Guatemala : L’état de siège est déclaré à Petén suite à l’assassinat de 27 ouvriers agricoles

Le chef de l’Etat du Guatemala, Alvaro Colom, a déclaré le 16 mai l’état de siège dans la région de Petén, près du Mexique, ce pour une durée de 30 jours, suite au massacre de 27 fermiers survenu le week-end dernier. Cette décision dote l’armée de pouvoirs exceptionnels, dont celui de détenir des suspects sans mandat, et permet également de limiter les manifestations publiques pour des raisons de sécurité.

La police du Guatemala a été placée, mardi, en état d’alerte maximum après avoir reçu des dizaines d’appels téléphoniques de menaces en réaction aux procédures d’arrestation des membres du cartel criminel d’origine mexicaine, Los Zetas, qui sont accusés d’être à l’origine du massacre de 27 travailleurs agricoles dans une ferme, a informé le gouvernement.

Le cartel de narcotrafiquants los Zetas, est considéré comme l’un des plus dangereux du Mexique et d’Amérique Central, comme le soulignait il y a peu la Procureure Générale de la République mexicaine, Marisela Morales. Los Zetas est un groupe armé illégal, d’une rare violence, intégré dans sa grande majorité par des tueurs à gage mexicains et des anciens militaires guatémaltèques, ils « ont pris le contrôle » de Alta Verapaz au Guatemala depuis la fin 2009.

« L’alerte maximale de sécurité a été déclenchée au niveau national » a annoncé le ministre de l’intérieur, Carlos Menocal. Il a ajouté que l’enquête sur la tuerie perpétrée le week-end dernier dans une ferme de Petén, dans le nord du pays, avançait, ce sont 27 travailleurs agricoles dont deux femmes qui ont ainsi été retrouvées sans vie, toutes les victimes ayant été sauvagement décapitées.

« Des opérations de police sont menées non seulement à Petén, mais aussi sur le reste du territoire. Nous avons des informations et nous travaillons d’après celles-ci » a déclaré Menocal. Il s’agit du plus important massacre perpétré au Guatemala depuis la fin de la guerre civile survenue en 1996. Le ministre a expliqué que la ligne téléphonique d’urgence de la Police Nationale Civile avait reçu de nombreux appels menaçant de représailles les forces de l’ordre si les opérations se poursuivaient.

Après le massacre, des dizaines de policiers et militaires ont été déployés dans la région de Petén, une zone marquée par la forêt tropicale à la frontière avec le Mexique, qui se trouve fort malheureusement sous le contrôle de bandes criminelles, des narcotrafiquants qui imposent la loi de la terreur. L’état de siège a donc été proclamé dans la nuit de lundi à mardi par les autorités gouvernementales afin d’assurer la sécurité de la population et procéder à des investigations approfondies (fouilles de maisons, barrages policiers…) afin de retrouver les responsables de cet acte de barbarie.

Ce sont trois suspects qui ont pour le moment été arrêtés, deux dans la journée de mercredi, alors qu’ils se trouvaient dans le département de Petén, lieu même où les dépouilles de victimes ont été retrouvées. Un autre suspect avait été arrêté la veille (mardi 17 mai) dans la région voisine de Alta Verapaz, des informations révélées par les forces de police, qui au vu du climat de menaçant, ont préféré garder l’anonymat. Les personnes arrêtées mercredi sont Porfirio García, capturé dans un atelier de mécanique où les policiers ont trouvé des véhicules qu’ils soupçonnent de servir aux tueurs à gage, ainsi que Toribio Barreno Pérez, qui a été attrapé dans un camp qui servait de refuge aux membres du cartel qui opère dans la région, au beau milieu de la forêt tropicale. L’individu arrêté mardi à Alta Verapaz est quant à lui soupçonné de à trois enlèvements et homicides survenus dans la « finca » (propriété agricole). De plus les autorités ont identifié une vingtaine d’anciens membres de l’armée guatémaltèque qui travaille désormais pour le compte de Los Zetas. Les anciens militaires surveillent les proches, les amis et veillent sur les affaires de Otto Salguero, un individu recherché par Los Zetas et qui aurait dû être tué lors du massacre du week-end dernier. En effet, les tueurs à gage ont exécuté les travailleurs alors qu’ils les interrogeaient sur l’endroit où se trouvait leur patron, le propriétaire de la « finca » Los Cocos. Ce dernier pourrait avoir des liens avec les narcotrafiquants, selon un article publié par le journal « Prensa Libre », Otto Salguero aurait pu substituer pour son compte personnel près de 2000 kilos de cocaïne aux membres de l’organisation criminelle. Trois personnes ont réussi à survivre à cette attaque et demeurent depuis les faits sous haute protection policière.

Pour rappel, le cartel de narcotrafiquants Los Zetas, est également accusé d’être à l’origine du terrible charnier de plus de 150 corps découvert au Mexique au mois d’avril dans la municipalité de San Fernando à Tamaulipas (nord-est du pays).

Le père du propriétaire, Juan José Salguero, nie toute implication de son fils Otto Salguero, dans le trafic de drogue et a déclaré que si son fils avait fui c’est parce qu’il recevait depuis presque un an de nombreuses menaces de mort « je peux le jurer sur ma vie et sur celle de mon fils, Otto n’est pas un trafiquant, il a fui parce qu’on voulait le tuer ». La mère de Otto Salguero a affirmé qu’elle ignorait pourquoi ces assassins en avaient après leur enfant précisant qu’il s’agit d’un « travailleur honnête qui n’a jamais fait de mal à personne et qui aide son entourage dès qu’il le peut ». Juan José Salguero regrette de ne pas avoir pu assister aux funérailles des victimes de la tuerie qui étaient tous des travailleurs saisonniers en provenance de Izabal, il a toutefois présenté ses condoléances aux familles des victimes.

Par ailleurs, face à la multiplication des actes de violence sur son propre territoire mais aussi chez son voisin (le Guatemala), le gouvernement du Mexique a averti qu’il allait investir 2000 millions de pesos (170 millions de dollars) afin d’améliorer les infrastructures, l’équipement et la technologie dans le but d’empêcher que ne transitent par la frontière avec le Guatemala, des armes, de la drogue, des produits de contrebande mais aussi un flux migratoire irrégulier, selon une déclaration faite mercredi par le secrétaire d’État, José Francisco Blake Mora.

Suite à cette recrudescence des violences au Guatemala, qui survient de plus dans une région fortement touristique, le Quai d’Orsay a émis un bulletin dès le 18 mai qui déconseille aux visiteurs étrangers de se rendre dans la région :

« Suite à de graves violences perpétrées le 15 mai 2011 dans le département du Peten, l’état de siège y a été décrété. Des forces de police et de l’armée s’y trouvent actuellement en opérations, notamment près des villes de Sayaxché et Santa Elena. L’agence officielle d’assistance aux touristes ASISTUR recommande aux voyageurs de ne pas s’y rendre.
Il est donc fortement déconseillé aux voyageurs de se déplacer dans le département du Peten, où se trouvent l’aéroport international de Flores et plusieurs sites archéologiques, Tikal notamment, jusqu’à la levée de l’état de siège. »

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