu’il s’agissait d’une touffe d’herbe, quelque chose de peu probable à 5 100 mètres d’altitude. C’est après s’être approchés de près qu’il ont découvert la momie d’ un petit enfant figé dans la position du fœtus. Des études ultérieures ont confirmé qu’il était d’origine Inca, et qu’il avait vécu en même temps que l’arrivée de Christophe Colomb en Amérique, qu’il était âgé d’environ 7 ans quand il a été tué lors d’un acte rituel. Jusqu’à présent, il n’y avait pas beaucoup plus de détails.

Grâce à l’analyse d’un petit échantillon de poumon de l’enfant, les chercheurs ont pu reconstituer l’ensemble de son génome mitochondrial, il s’agit de l’ADN retrouvé dans les mitochondries, les sources d’énergie contenues dans les cellules. Contrairement à l’ADN nucléaire, qui provient de deux parents, l’ADN mitochondrial ne contient que 37 gènes transmis de façon quasi exclusive par la mère à enfant.

Les auteurs de l’étude ont affirmé qu’il s’agit d’une grande première pour les scientifiques qui ont décodé l’ensemble de l’ADN mitochondrial d’une momie indigène.

Ces résultats placent l’enfant au sein d’une population génétique ou haplogroupe, connu sous le nom C1b, il est typique aux Amérindiens, selon les spécialistes en génétique. Des recherches antérieures ont démontré que les premiers individus à avoir peuplé les Amériques ont apporté cette signature génétique à travers le détroit de Béring (la masse de terre qui reliait autrefois la Sibérie et l’Alaska).

Toutefois, le génome mitochondrial du petit garçon comprend 10 mutations différentes qui n’ont pas été vues auparavant lors d’un séquençage ancien ou encore moderne de l’ADN. Les chercheurs appellent cette branche de l’haplotype « C1bi » (le « i » signifiant Inca).

En utilisant une autre base de données de plus de 150 000 haplotypes (des variations de l’ADN qui ont tendance à être héritées conjointement), les scientifiques ont constaté que la momie pourrait avoir des affinités avec des individus C1bi vivant actuellement au Pérou et en Bolivie, le berceau de la civilisation inca.

Les chercheurs ont utilisé cette information pour émettre des hypothèses sur la vie et l’époque de l’enfant Inca. Il y a des chances que ses ancêtres se soient retrouvés en Amérique du Sud pendant une longue période, et aient atteint la périphérie de la cordillère des Andes il y a 14 000 ans. « La lignée de cet enfant provient de l’Amérique du Nord, il a évolué et a disparu, ce qui n’a rien d’étonnant, car la plupart des incas sont morts après le contact avec les Européens, touchés par des maladies telles que la rougeole, la grippe, la variole ou la diphtérie », a déclaré le chercheur espagnol Salas.

Si l’on étudiait l’ADN mitochondrial de nombreuses personnes vivant de nos jours, il se peut que l’on puisse retrouver « des parents » de l’enfant, pensent le scientifique, et même sans cela, une étude de grande ampleur pourrait fournir des indices importants sur « les changements dans le patrimoine génétique de l’Amérique du Sud à partir de la période de la civilisation Inca ».

« Il serait intéressant de procéder à une analyse de l’ensemble du génome de la momie, ce qui pourrait révéler des informations sur de nombreuses questions liées à des maladies ou des caractéristiques physiques de l’enfant Inca », a déclaré Antonio Salas. L’enfant Inca, connu en Argentine comme « la momie de l’Aconcagua » aurait été sacrifié pour sa beauté et sa pureté lors du rite du Capacocha, une cérémonie Inca dont le but était de faire des offrandes au dieu Soleil (Inti) au moment de la récolte ou encore à l’Inca en cas de maladie.

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