Le chef du Secrétariat de l’Environnement et des Ressources naturelles (Semarnat), Rafael Pacchiano, a déclaré que l’agence qu’il dirige présentera des arguments au gouvernement des États-Unis en ce qui concerne l’impact environnemental sur les zones naturelles protégées que pourrait avoir la construction du mur frontalier entre le Mexique et les États-Unis. Un projet qui fait couler beaucoup d’encre, mais défendu bec et ongles par l’administration du président américain, Donald Trump, dans sa volonté de limiter au maximum les flux migratoires en provenance du sud.
« Nous partageons de nombreux écosystèmes dans des zones communes naturelles protégées des deux côtés, les espèces migratoires ne reconnaissent pas les frontières ou les questions politiques, je le redis, nous allons mettre sur la table tous les arguments au moment voulu », a déclaré Rafael Pacchiano, secrétaire de l’Environnement, ajoutant que depuis le début de la construction ( environ 1000 km actuellement, une grande partie durant le second mandat du président George W. Bush), cela fait l’objet d’une analyse poussée de la part de leurs services.
Il a expliqué que les premières études ont été effectuées dans les années 90 afin de déterminer qu’elle pouvait être l’incidence de cette construction massive sur l’environnement.
Vendredi dernier, le chef de l’État américain a déclaré que les plans prévus pour l’édification du mur sont beaucoup plus avancés que prévu, et le Département des douanes et de la protection des frontières a avancé que, dès la mi-avril, les premiers contrats avec les entreprises responsables de la construction du mur seront signées.
Cette barrière frontalière, qu’il souhaite être assez haute pour empêcher les immigrants illégaux mexicains de passer au-dessus, ferait plus de 3200 kilomètres de long depuis le golfe du Mexique jusqu’à l’Océan Pacifique pour un coût estimé à 20 milliards d’euros, un financement que la Maison-Blanche délègue au gouvernement mexicain.
Trump envisageait de financer cette construction par une taxe de 20 % sur les importations en provenance du Mexique, le marché américain absorbe 80 % des exportations mexicaines. À cet égard, le ministre mexicain des Affaires étrangères, Luis Videgaray, a déclaré que si les États-Unis veulent établir des taxes sur les importations en provenance de la frontière sud, le Mexique procédera de la même sorte.
La Maison-Blanche évoque aussi une possible taxation sur les transferts de fonds effectués par les Mexicains vivant aux États-Unis vers leur pays d’origine, 25 milliards de dollars que les migrants mexicains font parvenir chaque année à leurs proches. Cette mesure impacterait moins le pouvoir d’achat des Américains que la taxe sur les produits importés.
(vidéo du 25/02/2017)
Le bras de fer qui s’amorce entre le gouvernement mexicain et américain se dessine alors que près de 400 000 aspirants migrants essaient chaque année de passer les frontières. Le Mexique rappelle qu’il a filtré des milliers de ressortissants en provenance d’Amérique centrale, secouée par la violence des gangs et la pauvreté, afin d’empêcher leur arrivée aux États-Unis. Le Mexique se positionne donc comme un allié des États-Unis dans la lutte contre le narcotrafic acceptant même d’extrader plusieurs de ses barons de la drogue vers les États-Unis, dont le criminel devenu célèbre « El Chapo » Guzman, livré aux Américains la veille de l’investiture de Donald Trump.
Salvador Cienfuegos, Secrétariat de la Défense nationale et Vidal Francisco Soberon, ont conclu un accord dans ce contexte de tensions avec James N. Mattis, Secrétaire à la Défense des États-Unis, pour renforcer les relations bilatérales dans le domaine militaire.
« Les trois fonctionnaires ont exprimé leur engagement à relever les défis communs de la défense, conjointement avec le Canada, et ont convenu de tenir la troisième réunion trilatérale des ministres de la Défense », ont-ils déclaré. La première réunion a eu lieu à Ottawa, au Canada, en avril 2012 et la seconde à Mexico en avril 2014.
Selon la communication officielle de la Défense et de la Marine mexicaine, l’échange avec James Mattis s’est conclu sur l’engagement à « poursuivre le renforcement les relations bilatérales de défense entre les deux nations ».
Nuestra política exterior se regirá por 2 grandes prioridades: diversificar nuestros vínculos con el mundo; y dialogar y negociar con EE.UU.
— Enrique Peña Nieto (@EPN) January 23, 2017
Des sujets tels que le trafic de drogue, le crime organisé, le terrorisme, la traite des personnes et la sécurité aux frontières ont été discutés dans l’optique que le Mexique assume en 2017 la présidence du Conseil interaméricain de défense (JID), le pays sera l’hôte de la Conférence des ministres de la Défense des Amériques en 2018 et accueillera aussi la Conférence centrale américaine de sécurité (CENTSEC) cette année. Le Secrétaire des États-Unis à la Défense, James N. Mattis, a d’ailleurs reconnu le leadership croissant du Mexique dans la région et dans le monde, autant dire que le dialogue et les compromis sont toujours d’actualité, même si certains sujets fâchent et divisent plus que jamais…
Lamento y repruebo la decisión de EE.UU de continuar la construcción de un muro que lejos de unirnos, nos divide.
— Enrique Peña Nieto (@EPN) January 26, 2017
( vidéo du 23/02/2017)