Le Cône Sud est victime d’une vague froid glaciale, les populations des Andes grelottent également !

Le froid a fait frissonner le Cône Sud (Amérique du Sud) en ce début du mois de juillet faisant 22 morts et créant des situations singulières dans différents endroits comme l’apparition de la neige dans le désert chilien d’Atacama, la nécessité de couvrir les orangs-outans du zoo de Rio de Janeiro avec des couvertures, ou encore l’image des stades d’Argentine devenus des patinoires alors que se déroule la Coupe d’Amérique de Football (la Copa America).

Au Paraguay ce sont 10 décès qui sont à déplorer, suivi de l’Uruguay avec six morts, l’Argentine avec trois morts et le Brésil avec trois victimes mortelles. La majorité des morts vivait dans la rue, les victimes sont décédées majoritairement d’hypothermie mais certaines ont également été intoxiquées au monoxyde de carbone, un gaz toxique dégagé par des appareils de chauffage précaires.

Desert d’Atacama

Les régions du désert Atacama -Arica, Tarapacá et Antofagasta situées entre 2000 et 1000 km de la capitale Santiago, ont été les plus affectées au Chili avec des chutes de neige et des pluies verglacées dans ce désert habituellement le plus sec de la planète, peu préparées à ce genre d’intempéries, ce sont 3 500 personnes qui ont été sinistrées. La saison hivernale a débuté fort puisque dans la ville aride de Arica (à 2 000 km au nord de Santiago) il est tombé environ 3,4 mm de pluie soit la même quantité d’eau tombée en 10 ans.

Au-délà du Cône Sud (composé de l’Argentine, le Chili, l’Uruguay, on inclut aussi le Paraguay et les États méridionaux du Brésil) les températures dans la zone andine de Bolivie sont descendues entre -15°C et -20°C dans le sud du département de Potosí, à la frontière avec le Chili, subissant ainsi les plus fortes tombées neigeuses de ces dix dernières années. Vendredi 15 juillet, l’armée bolivienne est venue secourir 38 personnes, parmi lesquelles un couple de touristes suisses, dix civils et 26 soldats qui étaient restés bloqués à Potosí en raison des importantes chutes de neige, selon une information communiquée par le gouverneur du département, Félix Gonzáles. Lors de déclarations effectuées à l’agence bolivienne d’information, F.Gonzáles a confirmé que deux touristes et quatre autres personnes avaient été évacués du centre d’hébergement « Ojo de Perdiz », situé dans la zone de Silala, tandis que les soldats et le reste de civils ont été évacués du poste militaire de Laguna Verde. Le gouverneur a précisé qu’ils se trouvaient tous en bonne santé, les touristes ayant été évacués à Uyuni et les citoyens boliviens, y compris les militaires, à Quetena Chica. Le ministère de la Défense, et le vice-ministre de la Défense Civile ainsi que le gouvernement de Potosí ; et la 10e division de l’armée ont participé à cette opération de sauvetage qui a mobilisé deux ambulances et des autres véhicules visant à porter secours aux victimes de ces intempéries. Malgré cet incident, la ministre de la Planification,Viviana Caro, n’a pas jugé opportun de déclarer l’état d’urgence à Potosí, jugeant ce phénomène neigeux isolé. Toutefois, il s’agit des pires chutes de neige que la Bolivie ait enregistrées depuis 60 ans. Un dernier bilan fait état de 35 morts et de 7000 sinistrés en raison du froid humide qui s’abat dans le pays y compris à La Paz, la capitale.

Environ 100 000 têtes de bétail, majoritairement des lamas et alpagas, risquent de mourir dans le département andin de Potosí, si ces conditions météorologiques venaient à perdurer. L’élevage des lamas, alpagas et vigognes est l’une des principales activités économiques des paysans andins, ces animaux pourvoient une chair pauvre en matières grasses et une laine qui sert à la confection des vêtements. Ce froid avoisinant les -20°C pourrait se prolonger jusqu’à la fin du mois de juillet.

 » Nous avons au moins 100 000 bêtes qui risquent de mourir » a affirmé Lucio Tito, chef de la Contingencia del Ministerio de Desarrollo Rural, qui a ajouté « nous sommes en train d’élaborer un plan de sauvetage pour le bétail affecté ».

