Bolivie : Les brûlis dévastent des milliers d’hectares, les autorités sont impuissantes !

De nombreux feux de forêts embrasent actuellement la Bolivie et les autorités craignent que, s’il ne pleut pas dans les prochains jours, il pourrait s’agir du plus grand désastre naturel survenu en zone forestière que la pays ait connu dans toute son histoire. Or, d’après le Service national de météorologie, aucune pluie n’est attendue cette semaine.

Une épaisse fumée couvre une bonne partie de la Bolivie, la raison de ce brouillard qui asphyxie sept départements sur neuf dans le pays, la multiplication des feux qui accompagnent la préparation agricole avant les prochaines semences. La culture sur brûlis, puisque c’est ainsi qu’on appelle cette ancienne technique agricole qui utilise le feu comme moyen de création de champ (écobuage, essartage, feux de brousse). Cette technique particulièrement utilisée comme moyen de défrichement et de fertilisation en zone tropicale est à l’origine de 34 228  incendies et a dévasté à l’heure actuelle environ 2 millions d’hectares, a informé le 23 août le directeur de l’Autorité bolivienne des Forêts et des Terres (ABT), Clíver Rocha.

Le fonctionnaire a précisé que « le plus gros des incendies agricoles » n’était pas passé, et que le nombre devrait augmenter en septembre. « A la fin de l’année le nombre devrait dépasser le record de 2004, année où l’on a enregistré 50 000 incendies, qui ont endommagé 6 millions d’hectares ».

Rocha a affirmé que quotidiennement plus de 2000 nouveaux foyers voyaient le jour et qu’ils étaient contrôlés difficilement par les autorités municipales et régionales.
La fumée a contraint à fermer certains aéroports ou du moins à limiter sérieusement leur activité et ce sur 29 des 38 aéroports du pays, selon des estimations livrées par l’entreprise opératrice des aéroports ASANA, cependant les terminaux aériens des grands aéroports internationaux de El Alto, Cochabamba et Santa Cruz fonctionnent normalement.

Pour sa part, le président de la Commission à l’environnement de la chambre des Députés, Galo Bonifaz, a sollicité le président Evo Morales afin qu’il investisse dans l’achat d’hydravions visant à circonscrire les incendies, après que les autorités aient reconnu la semaine passée l’impossibilité de contrôler et de freiner les incendies qui ravagent certaines zones dans les départements de Santa Cruz, Chuquisaca, Cochabamba, La Paz, Tarija, Beni et Pando, a reporté l’Agence Bolivienne d’informations.
Selon les déclarations de Weimar Becerra, directeur de la Gestion et du développement forestier, il y a actuellement six incendies incontrôlables « Nous sommes sur le point de connaître un véritable désastre naturel dans quasiment tout le pays et les zones les plus touchées sont le département de Santa Cruz, le nord amazonien et aux alentours de La Paz. »

De fait, la vice-ministre à l’Environnement et à l’Eau, Cinthia Silva, a annoncé que le pouvoir exécutif a pris contact avec les Nations-unis pour demander une aide humanitaire dans le cas où les flammes laisseraient « des familles sans toits ».

Seules deux provinces qui bénéficient de la cordillère des Andes comme « bouclier naturel » ont été épargnées, il s’agit d’Oruro et de Potosi (sud), selon des informations relayées vendredi par le directeur de l’Autorité des Forêts et des Terres (ABT), Cliver Rocha.

Le « chaqueo », ou brûlis de parcelles de terres se pratiquent dans le but d’améliorer le rendement des terres cultivables, cette pratique agricole reste souvent utilisée dans les régions rurales de Bolivie, bien que les autorités réfutent ce procédé jugé dangereux en terme de propagation des feux de forêts et nuisible pour l’environnement et la santé humaine.

Le Responsable du Centre National de surveillance épidémiologique, René Lenis, a informé ce dimanche que les incendies provoqués par les brûlis agricoles, enregistrés dans sept départements du pays, avait favorisé l’augmentation des infections respiratoires aiguës dans les régions amazoniennes du Beni et de Pando, avec toutes les caractéristiques liées à une épidémie.

« Les cas d’infection respiratoire étaient en décroissance dans tout le pays, mais nous sommes confrontés à un sursaut dans les départements de Pando, et du Beni qui sont entrés en zone épidémique avec l’augmentation des rhino-pharyngites virales qui sont imputables aux feux de forêts » a-t-il expliqué.

Il a également déclaré que la fumée des incendies de forêt provoquait des problèmes de peau, des conjonctivites et une augmentation des pathologies asthmatiques. Il a précisé que les groupes d’individus les plus vulnérables étaient prioritairement les enfants et les personnes du troisième âge qui avaient davantage recours aux services de santé. Face à ce constat, le médecin recommande à la population des régions concernées d’utiliser des lunettes de protection et des masques afin de se protéger de ces désagréments.
D’autre part, dans une interview accordée à la radio Panamericana, Lenis a informé que les autorités des neufs services départementaux de Santé coordonnent leurs services
médicaux afin d’apporter « une attention toute particulière » aux personnes qui se rendent dans les centres de soins.

« Nous avons recommandé à tous les services de soins médicaux de se tenir prêts à accueillir tous les patients qui se rendent massivement à la consultation ».

Devant l’ampleur du désastre, la Bolivie a sollicité l’aide du voisin brésilien afin qu’il mette à sa disposition des hydravions visant à enrayer le feu dans le nord amazonien, les régions de Beni (nord-est), Pando (nord) et La Paz. Les appareils pourraient s’approvisionner avec l’eau des rivières et des lacs navigables des départements du Beni et du Pando. L’Argentine pourrait également prêter main-forte afin de lutter contre les feux, moins virulents, de la région frontalière de Tarija (sud).

Le président bolivien, Evo Morales, a reconnu que le gouvernement n’était pas préparé à combattre de tels feux de forêts  » Que dire ? Que nous ne sommes pas équipés pour combattre des incendies ? C’est vrai, nous ne le sommes pas (…) Après tant d’années de vie du peuple bolivien, nous n’avons pas les moyens de combattre les incendies ».

Le président a également annoncé son intention d’acheter des hydravions et des hélicoptères pour affronter ce genre de problèmes à l’avenir « Peu importante comment, mais il nous faudra trouver l’argent pour acheter des hélicoptères et des équipements afin de combattre ces incendies ».

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