Equateur : les multiples défis que devra relever le président Guillermo Lasso

Vue de Quito en Equateur

C’est un grand virage politique qui s’opère en Équateur avec la victoire du banquier conservateur et libéral Guillermo Lasso à la présidence de la République

Dimanche dernier, le candidat a remporté la victoire au second tour contre le candidat de gauche, Andrés Arauz. Ce dernier était soutenu par l’ex-chef d’État socialiste Rafael Correa (2007-2017).

La gauche battue en Equateur, Guillermo Lasso sort vainqueur des élections présidentielles

Le vainqueur dans les urnes a remporté 52,56 % des voix contre 47,44 % pour son opposant mettant fin au courant correista. Rafael Correa espérait la victoire de son dauphin pour être réhabilité et rentrer sur ses terres. Ce dernier, condamné par contumace à 8 ans de prison pour corruption, est actuellement exilé en Belgique

Pour rappel, Guillermo Lasso est sorti vainqueur dans 17 provinces sur 24, il n’en a remporté aucune sur la côte où le correísmo a prévalu.

Le nouveau président de l’Équateur, qui prendra ses fonctions officiellement le 24 mai, hérite d’un pays marqué par une profonde crise économique et sociale. Ainsi, il occupera les plus hautes fonctions dans ce pays de 17,4 millions d’habitants en succédant à l’impopulaire président sortant, Lenin Moreno.

Une investiture sur fond de crise économique, sociale et sanitaire

32 Équatoriens sur 100 vivent actuellement dans la pauvreté avec 2,80 dollars par jour de revenu, tandis que 15 Équatoriens sur 100 souffrent d’extrême pauvreté et vivent avec un revenu de 1,5 dollars par jour.

Ainsi, en Équateur, le chômage s’élève à 5,7 %, mais seulement 34 % de la population économiquement active possède un emploi basé sur le salaire minimum. Le PIB de ce pays d’Amérique du Sud s’est contracté de 7,8 % en 2020.

Parmi les grands défis que le président devra relever, en plus de la gestion de la crise sanitaire, il y a la lutte contre :

  • la faim ;
  • la pauvreté ;
  • le chômage ;
  • la malnutrition infantile ;
  • l’insécurité ;
  • et la corruption.

Le parti indigène, deuxième force politique du pays

Par ailleurs, le président récemment élu est confronté à une question épineuse, à savoir la gestion des conflits avec les communautés indigènes. Leurs revendications sont vastes, elles souhaitent obtenir davantage d’autonomie au niveau politique, et luttent pour la défense des terres natives, ce qui engendre de nombreuses tensions (conflits socio-environnementaux) à travers le pays.

Correa avait été pendant son mandat confronté à de multiples conflits environnementaux et sociaux avec les communautés autochtones. Actuellement, le parti indigène représente la deuxième force politique du pays. Lors du premier tour des présidentielles, le candidat autochtone Yaku Perez a remporté 19,39 % des suffrages manquant de peu, après un décompte des voix laborieux, l’accès au second tour.

D’ailleurs, le futur président n’aura pas la majorité au Congrès et devra négocier avec le parti indigène Pachakutik arrivé deuxième aux élections législatives qui ont eu lieu en février (derrière l’Unión por la Esperanza, et le mouvement Arauz).

De plus, le président Guillermo Lasso doit apporter très vite des réponses à la crise sanitaire qui secoue le pays. Selon ses promesses de campagne, sa priorité est de permettre la vaccination de 9 millions de personnes contre la covid-19 au cours des 100 premiers jours du gouvernement. Parallèlement, il a souligné que la lutte contre la « pauvreté » et le « chômage » seraient ses deux autres priorités.

Parallèlement, il a exprimé sa volonté d’unité nationale pour lutter contre les quatre crises qui, selon ses propos, affectent en profondeur le pays : la santé, la sécurité économique, mais aussi morale et citoyenne.

« Tous les mouvements politiques de l’Équateur sont déjà invités à faire partie d’un gouvernement d’unité, sans sectarisme, œuvrant au bien commun, avec pour objectif, résoudre les problèmes les plus graves de la société équatorienne, la faim, la pauvreté, le manque d’emploi et le manque d’opportunités », a déclaré le président prochainement investi.

La crise sanitaire a accentué les difficultés économiques

L’Équateur est l’un des pays les plus durement touchés en Amérique latine par la covid-19. Or, la crise sanitaire a aggravé les problèmes économiques En effet, l’Équateur, pays extractiviste (exploitation des ressources naturelles), est, entre autres, confronté à la baisse du prix du pétrole brut et à une baisse de ses exportations.

Soulignons que le pays sud-américain est le plus grand exportateur mondial de bananes, ainsi qu’un important producteur de cacao et de fleurs. L’année dernière, elle a exploité quelque 479 000 barils par jour de pétrole.

En fait, lorsque les prix étaient élevés, à près de 100 dollars le baril entre 2011 et 2014, l’exportation du pétrole brut a alimenté la croissance de l’Équateur. 

De son côté, le professeur-chercheur du FLACSO (Facultad Latinoamericana de Ciencias Sociales), Hugo Jácome, a estimé que la stagnation de l’économie équatorienne, bien qu’elle soit en lien avec la conjoncture mondiale actuelle liée à la pandémie : « répond à des facteurs structurels de l’économie équatorienne ».

Entre autres éléments, il indique que l’Équateur est un pays exportateur, ce qui le rend extrêmement dépendant des « cours du marché à l’international » .

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