Au Venezuela, une grande partie de la population confrontée à l’insécurité alimentaire

L’arepa, spécialité culinaire vénézuélienne

La situation économique reste tendue au Venezuela impactant fortement la population dans son quotidien. Ainsi, le Programme alimentaire mondial vient d’émettre un rapport selon lequel les habitants du pays dirigé par N.Maduro sont confrontés à des difficultés sérieuses pour s’alimenter correctement.

L’organisme, dépendant de l’ONU, a annoncé que plus de 9 millions de personnes n’ont pas accès à la nourriture en quantité suffisante, la faute au coût de la vie, car même si les produits alimentaires sont disponibles, l‘hyperinflation fait grimper les prix.

60% de la population se rationne et une personne sur trois au Venezuela éprouve des difficultés à s’alimenter et à obtenir le minimum nutritionnel recommandé au moyen de ses repas.

L’enquête réalisée entre juillet et septembre 2019 dans le pays sud-américain fait mention d’une situation « d’insécurité alimentaire », ainsi un grand nombre de Vénézuéliens se contentent de manger des céréales, des tubercules ou même des racines quotidiennement. La consommation, par les habitants, de protéines animales (viande, poisson, œufs), ou encore de fruits et légumes, est inférieure à trois fois par semaine, l’accès à ses aliments se révélant trop onéreux.

En effet, 7 personnes sur 10 ont déclaré qu’il était possible d’avoir accès aux aliments éloignant le spectre des pénuries massives qui ont impacté le pays dans le passé, mais elles ont indiqué qu’il était difficile de les acquérir en raison des prix élevés.

La situation des foyers vénézuéliens est plus que jamais tendue, 37% des Vénézuéliens ont déclaré avoir perdu leur emploi ou leur entreprise en raison de la grave récession économique qui a secoué leur pays.

Le manque d’argent ne permet pas aux Vénézuéliens d’acheter leur nourriture

L’étude précise que le manque de nourriture est un problème dans tout le pays, bien que certains États soient plus fortement impactés comme Falcón, Delta Amacuro, et Amazonas, et, y compris dans les régions les moins touchées, comme Lara, Cojedes et Mérida, on estime qu’environ 1 personne sur 5 se trouve en situation d’insécurité alimentaire.

Pour faire face à la situation, 74% des familles ont dû adopter des «stratégies de survie» pour se nourrir, ainsi 33% d’entre elles ont accepté de travailler en échange de nourriture et 20% ont dû vendre des biens personnels pour remplir un minimum leur assiette !

7,9% des Vénézuéliens souffrent d’insécurité alimentaire grave

Les chiffres communiqués par l’ONU sont éloquents :

  • 7,9% de la population vénézuélienne (2,3 millions) est en situation d’insécurité alimentaire grave, tandis que 24,4% des personnes (7 millions) sont en situation d’insécurité alimentaire modérée;
  • 59% des ménages n’ont pas suffisamment de revenus pour acheter de la nourriture et 65% ne sont pas en mesure d’acheter des articles d’hygiène essentiels, des vêtements et des chaussures.

Par ailleurs, le manque même de diversité alimentaire induit des carences et de fait un apport nutritionnel insuffisant.

Le Programme alimentaire mondial a, par ailleurs, précisé qu’il a eu «une totale indépendance» pour concevoir et mettre en œuvre l’enquête et qu’il a eu accès à l’ensemble du territoire pour une approche globale «sans aucun obstacle ni obstruction». Les résultats ont été partagés avec le gouvernement du Venezuela.

L’agence, dans un communiqué, a indiqué sa volonté de maintenir des échanges avec le gouvernement pour trouver des moyens de sortir les habitants de cette situation préoccupante :« Le PAM se réjouit de poursuivre son dialogue avec le gouvernement vénézuélien et les discussions qui porteront sur la voie à suivre pour fournir une assistance à ceux qui souffrent d’insécurité alimentaire  » .

En plus de la crise alimentaire, l’enquête s’est également intéressée aux interruptions de service comme les coupures d’électricité et d’eau, constatant que 4 familles sur 10 subissent des coupures de courant chaque jour. De même, 40% d’entre elles ont signalé des interruptions récurrentes de l’approvisionnement en eau, ce qui complique encore la vie quotidienne.

Cette situation de crise, qui perdure depuis plusieurs années maintenant, a poussé 4,5 millions de personnes à abandonner leur pays d’origine. Le président controversé Maduro a réussi à se maintenir au pouvoir malgré la pression internationale les tentatives du chef de l’opposition Juan Guaidó de le renverser.

L’hyperinflation devrait se poursuivre au cours de l’année 2020

Jesús Casique, économiste et directeur de Capital Market Finance, a déclaré que le Venezuela ne sortira pas de l’hyperinflation en 2020 :

« Nous sommes dans une dépression économique en phase superlative » ajoutant que la politique menée par le président Maduro restait inchangée. Le pays est confronté à l’hyperinflation depuis novembre 2017, l’économiste a ajouté : « alors que l’économie mondiale va croître de 3,3% en 2020, l’Amérique latine et les Caraïbes de 1,6%, le Venezuela va connaitre une décroissance de 10% ».

Le Venezuela devrait atteindre le triste record du Nicaragua, qui a connu la plus longue hyperinflation au monde avec 63 mois d’affilée, à la fin des années 80.

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