Paraguay : Les pesticides font la loi selon un rapporteur de l’ONU

Le Paraguay taclé pour son utilisation intensive de pesticides (Photo Pixabay libre de droits)

Le Paraguay fait un usage abusif et incontrôlé des produits agrochimiques sur son territoire. Voilà la conclusion préalable émise par un rapporteur spécial des Nations Unies qui tire la sonnette d’alarme sur les risques sanitaires que cela induit sur la population.

Ces pratiques agricoles condamnables impactent fortement l’environnement, et sont également sources de déforestation.

« Le Paraguay a promulgué une loi 2524, connue sous le nom de ‘zéro déforestation’ dans la région de l’Est, en 2004. Cependant, selon la cartographie par satellite entre 2006 et 2016, une moyenne de 60 hectares par jour a été déboisée », a signalé le représentant de l’ONU.

L’État paraguayen ne veille pas, selon le rapporteur de l’ONU, au respect de la législation et se complaît dans un laisser-faire. En fait, cette utilisation irraisonnée de pesticides menace grandement la santé des habitants de ce pays sud-américain.

Un modèle d’agriculture qui s’appuie sur l’utilisation intensive de pesticides

C’est le point soulevé par Marcos Orellana, rapporteur spécial des Nations unies sur les substances toxiques et les droits de l’Homme. Il a eu des mots très forts après sa visite officielle au Paraguay. Ainsi, il a affirmé :

« Au Paraguay, les lois sur le contrôle des pesticides ne sont pas respectées. Cela génère de l’impunité pour les violations des droits de l’homme et des abus sur des milliers de personnes exposées à la contamination toxique ».

Marcos Orellana, rapporteur à l’ONU sur les substances toxiques et les droits de l’Homme

Dans un rapport préliminaire, le rapporteur des Nations Unies a tenu à souligner que plusieurs coopératives cherchaient à cultiver la terre de façon écoresponsable. Cependant, le modèle de production agro-industrielle privilégié par l’État a mis en danger les communautés.

En effet, la pulvérisation aérienne et terrestre de pesticides dangereux est en constante augmentation.

« Actuellement, 94% des terres agricoles du Paraguay sont destinées à l’agro-industrie dépendant des intrants chimiques », a-t-il rapporté.

L’envoyé de l’ONU a précisé que la moyenne des pesticides déversés annuellement est de 4,25 litres par hectare et qu’elle est en constante augmentation.

Des communautés indigènes impactées par les répercussions de cette contamination aux pesticides

En fait, les répercussions de ce modèle sont particulièrement impactantes pour les populations autochtones. Les monocultures, qui nécessitent le recours à des produits agrochimiques, envahissent le territoire, ce qui induit une pollution majeure.

Par ailleurs, l’expert témoigne des pressions subies par les natifs qui pointent du doigt les conséquences désastreuses sur l’environnement, et par effet ricochet les effets négatifs sur la santé humaine.

Marcos Orellana souligne :

« Ceux qui s’opposent à la contamination de leurs communautés sont souvent criminalisés par le ministère public ».

Le modèle des mégaexploitations agricoles perdure (au détriment des petites exploitations), ce qui exclut de larges secteurs de la population et accentue les injustices sociales.

En fait, il était déjà celui qui régnait lors de la colonisation espagnole, de grands espaces de cultures détenus par quelques « puissants », les fameuses « haciendas » aux mains de quelques propriétaires fortunés. L’histoire semble se poursuivre comme le montrent les propos le rapporteur :

« La grande concentration des terres entre quelques mains, et l’exclusion conséquente de larges segments de la population aggrave ces injustices environnementales », a-t-il déclaré.

https://twitter.com/ONU_derechos/status/1581007117405720576

De fait, Orellana interpelle les autorités politiques afin qu’elles garantissent, sans délai, l’application des décisions du Comité des droits de l’homme sur les cas de Campo Agua’ẽ et Colonia Yerutí. De plus, Orellana invite à ratifier l’Accord d’Escazú sur la garantie des droits environnementaux sur le continent latino-américain.

« Il est de la responsabilité de l’État de garantir le droit à un environnement sain et de protéger sa population contre les effets aveugles de l’utilisation de pesticides dangereux au Paraguay », affirme-t-il pour sensibiliser l’État sur le fléau de la contamination environnemental.

Un rappel à l’ordre de l’ONU envers le gouvernement du Paraguay sur l’usage de pesticides dangereux

Dans ce cadre, l’usage de pesticides jugés dangereux ne doit plus perdurer. Pour établir son rapport, M . Orellana a rencontré des responsables gouvernementaux, des familles de victimes, des représentants de la société civile, du secteur privé et des agences des Nations Unies.

Par ailleurs, Orellana n’a pas négligé les communautés rurales et a pris en compte les revendications des peuples autochtones dans les départements de Presidente Hayes, Alto Paraná, Canindeyú, San Pedro et Guiará.

Il remettra son rapport complet au Conseil des droits de l’homme en septembre 2023. Parmi les thèmes abordés, le représentant de l’ONU évoquera les points liés à :

  • la gestion écologiquement rationnelle des déchets dangereux ;
  • la mise en œuvre des accords environnementaux internationaux relatifs aux produits chimiques industriels et au mercure.

Une pollution liée aux pesticides, mais aussi à l’activité minière au Paraguay

En effet, la politique extractiviste menace également les écosystèmes en place et reste extrêmement dangereuse pour les habitants qui y sont confrontés. Les contaminations au mercure ou encore au cyanure sont des fléaux à la fois écologiques et sanitaires.

Il évoque son constat en faisant référence à l’extraction aurifère dans le district de Paso Yobái, dans le département de Guirá (sud) :

« de niveaux élevés de contamination par le mercure ont été révélés dans les poissons des ruisseaux et les travailleurs des mines ».

Marcos Orellana

De plus, le rapporteur a souligné que les autorités ne prennent pas en compte les maux engendrés par cette pollution comme les maux de tête et les nausées. À ce titre, elles devront fournir de nombreux efforts pour régulariser la situation sans faire fi des enjeux environnementaux.

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