Les représentants indigènes réunis à Paris pour défendre la Terre Mère dans le cadre de la COP21

continent10122015

C’est à Paris, au théâtre Mogador, dans le cadre de la COP21, que la représentante de l’Institution éducative agro-pécuaire Inda de Aponte (en Colombie) a eu les mots suivants durant la cérémonie de remise de prix des Equator Prize 2015 organisée lundi 7 décembre 2015: « Nous sommes les gardiens de la Terre. C’est pourquoi on nous persécute, et on nous opprime », a affirmé Encarnación Janamejoy.

Cet événement organisé par la UNDP (Programme des Nations Unies pour le Développement) permet de récompenser 21 initiatives locales parmi 19 pays différents visant à défendre des projets de développement durable pour la nature et les Hommes à travers le monde.
Les participants indigènes à cette cérémonie encadrée par l’acteur américain Alec Baldwin ont prononcé avec conviction et émotion des discours sur le rôle fondamental des populations natives pour la protection de l’environnement et de la biodiversité. Alec Baldwin est reconnu depuis plusieurs années pour militer en faveur des droits des communautés autochtones, de la conservation des forêts, de la faune, des ressources naturelles et les droits fonciers.

« C’est une reconnaissance pour rendre visible la lutte des peuples indigènes envers la Mère Terre. Il faut libérer l’Amazonie et les zones de nature sauvage d’un usage illicite et du trafic de drogue », a déclaré Sinc Hernando Chindoy (honoré à Mogador), leader de la Réserve indigène Aponte de la communauté Inga de la municipalité de Tablón de Gómez.

En pleine zone de conflit, en Colombie, la communauté d’environ 3600 personnes, se bat pour récupérer la souveraineté sur ses terres ancestrales, les natifs revendiquent leurs droits sur près de 22 000 hectares conformément aux principes de base de la convention n° 169 de l’OIT.
Grâce à un accord entre les autorités colombiennes, un programme a été défini pour débarrasser ce territoire des plantations illégales de drogue, il s’agit également de venir à bout du mouvement guérilléro et du trafic de drogue qui gangrènent des terres protégées et met à mal des précieux écosystèmes.
Chindoy a ajouté « Il y a aussi un problème aujourd’hui avec les activités minières illégales, car ces terrains sont les plus sollicités pour cette activité », sur les 17 000 hectares qui ont échappé à l’occupation de la guérilla, considérées comme une zone sacrée, la communauté indigène s’organise autour de grandes thématiques comme l’éducation, la santé et le développement durable.

« Nous voulons rendre visible notre savoir ancestral sur les questions de gestion et de conservation des forêts, pour que nos connaissances soient incorporées dans les stratégies globales pour atténuer le changement climatique, a déclaré Jaime Carisepa, représentant du peuple Harákmbut, l’une des communautés autochtones de l’Amazonie péruvienne.

Bérénice Sanchez de la communauté Otomi du Mexique, a également affirmé que « le seul avenir de la forêt est de rester une forêt. Ainsi, nous pourrons continuer à respirer: la forêt qui nous donne de l’oxygène et nous donne l’eau. Et cette eau est non seulement vitale pour mon peuple, elle est vitale pour la ville de la municipalité où nous vivons ».

Le célèbre chef indigène de la communauté Kayapó, Raoni, a été primé pour le projet de l’Institut Raoni, en faveur de la protection de la forêt amazonienne du Brésil, il a fait sien le combat contre la déforestation et l’exploitation incontrôlée de la « selva ». Il a évoqué la grande menace que représentent les activités minières illégales, mais aussi les projets hydro-électriques.

La voix de Raoni se fait entendre depuis plusieurs années maintenant, près de 2,5 millions d’hectares ont pu être préservés à son initiative, il s’agit maintenant d’assurer la sécurité alimentaire de près de 3000 personnes.

Les populations indigènes sont incontestablement celles qui contribuent le moins aux effets du changement climatiques et leurs conséquences et pourtant elles sont les premières à être impactées, Janamejoy a affirmé « Une grande partie de la solution de la crise climatique qui se débat à la COP21 pourra se concrétiser grâce à une relation transparente avec les peuples indigènes. Nous demandons à ce que les concessions autorisées aux entreprises extractives soient réexaminées en urgence ».

Les natifs se présentent comme des acteurs majeurs dans la lutte contre le réchauffement climatique « Nous possédons des savoirs millénaires qui ont permis d’assurer la subsistance de générations. Notre terre est en train de pleurer et de saigner, protégeons là ! ».
Les représentants de ces communautés natives ont fait le déplacement pour recevoir des prix pour leurs engagements, mais aussi, et surtout pour mettre la pression aux pays engagés au sommet de la COP21 pour qu’un accord significatif soit pris.

« Leurs initiatives sont source d’inspiration, et il est important de leur donner une plus grande importance », a souligné la directrice du Global Environment Facility, Naoko Ishii.
Greenpeace a rappelé que derrière la réalité du combat mené par les activistes, deux individus engagés en faveur de l’écologie étaient tués chaque semaine « On ne peut pas violer leurs droits. Cela ne cessera pas jusqu’à ce qu’on les reconnaisse et respecte », a conclu le directeur exécutif de l’organisation Kumi Naidoo.

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