Les Indiens Yanomami sont également frappés par la grippe A/H1N1, l’une des dernières tribus d’Amazonie à vivre à l’écart des autres groupes sociaux. Ces trois dernières semaines, le virus pourrait être à l’origine de la mort de sept Indiens, dont six bébés, dans trois villages forestiers, à la frontière entre le Venezuela et le expliqué le Dr. Raidan Bernade mercredi.
Il est confirmé qu’au moins l’une des victimes, une femme de 35 ans, probablement enceinte, a bien succombé à la grippe A/H1N1, a précisé à l’Associated Press le Dr. Raidan Bernade, en ligne depuis La Esmeralda, une ville localisée sur les bords de la rivière auprès de laquelle vivent les quelque 28.000 Yanomami. Les trois villages menacés par le virus sont Mavaca, Platanal et Hatakoa.
Les décès ont été confirmés mercredi par Survival International, une organisation internationale de défense des droits des peuples indigènes, située à Londres.
Le mois dernier, le Venezuela a confirmé 90 décès dus au virus et 1.910 malades dans le pays.
Le bureau régional de l’OMS a confirmé la présence du virus sur le territoire des Yanomamis, selon Survival, pour qui la situation est « critique ». L’ONG craint que l’épidémie se « propage sur tout le territoire Yanomami ».
Selon elle, ce peuple indigène a déjà été décimé à 20% entre 1980 et 1990 par des maladies comme le paludisme ou la grippe saisonnière, propagée par des mineurs illégaux.
Les Yanomamis sont le plus grand peuple d’Amazonie à vivre dans un isolement relatif, ce qui les rend particulièrement sensibles aux maladies qui viennent de
l’extérieur, explique Survival sur son site internet.
« Les deux gouvernements doivent prendre des actions immédiates pour stopper cette épidémie et améliorer radicalement les conditions sanitaires des Yanomamis », a souligné Stephen Corry, directeur de Survival, dans un communiqué.
L’assistance médicale est extrêmement précaire des deux côtés de la frontière en raison des difficultés d’accès du territoire yanomami, montagneux et densément boisé. Plusieurs communautés yanomami n’ont de fait aucun accès aux soins.
Le territoire yanomami, qui s‘étend du nord du Brésil au sud du Venezuela, représente le plus grand territoire indigène de forêt tropicale au monde.
Le mois dernier, Survival a publié un rapport sur la menace particulière que la grippe A/H1N1 représente pour les peuples indigènes.
Stephen Corry, directeur de Survival International, a déclaré aujourd’hui :
« La situation est grave. Les deux gouvernements doivent agir de concert et de toute urgence pour empêcher la propagation de l‘épidémie et pour améliorer radicalement les soins accordés aux Yanomami. S’ils n’agissent pas de la sorte, nous pourrons une fois de plus assister à la disparition de centaines de Yanomami atteints par des maladies qui pourraient pourtant être traitées efficacement. Ce serait un désastre pour ce peuple isolé qui se remet à peine des épidémies qui l’ont décimé il y a 20 ans ».