Pérou : Une vague de froid décime des milliers d’alpagas dans le sud des Andes, les paysans s’inquiètent

perou18082016

En ce mois d’août (hiver austral dans l’Hémisphère Sud), les Andes péruviennes tremblent de froid, le président de la République Pedro Pablo Kuczynski, fraîchement élu à la tête du pays sud-américain, se trouvait il y a quelques jours à Arequipa à l’occasion du 476e anniversaire de la fondation de la ville. À cette occasion, le chef de l’État, accompagné de la gouverneure de la région, Yamila Osorio, et d’autorités locales, a remis 5000 couvertures aux habitants de la région frappés par de très fortes gelées.

Lors de cet acte, Pedro Pablo Kuczynski a affirmé « cela sera d’une grande utilité pour les familles qui souffrent du froid dans cette région du sud des Andes ». Le froid a également un fort impact sur les activités menées par les locaux en rapport avec l’agriculture et l’élevage, au mois de juillet des milliers d’alpagas n’ont pas résisté à des températures de -23°C.

Le gouvernement a déclaré l’état d’urgence dans les Andes du Sud pour répondre aux besoins de la population, un fonds de trois millions de dollars devrait être alloué pour répondre à la crise, 50 000 camélidés ont péri laissant des familles entières sans ressources. À ce jour, le Pérou est le premier producteur de laine d’alpaga dans le monde, une fibre naturelle très convoitée et prisée par les plus grands créateurs.
Isaac Caparo, un vétérinaire expert en camélidés, a souligné que l’élevage d’alpagas est un processus très lent. Ils vivent environ neuf ans, la période de gestation dure 11 mois et les femelles ont une seule progéniture. Une famille de paysans gère en moyenne 80 animaux dont elles prélèvent la laine une fois par an et récupèrent environ 2,5 kilos de fibres.

L’élevage des alpagas est ancestral, en particulier dans la province de Puno. Au Pérou, il y a 2,2 millions d’alpagas répartis dans 45 districts, principalement situés à 4000 mètres d’altitude.
Les prix élevés des produits finis en laine d’alpaga contrastent avec la modeste vie des campesinos des Andes qui gagnent en moyenne 1200 $ par année.
La laine d’alpaga est exportée vers la Chine, l’Italie, le Japon et le Royaume-Uni. Les producteurs locaux vendent le demi-kilo de laine à trois dollars, alors que sur le marché international elle coûte 300 dollars !
Les villages où les alpagas sont élevés sont les plus pauvres au Pérou. La plupart des 120 000 familles engagées dans cette activité occupent 210 000 kilomètres carrés, ils ont un revenu d’un peu plus de 100 $ par mois, moins de la moitié du salaire minimum au Pérou. En 2015, 171 000 camélidés avaient perdu la vie durant les deux premières semaines de juillet en raison du froid.

Ce froid a aussi un impact sur la santé des habitants en particulier sur les enfants qui sont environ 14 000 enfants à vivre dans les Andes, ils souffrent de maladies respiratoires et plusieurs sources ont affirmé qu’en mai, juin et juillet 59 enfants ont perdu la vie sous les effets du froid.
Depuis le début de la vague de froid (début de mai), il y a eu 105 décès d’enfants de moins de cinq ans à l’échelle nationale, Puno et Loreto sont les régions les plus touchées, mais aussi Ayacucho, Huancavelica, Arequipa et Cusco.

Le sort s’acharne puisqu’Arequipa a subi un séisme dimanche dernier (dans la nuit) un séisme de 5,3 sur l’échelle ouverte de Richter faisant au moins 9 morts et laissant des centaines de familles sans toit sur la tête, affrontant le froid et la faim. Les villageois d’Arequipa disent ne pas avoir reçu de nourriture, de médicaments ou suffisamment de tentes après le tremblement de terre.

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