Entre frappes aériennes, sanctions économiques et opérations secrètes, les États-Unis ont durci leur offensive contre le Venezuela. Sous couvert de lutte contre le narcotrafic, c’est une confrontation politique et stratégique qui se joue désormais entre les deux pays.

Une intervention militaire justifiée par le trafic de drogue
Depuis le mois de septembre, les Caraïbes sont le théâtre d’une série d’opérations militaires menées par les États-Unis contre des navires suspectés de transporter de la cocaïne depuis le Venezuela. Ces frappes aéronavales auraient causé au moins 27 morts, selon les bilans officiels communiqués par Washington.
Le président Donald Trump justifie cette intensification militaire par la nécessité de neutraliser le Tren de Aragua, un cartel latino-américain qu’il a inscrit sur la liste des organisations « narco-terroristes ». La présence d’une flotte composée de destroyers, de croiseurs et d’avions F-35 le long des côtes vénézuéliennes confirme le tournant militaire de cette nouvelle phase de la « guerre contre la drogue ».
Le retour des opérations clandestines de la CIA au Venezuela
Le 15 octobre, la Maison-Blanche a franchi une étape supplémentaire : Donald Trump a publiquement annoncé avoir autorisé la CIA à intervenir secrètement sur le sol vénézuélien. Une décision qui évoque, pour de nombreux observateurs, les méthodes d’ingérence des États-Unis en Amérique latine durant la seconde moitié du XXe siècle.
Washington accuse Nicolás Maduro de faire du Venezuela un État narco-terroriste, facilitant le passage de la cocaïne colombienne vers les États-Unis. Caracas rejette ces accusations qu’elle qualifie de « fabrication politique ». Plusieurs experts indépendants soulignent d’ailleurs qu’aucune preuve solide ne démontre l’implication directe du régime chaviste dans le trafic international de stupéfiants.
Caracas crie à l’agression et saisit l’ONU
Face à cette escalade, le président Maduro a dénoncé une « violation flagrante du droit international » et saisi le Conseil de sécurité des Nations unies. Dans un discours télévisé, il a accusé Donald Trump de chercher un prétexte militaire pour renverser son gouvernement et mettre la main sur les richesses pétrolières du pays.
Le gouvernement vénézuélien affirme avoir activé un plan de défense nationale face à la « menace impérialiste », tandis que les médias publics mobilisent la population autour d’un discours de résistance nationale.
Une ingérence nord-amércaine en territoire latino-américain
Depuis la réélection controversée de Nicolás Maduro, Washington a considérablement renforcé la pression politique, économique et diplomatique sur Caracas. Pour plusieurs analystes, la lutte contre le narcotrafic n’est qu’un habillage stratégique d’une politique d’ingérence visant à fragiliser le pouvoir chaviste.
En février 2025, le secrétaire d’État Marco Rubio avait déjà classé plusieurs cartels d’Amérique latine comme organisations terroristes. Pourtant, selon les rapports des Nations unies et de divers centres de recherche, le Venezuela ne figure qu’au rang de pays de transit secondaire dans le commerce de la cocaïne, bien loin derrière la Colombie et le Pérou.
Vers une déstabilisation régionale ?
Cette montée des tensions suscite l’inquiétude de plusieurs pays d’Amérique du Sud, qui redoutent une déstabilisation régionale. L’Organisation des États Américains (OEA) a appelé à une médiation et à un retour au dialogue, tandis que certains gouvernements évoquent le risque d’un précédent dangereux si Washington poursuivait des frappes unilatérales sans mandat international.
Entre intérêts géopolitiques, guerre de l’information et calculs électoraux, le dossier vénézuélien s’impose comme un nouveau foyer de crispation sur le continent américain. Officiellement, les États-Unis disent vouloir freiner le narcotrafic ; officieusement, ils semblent surtout vouloir affaiblir un régime décrié perçu comme un bastion hostile à leurs intérêts.
Ce mardi 21 octobre 2025, les Nations unies ont réagi effectivement à l’escalade des tensions entre les États-Unis et le Venezuela.
Trois experts indépendants des Nations unies ont déclaré que les « actions secrètes et les menaces de recours à la force armée » menées par Washington contre Caracas « violent la souveraineté du Venezuela » et « portent atteinte aux obligations internationales fondamentales de non-ingérence »
C’est la première fois qu’une déclaration onusienne évoque une « violation de souveraineté » en référence aux actions antidrogue américaines de 2025.







