Greenpeace affirme que la déforestation en Argentine, au Brésil et au Paraguay intensifie les inondations

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Alors que le phénomène météorologique El Niño s’abat en Amérique du Sud engendrant de fortes précipitations et des inondations catastrophiques dans de nombreuses régions, Greenpeace tire la sonnette d’alarme en invoquant l’impact de la déforestation comme facteur aggravant.
Pour les experts en écologie, la perte de la couverture forestière au Brésil, en Argentine, et au Paraguay ne permet plus une bonne absorption de l’eau de façon naturelle, ces trois pays sud-américains sont classés selon l’organisation parmi les 10 pays les plus frappés par la déforestation au monde, ce qui expliquerait la recrudescence des inondations au-delà de phénomènes météorologiques exceptionnels.

Lors d’une interview accordée à ABC Color (quotidien paraguayen), Hernán Giardini, représentant de l’organisation Greenpeace en Argentine a affirmé : « L’Argentine, le Brésil et le Paraguay sont parmi les 10 pays où la déforestation est la plus importante dans le monde entier. La crue des fleuves frontaliers est à l’origine des pires inondations de ces derniers temps. Ce sont près de 170 000 personnes qui ont été évacuées dans les trois pays. L’eau ne s’écoule pas naturellement pour canaliser les fleuves et rivières ».

Une déforestation terrible qui s’est abattu sur le Paraguay, le Brésil et l’Argentine, la végétation luxuriante a laissé place à des surfaces agricoles totalement planes.
Le développement des activités agricoles comme la production intensive de soja et l’élevage transforment les forêts en champs qui laissent les sols à nu, des sols qui historiquement étaient pourvus d’une forte végétation. Il a ajouté lors de cet entretien « on a déboisé de manière légale et de manière illégale. Ce sont les gouvernements de ces trois pays qui ont encouragé le développement de l’agriculture et de l’élevage dans des zones historiquement boisées. Mais on a aussi donné un statut d’illégalité aux acteurs du milieu agricole et agropécuaires, ils sont coresponsables avec les gouvernements de déforester autant ». Selon des informations du Secrétariat de l’Environnement et du développement durable en Argentine, la province de Entre Ríos a perdu plus de 85 000 hectares de forêt entre 2007 et 2014 et sur cette même période les inondations sont allées crescendo.

L’organisation affirme qu’ il reste seulement 7 % de la Selva Paranaense et Misionera (forêt) traversée par les rivières Uruguay, Parana et Iguazu. « Au Paraguay et au Brésil, tout a été pratiquement détruit, la plus grande partie restante se trouve en Argentine ».

« Quand nous perdons des forêts, nous devenons plus vulnérables face aux pluies intenses et nous courrons des risques sérieux d’inondations », a affirmé Hernán Giardini. Cette année, les inondations ont contraint 20 000 Argentins à quitter leurs foyers, la crue des fleuves a causé la mort de deux personnes, un adolescent de 13 ans mort électrocuté et un petit enfant de quatre ans décédé par noyade.
« El Niño est un phénomène cyclique, qui fait partie de la nature, mais ses effets peuvent être aggravés par la déforestation », a également expliqué Benjamin Grassi, professeur de météorologie à l’Université nationale d’Asuncion. « La déforestation ôte sa protection au sol. Nous recevons des pluies torrentielles, et beaucoup d’eau tombe en peu de temps et affecte grandement un sol nu parce que l’eau s’écoule rapidement et abîme facilement les routes, et les champs », a ajouté le professeur Grassi.

Un rapport de la NASA révèle que le phénomène pourrait s’amplifier encore jusqu’au mois de mars, au point que ses conséquences pourraient se révéler plus violentes que celles enregistrées en 1997/98 : « C’est un Niño fort, similaire à celui de l’année 97, mais avec un facteur aggravant, le changement climatique accéléré. Et même si ces dernières semaines on a observé un affaiblissement, on attend un renforcement aux mois de février et mars. De façon inhabituelle, la rigueur va se maintenir jusqu’aux premiers mois de l’automne [pour rappel c’est actuellement l’été austral en Amérique du Sud], ce qui implique que les précipitations vont se poursuivre et il est possible que le volume de pluies augmente à Buenos Aires », a déclaré Ignacio López Amorín, météorologue du Service de Météorologie National (SMN).

Le problème c’est que le réchauffement de la couche supérieure de la zone tropicale du Pacifique induit dans l’atmosphère de grandes quantités de chaleur et d’humidité qui ont modifié les courants-jets circulant dans la haute troposphère, et qui déterminent le chemin des grands systèmes de basses pressions, explique la NASA.
Le processus de déséquilibre planétaire commence dans l’océan Pacifique. « L’océan, en augmentant sa température, réchauffe l’eau, ce qui entraîne une évaporation accrue distribuée dans certaines régions de la planète, ce qui provoque d’intenses précipitations qui conduisent à des inondations. Alors que dans d’autres régions, l’absence de précipitations est accentuée », a déclaré M. Amorim.
Ainsi, la sécheresse qui frappe la partie nord du Brésil a été aggravée par le phénomène El Niño, quelque 235 000 incendies de forêt ont été signalés durant 2015, 27,5 % de plus qu’en 2014, les scientifiques de l’Institut national de recherche spatiale (INPE), attribue ce bouleversement climatique à la sécheresse subite en Amazonie, alors que le sud du pays est frappé par les pluies.

Au Paraguay, les pluies ont engendré l’évacuation de près de plusieurs milliers de personnes tandis que les 3,5 millions habitants du Guatemala, Honduras, et Salvador endurent une terrible sécheresse.

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