La Pinacothèque de Paris s’apprête à présenter au public une exposition aussi riche que troublante intitulée « Les masques de jade mayas » à partir du 26 janvier (jusqu’au 10 juin 2012), probablement l’un des évènements culturels les plus attendus de l’année. Pour rappel, les civilisations précolombiennes avaient déjà été mises en valeur par le musée lors d’une précédente exposition (qui s’était tenue du 10 septembre 2010 au 06 février 2011) axée sur l’empire incaïque « L’or des Incas: origines et mystères » ; une collection d’objets précieux de la majestueuse civilisation andine en provenance de divers musées péruviens et de cinq musées européens, qui avait captivé les visiteurs et rencontré un franc succès.
Cette année, la Pinacothèque exposera donc pour la première fois en France des masques des cérémonies funéraires mayas en jade comme élément central des rites d’inhumation des gouvernants de cette fascinante civilisation méso-américaine. Une présentation qui était initialement prévue en 2011, mais qui avait été suspendue après l’annulation de l’Année du Mexique en France. En effet, l’exposition devait être inaugurée l’année dernière dans le cadre des festivités organisées pour l’Année du Mexique en France, mais avait été finalement annulée après les tensions survenues entre la France et le Mexique au sujet de la détention de la ressortissante française, Florence Cassez, incarcérée au Mexique pour enlèvement et séquestration et condamnée à une peine de 60 ans de prison.
Le directeur de la Pinacothèque de Paris, Marc Restellini, avait alors annoncé, à regret, l’annulation de l’exposition « Les masques de jade mayas » en février 2011 alors que l’ouverture était prévue le 1er mars.
« Mexico a annulé ses prêts à l’exposition en raison de la dégradation des relations avec la France ces derniers jours », avait-il déclaré.
L’exposition qui aura finalement lieu révélera 147 pièces mises au jour sur les sites archéologiques de Palenque, Calakmul, Dzibanché et Oxkintok. Toutes ont été trouvées ces dix dernières années au sud-est du Mexique, sept tombes ont été ainsi ‘reconstituées’ par les archéologues et permettent de réunir pour la première fois les parures funéraires complètes, mettant ainsi en valeur les masques, colliers, bagues, plastrons et petites figurines rituelles. Tous les objets seront ainsi représentés pour l’exposition tels que les scientifiques de l’Institut National d’Anthropologie et d’Histoire (INAH) ou d’autres institutions les ont découverts. L’un des objets les plus emblématiques de cette exposition sera, sans nul doute, le masque funéraire de l’empereur Pakal, gouvernant de la cité de Palenque, entre l’an 615 et 683, il s’agit du seul dirigeant identifié avec son masque de jade vert et ses bijoux. La teinte verte du jade, symbole de vie pour les Olmèques comme pour les Mayas, est considérée comme magique. Des bijoux et masques de jade accompagnent donc le souverain défunt dans sa tombe, ils ont une valeur prophylactique.
Le masque funéraire de Pakal (ou Pacal) est entièrement en mosaïque de jade, ce masque mortuaire de 24 cm de haut, représentant le souverain de Palenque, était plaqué sur le visage du défunt. Avec ses yeux de coquille, de nacre, et d’obsidienne (verre naturel magmatique), il comporte près de 200 éléments, patiemment remontés par l’équipe de l’archéologue Alberto Ruz. Dans la bouche du défunt, le signe en forme de T est une amulette protectrice.
C’est la première fois que ces pièces sont ainsi réunies et exposées en dehors du Mexique. Le Musée National d’Anthropologie et d’Histoire du Mexique avait inauguré le 12 août 2010 dans la Salle des Cultures indigènes du Musée National d’Anthropologie (Sala de Culturas Indígenas del Museo Nacional de Antropología) une exposition temporaire « Les Visages de la Divinité. Les mosaïques mayas en pierre verte », qui révélait pour la première fois les parures funéraires de six hauts dignitaires mayas, morts il y a plus de 1000 ans.
Les pièces exposées proviennent des États du Campeche, Quintana Roo, Yucatán, Tabasco et du Chiapas « et la reconstitution de ces tombes ainsi que la présentation des masques funéraires permettent pour la première fois l’interprétation complète du symbolisme funéraire » a affirmé la commissaire de l’exposition, Sofía Martínez del Campo Lanz.
Comme l’avait souligné lors de l’exposition mexicaine la spécialiste Sofía Martínez del Campo Lanz « Les masques funéraires qui sont comme des portraits de ces illustres personnages, sont formés de jade, de coquillages, d’obsidienne, et d’hématite, parce que ces matériaux renvoyaient au domaine du spirituel et qu’ils représentaient le divin ». Le masque était un élément fondamental dans les rites funéraires, car selon les croyances mayas, il permettait aux gouvernants d’accéder au statut de divinité après leur mort. Martínez a également précisé que, « de même que la régénération de l’Homme de maïs, le masque était un élément fondamental à leur survivance, une fois le mandataire décédé, ce rituel était recréé pour invoquer et personnifier la divinité ». Elle précise que « le masque de jade avait pour fonction de transformer le visage du défunt en image divine afin qu’il puisse explorer l’inframonde ».
L’année 2012 marque la fin d’un cycle dans le calendrier maya, un regain d’intérêt envers cette civilisation s’est donc manifesté cette année avec les spéculations autour d’une fin de monde annoncée !
Le 21 décembre 2012 marquera la fin de 13 baktunes (unité de temps chez les mayas), soit la fin d’un cycle de 5 125 ans dans le calendrier des mayas, cette date symbolisera donc le début d’une nouvelle ère.
Alors, ne manquez pas cette plongée dans la cosmogonie élaborée et envoûtante de cette culture millénaire avec l’exposition parisienne !
(Aline Timbert)
Les Masques de jade mayas
du 26 janvier 2012 au 10 juin 2012
Pinacothèque de Paris
28, place de la Madeleine
75008 Paris
Les tarifs :
- Le billet simple
Plein tarif 10 €
Tarif réduit* 8 €
Plein tarif internet 11,50 €
Tarif réduit internet* 9,50 €
Les billets jumelés : deux formules :
- Une exposition au choix & Les Collections
Plein tarif 17 €
Tarif réduit* 13 €
Plein tarif internet 18,50 €
Tarif réduit* 14, 50 €
- Deux expositions au choix & Les Collections
Plein tarif 20 €
Tarif réduit* 16 €
Pour acheter les billets en ligne, cliquez-ici
Pour poursuivre la découverte :
Le catalogue de l’exposition (disponible à partir du 27 janvier 2012)
Le catalogue rend compte d’une décennie de recherches et de restaurations, menées par les plus grandes institutions mexicaines sous la responsabilité de Sofía Martínez del Campo Lanz, experte renommée et auteur des textes du catalogue. Les pièces de l’exposition y sont reproduites intégralement, accompagnées de vues d’ensemble des sites archéologiques en couleur et de schémas explicatifs. L’approche scientifique, associée à des encarts explicatifs, permettra aux connaisseurs comme aux néophytes d’apprécier justement la profondeur de la culture maya.
Éditions Pinacothèque de Paris – Relié – 24,5 x 28,5 cm – 49 €
L’album de l’exposition (disponible à partir de janvier 2012)
L’album retrace le parcours de l’exposition et offre des reproductions de grande qualité des principales œuvres présentées, dans un format original.
Éditions Pinacothèque de Paris – Broché – 33 x 24 cm – 9,50 €