Au Pérou, la pauvreté gagne du terrain, manger à sa faim devient compliqué

C’est une nouvelle peu réjouissante et encore moins rassurante pour la population péruvienne. En effet, le pays est frappé par une pauvreté croissante. Elle se traduit par une forte insécurité alimentaire dans un contexte d’inflation.

Photo libre de droits, Pixabay /Différentes variétés de maïs au Pérou

Le Pérou frappé par l’insécurité alimentaire dans un contexte d’inflation selon la FAO

En fait, le pays andino-amazonien, est frappé de plein fouet par l’insécurité alimentaire, de sorte que, près de la moitié de la population ne parvient pas à se nourrir suffisamment et correctement, c’est-à-dire dire avec des aliments qui ont un réel intérêt nutritif.

16,6 millions de Péruviens sont concernés en 2022 contre 8 millions de personnes avant la pandémie.

Cette baisse de la qualité vie est, d’autant plus frappante, que le Pérou était, jusque-là (avant la pandémie de Covid-19) un pays aux revenus intermédiaires supérieurs, et qu’il est en parfaite capacité de produire sa propre nourriture de base grâce à son secteur agricole développé.

En fait, la pauvreté concerne cette année environ 1/4 des habitants, un chiffre plus qu’éloquent. Ainsi, ces derniers ne parviennent pas à se nourrir à leur faim et encore moins avec des produits intéressants d’un point de vue nutritionnel. Le nombre de repas par jour est réduit et de nombreux aliments sains ont tout simplement disparu de l’assiette des consommateurs pour laisser la place à des aliments ultra-transformés aux calories vides (riches en graisses et en sucre).

Si l’on consulte la dernière étude effectuée par la FAO sur ce point, environ la moitié de la population vit dans une insécurité alimentaire modérée.

Pour résumer, les Péruviens concernés par un pouvoir d’achat réduit sont plus nombreux, et en raison de la flambée des prix, ils mangent moins et plus mal qu’auparavant !

L’inflation rend difficile l’accès aux aliments pour les plus pauvres

Les protéines font clairement défaut dans l’alimentation. Cela a bien sûr des conséquences sur la santé des plus vulnérables. Le manque d’aliments riches en fer et en vitamine B12 a fait exploser les cas d’anémie.

Ainsi, dans certaines régions du pays, jusqu’à 70% des habitants souffrent d’anémie faute d’une alimentation équilibrée. C’est le cas dans une grande partie des régions d’Amazonie.

Par ailleurs, la pauvreté urbaine s’est encore accentuée sur l’ensemble du territoire.

Avant la pandémie, le nombre total de pauvres en zone urbaine dépassait déjà la zone rurale. Sur les 6,6 millions de personnes vivant dans la pauvreté en 2019 (20,2 % de la population), 3,7 millions se trouvaient en zone urbaine (1,5 million dans la métropole de Lima) et 2,9 millions en zone rurale.

La crise sanitaire a eu un impact économique majeur au Pérou, où les confinements ont mis à mal toute une économie informelle faite de « débrouille » au quotidien.

Ainsi, l’accès à la viande est devenu très compliqué en raison de l’inflation. En effet, le poulet, particulièrement consommé au Pérou, est devenu un plat inaccessible pour beaucoup de citoyens péruviens.

Et même le prix de la pomme de terre a flambé dans ce pays où le tubercule constitue la base de l’alimentation depuis des siècles. Un comble sur la terre des Incas ! On connait le Pérou, d’un point de vue gastronomique, pour ses multiples variétés de pommes de terre (4000 recensées !). Et c’est lors de la Conquête espagnole que le féculent a été introduit sur le sol européen.

L’inflation bat des records. En fait, la population fait face à une hausse de prix qui na pas été aussi élevée depuis 24 ans. De plus, même les produits basiques du quotidien sont impactés comme le riz, le blé ou encore l’huile de friture.

Pandémie, guerre en Ukraine, le Pérou subit les conséquences

Confronté à la hausse du prix des denrées alimentaires et également de l’énergie comme conséquence de la guerre en Ukraine, la FAO pointe également la mauvaise gestion du gouvernement en place. Le conflit russo-ukrainien a également engendré une pénurie d’engrais avec une hausse des prix, ce qui impacte fortement le secteur agricole.

En marge du G20 qui s’est récemment tenu à Bali, l’Union européenne a annoncé débloquer une enveloppe de 30 millions d’euros pour venir en aide aux pays frappés par l’insécurité alimentaire :

« en lien avec la crise régionale vénézuélienne, pour répondre aux besoins les plus urgents de la population, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays (notamment en Colombie, en Équateur et au Pérou); 5 millions d’euros pour le «couloir de la sécheresse» d’Amérique centrale, afin d’y apporter une aide dans les domaines de l’alimentation et de la nutrition, de la santé, de l’eau et de l’assainissement et de la protection ».

L’annonce de cette aide a été faite par la présidente Ursula von der Leyen.

« En 2022, l’insécurité alimentaire a atteint des niveaux sans précédent, avec au moins 205 millions de personnes ayant besoin d’une aide urgente », peut-on lire dans un communiqué de la Commission européenne.

https://twitter.com/FAOPERU/status/1560625329634324489


L‘insécurité alimentaire en Amérique latine a augmenté de 60% entre 2014 et 2021, atteignant 40,6% de la population des pays de la région.

L’insécurité alimentaire touche particulièrement les zones rurales d’Amérique latine, qui enregistrent une incidence de pauvreté de 44,3%, soit 15 points de plus que dans les zones urbaines, selon un document remis par la CEPAL.

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