Pérou : Arteria cultural, une revue qui donne le pouls de la vie amazonienne

Cultures tropicales
Par David Riendeau

Nouveau joueur dans les médias régionaux, Arteria cultural (Artère culturelle) souhaite apporter un peu de sang frais à la société amazonienne du Pérou. Une vingtaine de collaborateurs, journalistes, artistes et acteurs culturels ont participé à l’élaboration d’une première mouture, disponible depuis le 1er mars dernier. La revue, très colorée, mélange le reportage, la littérature et l’essai. Pour ce « numéro zéro », Arteria cultural dresse un portrait du premier cinéaste autochtone de la région, fait une réflexion sur la place de l’artiste dans la société amazonienne, et consacre un espace aux contes et à la poésie.

Le directeur de la nouvelle publication, Carlos Cook Morris, multiplie les projets sur la scène culturelle d’Iquitos, dans la région de Loreto. En plus de terminer ses études universitaires en communications, celui qui se décrit comme « activiste culturel » a fondé en 2008 l’Association culturelle Nous sommes dans la rue qui a mené à la création d’un festival de culture urbaine et de musique hip hop. Il est actuellement le directeur du Canal 14 Iquitos, antenne de télévision locale.

Actu latino (AC) : D’où est venue la motivation de créer ce projet de revue?
Carlos Cook Morris (CCM) : Notre principal motif est la presque absence d’information sur la culture amazonienne dans les médias électroniques, tant au niveau national qu’international. La revue offre une plate-forme que le milieu culturel demandait à grands cris.
À Iquitos, par exemple, plusieurs artistes de talent pratiquent leur métier dans la presque indifférence généralisée parce qu’il n’existe pas de média qui les fassent connaître au niveau local ou à plus grande échelle. Peut-être qu’Arteria cultural représentera ce média que beaucoup recherchent afin d’avoir droit à une certaine reconnaissance. C’est ce que nous avons tenté d’exprimer dès notre édition zéro.

AC : Le texte « Comment être un écrivain en Iquitos » parle d’une ville de 500 000 habitants isolée dans la jungle. Existe-t-il un marché suffisamment grand qui permette à un écrivain de vivre de son art? Doit-il émigrer à la capitale?
CCM: L’auteur du texte, l’écrivain de Loreto, Cayo Vasquez, mentionne qu’en vérité, il est presque impossible d’être écrivain au Pérou. L’un de nos plus grands représentants, le Prix Nobel, Mario Vargas LLosa, a dû quitter le pays afin de connaître le succès ou du moins, pouvoir vivre de sa plume.
La majorité de ceux qui se consacrent à l’écriture en Amazonie sont autodidactes. Je vous invite à jeter un coup d’œil à cette vidéo pour mieux comprendre cette réalité. http://youtu.be/DIyhAKD75LI (en espagnol)

AC: Les gens de villes aussi éloignées qu’Iquitos, Pucallpa ou Yurimaguas ont-ils un bon accès à leur propre culture? Subissent-ils l’influence des produits culturels de la capitale?
CCM : Je ne dirais pas que Lima représente une menace à ce sujet, sinon qu’il existe au pays une problématique dans la gestion de son image. Tous associent notre pays au Machu Picchu. Les gens connaissent la côte et la montagne, mais oublient la jungle. La partie amazonienne a été mise de côté pendant plusieurs décennies, même si le pays retirait de nombreux bénéfices de l’exploitation pétrolière dans cette région.
Les différentes régions de l’Amazonie péruvienne que sont le Loreto, Amazonas, San martin, Ucayali et Madre de Dios ne bénéficient pas d’un bon accès à leur propre culture. Un des objectifs de notre revue sera de tisser des liens entre ces régions.

AC : À quelle fréquence la revue sera publiée? Je n’ai pas aperçu de publicité dans vos pages. Vous la financez de votre poche?
CCM : Pour l’instant, tout est encore virtuel. Nous souhaiterions imprimer à partir du quatrième numéro avec un tirage de 1000 copies sur une base mensuelle.
Aussi, je finance le projet. Dans peu de temps, nous allons établir une stratégie de collecte de fonds pour assurer sa survie. Nous envisageons également facturer un certain montant pour le téléchargement de la revue à partir du sixième numéro. Mais disons que je suis plus préoccupé par le développement du contenu, afin qu’il soit un reflet fidèle de la culture dans la région.

Plus d’informations sur http://arteriacultural.net/

(David Riendeau)

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