C’est un mal peu connu, pourtant il infecte des milliers de personnes en Amérique latine avec des conséquences parfois dramatiques, il s’agit de la maladie de Chagas aussi appelée trypanosomiase américaine, une maladie parasitaire, transmise par des punaises hématophages de la sous-famille des Triatominae, qui sévit dans les régions tropicales d’Amérique du Sud et centrale.
Le 14 avril dernier était marqué par la mobilisation mondiale contre cette maladie sournoise, et selon l’OMS près de 13 000 personnes meurent du mal de Chagas et 300 000 nouveaux cas se déclarent chaque année, 21 pays d’Amérique latine sont affectés par la maladie, ceux et celles qui la contractent peuvent présenter, après bien des années de « silence » dévastatrices des symptômes divers comme de la fièvre, des maux de tête, un gonflement des ganglions lymphatiques, de la pâleur, des douleurs musculaires, des difficultés à respirer.
Dans les formes chroniques, après des années, la maladie de Chagas peut occasionner un gonflement et une douleur abdominale et/ou thoracique, non traitée, l’infection peut provoquer une mort subite ou une insuffisance cardiaque en raison de la destruction progressive du muscle cardiaque, d’où l’importance d’un diagnostic précoce pour permettre une guérison.
En Amérique latine, entre 6 et 9 millions de personnes sont infectés par le Trypanosoma cruzi et on estime qu’environ 50 000 nouveaux cas surviennent chaque année.
A ce jour, la maladie de Chagas est l’une des pathologies négligées d’Amérique latine tandis qu’elle continue de frapper dans les zones rurales les plus pauvres et qu’elle enregistre une augmentation significative dans les zones urbaines et périurbaines. Cette distribution géographique s’explique par des facteurs socio-économiques, les insectes vecteurs, prolifèrent dans les milieux humides et lorsque les conditions d’hygiène sont insuffisantes.
El mal de Chagas y sus síntomas #Prevención #Salud pic.twitter.com/mtKQ1PuQ6p
— Sistema Integrado (@PCCarabobo) February 8, 2017
On estime que 5,4 millions de personnes développeront une maladie cardiaque de Chagas, tandis que 900 000 souffriront d’un mégaoesophage ou d’un mégacôlon. En outre, sa présence a été confirmée dans au moins 10 pays non endémiques, en raison de l’augmentation des migrations en provenance de pays impactés.
À l’heure actuelle, il y a un total de 13 pays d’Amérique latine où cette maladie parasitaire est considérée comme endémique. Plusieurs modes de transmission sont possibles chez l’homme : le contact avec les déjections du réduve au moment de la piqûre, mais aussi lors de transfusion sanguine ou lors de transplantation d’organes infectés, ou durant la grossesse ou l’accouchement si la mère est infectée.
Les insectes triatomes peuvent infecter les rongeurs, les marsupiaux et d’autres mammifères sauvages. Ces insectes triatomes peuvent également infecter des animaux domestiques tels que les chiens et les chats, et transporter l’agent pathogène T. cruzi à l’intérieur des habitations humaines.
L’unique moyen de se protéger de la maladie est la lutte antivectorielle avec l’utilisation d’insecticides et de moustiquaires, il faut savoir que pour les formes chroniques, il n’existe aucun traitement efficace ni même vaccin.
Le dépistage sérologique chez les donneurs de sang est donc nécessaire pour prévenir l’infection par transfusion de même lors des transplantations.
Le dépistage de la maladie de Chagas chez la femme enceinte lors des contrôles prénataux est également nécessaire, dès la naissance, les nouveau-nés de mères infectées doivent être, à leur tour, dépistés.
El 50% de los bebés que nacen con la infección de #Chagas no es diagnosticado porque no se le realizó la prueba de detección a la madre durante el embarazo o luego del nacimiento
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Cette infection, qui touche des millions de personnes dans le monde, peut être traitée et éliminée en début de maladie, en effet, il est recommandé de commencer le traitement dès que le parasite est détecté dans le corps, c’est-à-dire dans la phase aiguë, car dans la phase chronique, le traitement peut ne pas donner les résultats escomptés.
Or, les politiques sanitaires relatives à l’éradication de la trypanosomiase ne sont prioritaires, probablement parce que la maladie n’est plus envisagée actuellement comme un problème de santé publique par les autorités des pays concernés, ce à quoi s’ajoute le désintérêt de l’industrie pharmaceutique pour l’élaboration de médicaments efficaces.
Affectant des communautés humaines souvent vulnérables vivant sous le seuil de pauvreté, la maladie de Chagas n’est guère sous les feux de projecteurs en matière de lutte, une situation qui vaut à cette parasitose d’être considérée par l’Organisation mondiale de la santé comme une maladie tropicale « négligée ».
#Chagas: El futuro en la lucha contra este mal se enfoca ahora en proteger los logros, identificar y atender a los infectados asintomáticos, e interrumpir la transmisión congénita. +INFO: https://t.co/IK98zoefSM #PequeñasPicaduras #GrandesAmenazas pic.twitter.com/z2AIOvkbJq
— OPS/OMS (@opsoms) May 8, 2018
Parmi les pays touchés, il y a l’Argentine, le Brésil, le Chili, l’Uruguay, le Paraguay, le Pérou, l’Équateur, la Bolivie, le Venezuela, la Colombie, la Guyane française, Guyana, le Suriname, le Costa Rica, le Salvador, le Honduras, le Nicaragua, le Panama, le Belize, le Guatemala et le Mexique.
La Bolivie est le pays le plus endémique du monde, on estime qu’un million de personnes, soit plus de 10% de la population, est porteuse de la maladie de Chagas. Le gouvernement verse à peine un euro par patient et par an, ce qui est clairement insuffisant pour diagnostiquer et traiter les cas, or les conséquences pour les malades peuvent être fatales.