Le gouvernement du président Raúl Castro met en pratique une transformation totale du système éducatif national à Cuba, l’élément-clé de ce changement consiste à offrir une formation aux jeunes Cubains en adéquation avec les besoins économiques et la réalité du marché du travail.
Sur un plan pratique, cette réforme implique une réduction du nombre de places dans les universités, et donne la priorité aux carrières professionnelles qui sont recherchées par les recruteurs au sein des entreprises, ce choix nécessite de créer davantage d’écoles visant à former des techniciens moyens et des ouvriers.
Il y a encore quelques années, la priorité de l’Etat cubain était la formation du plus grand nombre d’universitaires, une politique éducative qui doit être aujourd’hui révisée puisque le secteur économique a perdu une grande partie de sa main-d’œuvre qualifiée.
De plus, les observateurs affirment que donner du travail à cette énorme masse de professionnels implique une augmentation du personnel de bureau au sein des entreprises et un déséquilibre entre la masse d’employés administratifs et les ouvriers, un fait qui engendre une diminution de la productivité nationale.
Selon le ministre, Cuba vit un véritable paradoxe, l’Etat a formé plus d’un million d’universitaires, et manque d’ouvriers qualifiés à hauteur de 111 000 postes dans les domaines de la technologie et des sciences basiques. Par conséquent, à l’avenir, la formation sera en accord avec les besoins du marché du travail. Pour parvenir à cet objectif, le nombre de places dans les universités a été réduit de 40 %, le domaine des sciences humaines et sociales a été le plus sévèrement affecté. A la place, les autorités se proposent de former les étudiants comme techniciens moyens et des cours sont proposés pour former au mieux les ouvriers.
Alexander Masoya, directeur national à la Formation Technique et Professionnelle du Ministère de l’Education, a déclaré que les programmes d’études avaient été changés pour rendre plus performante la formation des techniciens et des ouvriers. Cependant de nombreux jeunes souhaitent poursuivre des études universitaires.
Pour rappel, Fidel Castro a, dès 1961, nationalisé les universités, et autres écoles, et les a rendues gratuites. Avec la « Ley de Nacionalización de la Enseñanza », Il n’y a aucuns frais pour les étudiants désireux de poursuivre leurs études.
« Auparavant, nous dispensions aux étudiants des filières techniques un nombre d’heures de formation de ‘culture générale’ trop important, ce au détriment des heures de formation directement liées à leur filière » a-t-il expliqué.
L’autre point clé et la formation d’ouvriers qualifiés, abandonnée ces dernières décennies « l’objectif est d’inverser la pyramide, et depuis que nous avons commencé le programme, le nombre d’étudiants formés dans les filières techniques a augmenté : 7 000 élèves l’an passé, un nombre qui doit être doublé en 2011. » a affirmé Masoya. Il a précisé que même si des problèmes subsistent dans la mise en place de cette réforme « cette éducation est la plus chère de toute parce qu’il s’agit d’apprendre tout en pratiquant. Pour cette raison, nous mettons en relation les étudiants avec environ 3 000 ‘classes annexes’ situées au sein même des entreprises ».
Pour le moment, le déséquilibre existe encore puisque le nombre de techniciens est 15 fois supérieur à celui des ouvriers. Masoya affirme que cela s’explique par « l’idéalisme social » et que cela prendra plusieurs années pour changer les mentalités.
Emilio Hernández sous-directeur à l’Institut Polytechnique « Villena Revolución », signale que sur le total des élèves, 80 % étudient pour devenir des techniciens moyens, contre 20 % qui aspirent à devenir des ouvriers agropécuaires. Le processus sera long, car beaucoup souhaitent devenir techniciens moyens pour accéder par la suite à l’université, un but que la société a longtemps mis en tête des jeunes cubains.
(Aline Timbert)