Nicaragua : Daniel Ortega rempile pour un troisième mandat dans un climat électoral controversé

nicaragua07112016

Le président sortant du Nicaragua, Daniel Ortega, a remporté 71,3 % des voix lors des élections qui ont eu lieu dimanche 6 novembre 2016, selon un bulletin préliminaire publié par le Conseil électoral suprême. En cas de confirmation officielle des résultats, basé sur le comptage de 21,3 % des bureaux de vote, Daniel Ortega obtiendrait son troisième mandat consécutif, et devrait donc rester cinq ans de plus aux plus hautes fonctions de l’État.

Bien que le président de ce pays d’Amérique centrale ait participé avec cinq autres candidats aux élections générales au Nicaragua, son véritable concurrent était l’abstention (environ 35 % selon les dernières estimations) sans réelle opposition structurée.
Le parti sandiniste Frente Sandinista de liberación Nacional (FSLN) serait également largement représenté au parlement avec l’obtention de 70 députés sur 92.

L’opposition a mis en doute la légitimité de ces élections et a exhorté les Nicaraguayens à ne pas se déplacer dans les bureaux de vote. En 2010 sa légitimité a été remise en question alors qu’il a obtenu de la Cour suprême, dominée par les sandinistes, l’abrogation de l’article qui interdisait au chef de l’État le cumul des mandats. Ses détracteurs estiment que ce fut la première étape pour rester au pouvoir. Avec le principal bloc d’opposition et les observateurs internationaux (l’organisation des États Américains et l’Union Eurropéenne) absents lors de ce processus électoral, les voix s’élèvent pour dénoncer le régime d’Ortega qu’elles accusent de créer un parti unique et une nouvelle dynastie au Nicaragua, l’épouse du président, Rosario Murillo, étant la vice-présidente du pays.

Ortega est arrivé au pouvoir en 1979 après une guerre civile sanglante qui a marqué la chute de la dictature d’Anastasio Somoza. Il a d’abord mené le pays dans le cadre d’une Junte, puis il est revenu au pouvoir en 2007 et a été réélu en 2011. En 2007, avec une opposition divisée, Ortega a remporté l’élection avec 37,99 pour cent des votes, le second pourcentage le plus bas de sa carrière politique, dépassé seulement par le 37,83 pour cent qu’il avait obtenu en 1996 quand il a été vaincu par le candidat Arnoldo Alemán.
Ortega, cependant, fait face à une société nicaraguayenne fracturée dans un contexte international de plus en plus défavorable. Le Congrès américain a adopté une série de sanctions contre le Nicaragua, qui sont en attente d’être ratifiées par le Sénat. Les autorités américaines avaient demandé au gouvernement de Managua de mettre en place « des mesures efficaces pour organiser des élections libres, justes et transparentes », dans le cas contraire Washington a encouragé les institutions internationales à ne pas accorder de prêts au Nicaragua.

Daniel Zovatto, directeur pour l’Amérique latine et les Caraïbes de l’Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale (IDEA), au Nicaragua, comme dans d’autres pays d’Amérique latine, craint l’instauration d’une sorte d’autoritarisme grâce auquel les chefs d’État aspirent à contrôler tous les pouvoirs. « Ortega dirige un clientélisme populiste très efficace. En outre, il a progressivement pris le contrôle des pouvoirs, y compris le pouvoir judiciaire, les organes électoraux et l’Assemblée nationale », a déclaré Zovatto dans la presse.
Pour séduire les électeurs, le président lui-même présenté comme pragmatique et modéré, allié du secteur privé local et des entrepreneurs d’Amérique centrale, il est également appuyé par les secteurs traditionalistes comme une partie de l’Église catholique et évangélique.

« La domination et le contrôle du parti au pouvoir Frente Sandinista sur les structures électorales, l’absence de concurrence réelle des acteurs politiques dans la campagne, la pratique abusive dans l’utilisation des biens de l’État », sont des irrégularités enregistrées par certaines organisations de défense des droits civiques.
Au cours de la dernière décennie, le président a développé des programmes pour venir en aide aux plus démunis (sa base électorale) dans l’un des pays les plus pauvres d’Amérique latine, soutenu par le Venezuela, un soutien fortement diminué par la crise pétrolière.

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