Dans les Andes péruviennes, et plus particulièrement dans la région de Puno, le froid est tout aussi glacial, le Service National de Météorologie et d’Hydrologie du Pérou (Senamhi) a confirmé que les gelées pourraient s’intensifier durant la deuxième quinzaine de juillet apportant des chutes de neige dans une zone située à plus de 4 000 m d’altitude au-dessus de la mer. Les gelées pourraient également atteindre les zones proches du lac Titicaca, fait plutôt rare puisque dans cette zone les températures ne descendent pas habituellement en dessous de zéro, mais tout laisse à croire que cet hiver va être d’une vigueur exceptionnelle.

Anticipant cette situation, la région de Puno a déclaré au moins de juin la situation d’urgence en raison des basses températures enregistrées qui affectent la santé des populations, les cultures et l’élevage, dans une zone déjà pauvre du Pérou. Cette mesure qui concerne 13 provinces et 109 districts du département comprend un plan d’urgence afin d’épargner des victimes innocentes. Pour sa part, le Conseil Régional a demandé le soutien du ministère de la Santé pour mobiliser du personnel (médecins, infirmières, nutritionnistes…) pour les populations les plus reculées et prendre ainsi en charge les malades et les plus fragiles. C’est le manque d’infrastructures médicales qui nuit énormément aux populations, les enfants et les personnes âgées manquent de soins, ce qui conduit parfois à des dénouements tragiques. En 2009, 60 personnes étaient décédées dans la région parmi lesquelles 40 enfants morts de pneumonie et d’autres maladies respiratoires. 2011 devrait connaître un sort à peu près identique, car il semblerait que les autorités n’aient pas tiré de leçons du passé à moins que des mesures efficaces soient prises rapidement. Pour le moment la Direction Générale Épidémiologique du Ministère de la Santé ou la Dirección General de Epidemiología (DGE) du ministère de la Santé a informé que 114 enfants étaient décédés sur le territoire national de complications pulmonaires depuis le début de l’année principalement dans les départements les plus pauvres, Loreto (16 victimes), Puno (13 décès), ainsi qu’en Amazonie et à Junín (31 victimes) mais aussi à Lima (10 victimes). Face à ces chiffres alarmants, des dizaines d’entreprises privées et organisations non-gouvernementales ont organisé des collectes de vêtements afin de les faire parvenir dans les zones les plus reculées, ce fut le cas grâce à la campagne débutée au mois de mai “Demos calor a Puno” encadrée par l’association Solaris Perú et l’agence RPP Noticias. Une initiative qui a permis de récolter 26 t de vêtements chauds et de denrées non périssables qui seront distribués à 2979 familles en situation de pauvreté parmi les 43 communautés résidant à plus de 3 850 m d’altitude, et de fait, particulièrement sensibles à la baisse des températures.

Sans abris de Buenos Aires

Dans la localité argentine de Paso de los Libres, située dans la province de Corrientes, les températures sont descendues jusqu’à -4°C, la température la plus basse enregistrée depuis ces 50 dernières années. Dans le sud de la province de Buenos Aires, il est tombé des chutes de neige inhabituelles dans les localités de Carmen de Patagones et Stroeder. Le 3 juillet, à Mar del Plata (à 400 km au sud environ de la ville de Buenos Aires), principal pôle touristique de la côte atlantique et l’un des lieux retenus pour la Coupe d’Amérique, le froid a engendré d’importantes chutes de neige, de même que dans la ville balnéaire de Miramar.

En Uruguay, le froid a tué six personnes, dont 5 sans domicile fixe de Montevideo, ville où résident plus de 650 sans-abri, une situation qui a suscité de nombreuses interrogations politiques. Le président José Mujica a ordonné que les SDF soient placés dans des refuges de façon systématique et le Parlement uruguayen a approuvé en urgence une loi permettant de protéger, malgré eux, les SDF ont les plaçant dans des centres même contre leur volonté.

Le froid a également atteint le Brésil de façon plus intense qu’à son habitude en cette période de l’année, Sao Paulo a enregistré des températures plus basses qu’en 2003 avec une moyenne de -3,8°C dans la ville de Campos de Jordao. Le parc zoologique de Gramado, à Rio Grande do Sul, s’est paré de couleurs hivernales, obligeant les soigneurs à mettre des couvertures à disposition des orangs-outans ou encore à disposer des systèmes de chauffage pour les animaux amazoniens non adaptés au froid.

(Article rédigé par Aline Timbert)

vidéo abctvparaguay le 11 juil. 2011

vidéo telesurtv le 6 juil. 2011

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