Pérou : Sans touristes, l’inquiétude, sous fond de crise économique, grandit

Pérou, Machu Picchu

Comme de nombreux pays impactés par le coronavirus, le Pérou n’échappe pas à la crise économique qui découle du confinement national et de la cessation de nombreuses activités. C’est le cas du secteur touristique fortement mis à mal depuis le 16 mars dernier.

Le Machu Picchu, vide de ses visiteurs, symbole de ce confinement sanitaire

L’industrie touristique est un secteur clé pour ce pays sud-américain, et le site archéologique du Machu Picchu qui, en temps normal, accueille chaque jour des centaines de visiteurs, est devenue l’emblème de cette paralysie totale.

« Il n’y a plus de tourisme depuis le 16 mars, conformément au décret de confinement national face à la pandémie. Cela crée un grave problème pour tout le tourisme dans le pays, », des propos tenus par le chef de ce parc archéologique, José Bastante. Depuis 1948, l’accès au Machu Picchu a été fermé au public sur la durée à deux reprises seulement. La première fois, ce fut il y a 10 ans, en raison d’un problème lié à la voie ferrée menant à la citadelle inca en raison d’inondations et glissements de terrains.

La cité perdue dans les nuages a reçu 1,5 million de touristes en 2019, se plaçant comme le haut lieu du tourisme péruvien. La ville d’Aguas Calientes, située à proximité de l’ancien bastion inca, vit au ralenti depuis la mi-mars. En effet, hôtels, restaurants, boutiques, sont contraints à la quarantaine comme le reste du pays, plaçant les habitants, privés de sources de revenu, en difficulté majeur.

L’absence de touristes au Machu Picchu ravive la curiosité d’ours à lunettes

Le seul point positif de ce confinement est une nouvelle fois la liberté laissée à la faune environnante. En effet, comme dans d’autres pays à travers le monde, de nombreux animaux profitent de l’absence de fréquentation humaine pour explorer les lieux en toute quiétude. Ainsi, une famille d’ours andins a été récemment repérée alors qu’elle se promenait dans la zone connue sous le nom de Q’ente, très proche de l’ancienne cité inca de Machu Picchu.

C’est un ours adulte avec deux jeunes qui se déplaçaient à la recherche de nourriture dans la région. Quelques jours plus tôt, les gardes du parc avaient déjà signalé la présence d’un jeune ours à lunettes au Machu Picchu. Cette espèce rare se nourrit essentiellement de baies, de fruits, de champignons et de racines. L’ours à lunettes est le seul représentant de son espèce en Amérique du Sud, les activités humaines menacent son habitat et par conséquent sa survivance.

Et si certains animaux sauvages sont heureux de la situation dans de nombreux pays à travers le monde et provoquent des scènes parfois des scènes insolites, au sommet de l’État la situation préoccupe. A ce titre, le gouvernement pense déjà à la relance économique post-déconfinement, et mise sur le tourisme interne dans un premier temps pour y parvenir.

Inquiétude du secteur touristique qui réclame des aides pour faire face à la crise

Dans cette optique, un décret législatif a été adopté (n ° 1507), et permettra l’accès gratuit au Machu Picchu aux personnes mineures et personnes de plus de 60 ans et aux fonctionnaires à partir du 1er juillet jusqu’au 31 décembre, afin de susciter les visites en famille.

Le Machu Picchu ne sera pas le seul site à bénéficier de ce statut, puisque 54 sites culturels et 22 aires naturels seront également concernés par la mesure.

« Pour réactiver l’activité touristique, affectée par l’avancée du COVID-19, il faut s’adapter aux nouvelles formes de tourisme. En ce sens, la promotion du tourisme interne et de courts séjours seront quelques-unes des alternatives pour la réactivation de ce secteur « , a déclaré le ministre du Tourisme.

Grâce à la publication de ce décret, le gouvernement veille parallèlement à ce que les sites touristiques respectent les nouveaux protocoles de biosécurité mis en place pour la prise en charge des visiteurs.

En ce sens, l’exécutif a débloqué 20 millions de soles afin de garantir la sécurisation sanitaire des sites archéologiques et des musées, ainsi que des espaces naturels protégés.

« Avec ces ressources, les entités gestionnaires de ces sites pourront effectuer en permanence des travaux de maintenance et s’adapter à de nouvelles mesures pour garantir la sécurité des travailleurs, ainsi que des visiteurs. L’adaptation des nouvelles mesures commencera en juin », ont précisé les autorités.

Le décret législatif 1507 est le résultat d’un travail articulé entre le ministère de la Culture, le Service national des espaces naturels protégés par l’État (Sernanp) et le Mincetur en tant que mesure de reprise et de promotion économique du tourisme dans le cadre de l’urgence sanitaire générée par le Covid-19.

La Chambre nationale du tourisme (Canatur), déclare affronter « une situation dramatique » et a sollicité des actions concrètes et rapides de la part du gouvernement pour éviter la faillite de nombreuses entreprises.

Aujourd’hui, le Pérou compte 1961 morts imputés au coronavirus et selon le ministère de la Santé 68 822 personnes ont été contaminées. Le gouvernement péruvien a pris récemment la décision de prolonger le confinement jusqu’au 24 mai.

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