Rodrigo Paz Pereira, sénateur centre-droit et économiste de formation, est sorti vainqueur de l’élection présidentielle bolivienne du 19 octobre 2025. Le vainqueur a ainsi en remporté 54,5% des voix selon les résultats officiels du Tribunal suprême électoral.
Cette victoire marque un véritable tournant puisqu’il marque la fin de vingt années de gouvernements socialistes incarnés successivement par Evo Morales et Luis Arce.
Une victoire symbolique après vingt ans de socialisme
Originaire de Tarija et âgé de 58 ans, Rodrigo Paz est le fils de l’ancien président Jaime Paz Zamora, figure historique de la social-démocratie bolivienne. De fait, sa victoire sur le candidat conservateur Jorge « Tuto » Quiroga (45,4%) symbolise un recentrage du pays après deux décennies dominées par le Mouvement vers le socialisme (MAS).
Toutefois, la carte électorale reflète toujours le profond clivage qui divise le pays sud-aaméricain, entre un ouest plus progressiste et un est plus libéral, avec Paz vainqueur dans six des neuf départements.

Bolivie, un président centriste en quête de consensus
Rodrigo Paz se définit comme un homme de conciliation, prônant une réconciliation nationale au sortir d’années de polarisation politique. Membre du Parti démocrate-chrétien, il reconnaît la nécessité de maintenir certains acquis sociaux hérités de la période Morales, tout en cherchant à restaurer la confiance des investisseurs et des institutions internationales.
Cependant, il devra gouverner sans majorité parlementaire, l’obligeant à composer des alliances pour faire passer ses réformes.
Un programme de « capitalisme inclusif », l’objectif de R. Paz
Son slogan de campagne, « un capitalisme pour tous », résume une vision économique qui cherche à conjuguer marché et équité sociale. Ainsi, Rodrigo Paz mise sur la relance de la production nationale, l’attraction d’investissements étrangers et la modernisation de l’appareil industriel, tout en garantissant la continuité des programmes de lutte contre la pauvreté. Il promet notamment :
- la diversification économique au-delà de la dépendance au gaz et au lithium ;
- la réduction progressive du déficit public ;
- la décentralisation administrative pour dynamiser les régions productives ;
- la transition énergétique par le développement des énergies renouvelables.
Une Bolivie face à de lourds défis
Le nouveau chef d’État hérite d’une situation économique tendue : inflation élevée (20,8%), dette publique record, pénurie de devises et contraction de la croissance.
De plus, les tensions sociales sont persistantes, alimentées par la hausse du coût de la vie et les pénuries d’essence. De fait, sa capacité à restaurer la confiance tout en préservant la stabilité sociale sera déterminante pour les premières années de son mandat.
Une ouverture internationale assumée par le président élu de Bolivie
Rodrigo Paz a déclaré vouloir « ouvrir la Bolivie au monde » et « lui redonner un rôle sur la scène internationale ». Ainsi, cette diplomatie d’ouverture contraste avec l’isolement relatif des années Morales et Arce.
Dès lors, Washington, par la voix du secrétaire d’État Marco Rubio, a déjà salué cette élection comme « une occasion de transformation » et offert un partenariat en matière de sécurité et d’investissement.
En effet, Paz a annoncé une réorientation de la diplomatie bolivienne : « Il est temps d’ouvrir la Bolivie au monde », at-il déclaré lors de son discours de victoire à La Paz.
Dans cette optique, son équipe évoque un rapprochement équilibré avec les États-Unis, l’Union européenne et les puissances régionales, sans rompre totalement avec la Chine et la Russie.
Ses partisans le définissent comme un réformiste social, il se distingue de ses adversaires par son refus d’un libéralisme dur et d’une soumission aux politiques du FMI, préférant la création d’un fonds de stabilisation interne et la réduction des dépenses publiques non prioritaires.
Sa conception « Bolivia, sin miedo » incarne une volonté de garantir la liberté d’entreprendre tout en préservant la cohésion nationale — un équilibre fragile dans un pays encore marqué par les fractures régionales et ethniques.
Quelles attentes avec le nouveau président bolivien ?
En conclusion, la confiance accordée à Rodrigo Paz témoigne de la volonté des Boliviens d’opter pour une alternance sans brutalité, mais pleine d’incertitudes. En effet, entre promesse d’un capitalisme tempéré et nécessité de restaurer la cohésion nationale, le nouveau président, qui sera investi le 8 novembre prochain, devra concilier la modernisation économique et la justice sociale dans un pays fragmenté mais avide de renouveau.
Ainsi, dans les pages de El País América , on peut ainsi lire que Rodrigo Paz symbolise « le passage d’une Bolivie plébéienne à une Bolivie entrepreneuriale ». Voilà un changement de paradigme aussi risqué qu’ambitieux pour un pays en quête d’un nouveau souffle.
« Nous avons besoin de réaliser un changement sans vengeance et une modernisation sans exclusion », a-t-il déclaré à la fin de son discours.
S’il réussit à stabiliser le pays sans rompre le fragile équilibre social, son mandat pourrait devenir celui d’une Bolivie enfin réconciliée avec son pluralisme et son avenir.







