Bolivie : Evo Morales s’apprête à célébrer le solstice d’été (le 21/12) sur les eaux du Titicaca

Le gouvernement bolivien célébrera en grande pompe (un coût estimé à 1,1 million de dollars) ce 21 décembre le solstice d’été, symbole de renouveau, de fertilité de la terre et de fécondité (Pachamama) pour les communautés aymaras. Une date qui coïncide également cette année avec la fin d’un cycle du calendrier maya, comme l’a souligné le ministre David Choquehuanca d’origine colla.

« Il y a différents regards sur cette date. Il y a ceux qui l’envisagent comme la destruction, mais ce n’est pas cela (…) C’est le début d’une ère d’équilibre », a-t-il déclaré ajoutant « nous disons que c’est la fin de la Macha (déséquilibre) pour entrer dans la Pacha (équilibre). C’est pour cela que nous évoquons le Pachakuti, le retour à l’équilibre ».

Construction de l’embarcation

David Choquehuanca a expliqué que les rites indigènes andins qui seront pratiqués en cette journée festive sont liés à l’harmonie entre la nature et l’être humain, des célébrations qui auront lieu sur l’île du soleil, sur le lac Titicaca (L’Isla del Sol est le véritable centre de la mythologie inca), situé au nord-ouest de la capitale La Paz, à la frontière avec le Pérou. Le président de l’Etat plurinational de Bolivie, le socialiste Evo Morales, participera à cet évènement sur les eaux du lac mythique d’où seraient originaires, selon la légende, le couple fondateur de la civilisation inca, Manco Cápac et Mama Ocllo. Depuis l’arrivée au pouvoir du chef de l’État en 2006, la célébration du Nouvel An aymara durant le solstice d’été, le 21 juin, est reconnue comme un jour férié (Décret 173 du 17 de juin 2009), permettant de célébrer le Willka Kuti comme il se doit à travers le pays. Mais comme a tenu à la préciser le ministre des Affaires étrangères, ce sera la première année que le phénomène solaire de l’été austral (dans l’hémisphère sud) sera ainsi célébré de manière publique.

Embarcation Thunupa

David Choquehuanca a d’ores et déjà visité l’île Suriki pour s’informer de l’évolution de la construction de l’embarcation en roseaux ouschoenoplectus californicus (un jonc aquatique endémique à l’île du Titicaca, droit et flexible) de 15 m de long et de 4,5 m de large qui accueillera le chef de l’État et d’autres dignitaires, un ouvrage réalisé sous la houlette de Porfirio Limachi pouvant réunir près de 40 personnes. La construction a été confiée à la communauté native du lac Titicaca, la plus haute surface navigable au monde situé à 3800 m au-dessus du niveau de la mer, les habitants sont réputés pour leur habilité à confectionner des embarcations ou « caballito de totora » pouvant supporter de longues heures de navigation. L’embarcation baptisée Thunupa (Thunupa est le nom d’une divinité du peuple colla qui le considère comme le Dieu suprême, créateur de la Nature. Il s’agit du Dieu du feu en référence au volcan éponyme situé aux abords du Salar de Uyuni), en l’honneur d’une déité andine, sera utilisée par le président pour diverses cérémonies en rapport avec la célébration du solstice d’été, celui-ci doit convier à ses côtés des diplomates ou encore des dirigeants indigènes et autres dignitaires. L’embarcation doit voyager cinq jours avant la date du 21 décembre en différents lieux du lac Titicaca transportant à son bord « un feu sacré » qui sera déposé le jour J sur l’île du soleil. À cette occasion, le gouvernement bolivien a mis sur pied une fête culturelle en rapport avec la fin d’un cycle et l’accueil d’un nouveau « un cycle d’équilibre et d’harmonie pour la terre-mère nourricière ». Durant les célébrations, les connaissances indigènes seront mises en valeur dévoilant un patrimoine culturel d’une grande richesse absolue. Le ministre rattaché à la culture, Pablo Groux, a précisé qu’un campement avait été dressé à proximité du lac pour accueillir les quelque 5000 personnes qui comptent participer au solstice d’été, célébration cosmique qui fait partie du processus de récupération de la « dignité, souveraineté, spiritualité » indigène.

Ces formes d’expression de la culture andine seront donc parallèles à celles des natifs mayas qui, le 21 décembre 2012, accueillent un nouveau cycle, n’en déplaise aux oiseaux de mauvais augure qui prévoient la fin du monde. Des manifestations se préparent un peu partout en Amérique centrale et au Mexique, berceau de la civilisation maya, pour fêter l’événement. Parmi les lieux de célébration, les pyramides de Chichén Itzá au Mexique, de Copán au Honduras, de Tikal au Guatemala ou encore La Joya de Cerén au Salvador. Les présidents du Guatemala et du Honduras, respectivement Otto Pérez et Porfirio Lobo ont prévu d’assister en personne aux festivités mises en place dans leur pays, des célébrations empreintes de spiritualité qui devraient accueillir des millions de touristes.

« Les Mayas avaient une conception cyclique du temps, ils ne se préoccupaient pas de la fin du monde », a affirmé l’archéologue mexicain José Romero devant les interprétations apocalyptiques et fantasques réalisées par certains du calendrier maya. Le calendrier maya est composé de 18 mois de 20 jours, en plus du Wayeb, le mois sacré de cinq jours. Le B’aktun est l’unité la plus longue de ce système et correspond à 400 ans. La grande ère constitue une période de 5200 ans. Ainsi le 21 décembre 2012, selon le calendrier, ou plus précisément le 23 décembre selon les études, se conclut ce long cycle débuté en 3114 avant notre ère pour laisser place à un nouveau cycle énergétique marqué par « la reconstruction ».

Natifs aymaras

Le ministre des Affaires étrangères, David Choquehuanca, assure que la célébration du solstice d’été en Bolivie « doit marquer la fin des peurs, de la division et le début de l’unité dans le monde », de quoi rassurer les plus alarmistes à l’approche du 21 décembre 2012.

« Le 21 décembre, un évènement de grande importance pour la Pachamama va se produire. Des dirigeants des autres nations et des scientifiques du monde entier vont se déplacer sur notre lac sacré pour assister à ce changement annoncé par les Mayas», une déclaration faite par le chef État bolivien.

Agenda :

– 16 décembre Un hélicoptère doit déposer le président Evo Morales sur l’île de Kewaya. De là il empruntera une embarcation qui le conduira jusqu’à bahía Kachkachi, sur l’île de Suriqui. Evo Morales etrennera Thunupa. A Ukuma se tiendra l’acte cérémoniel dédié à la l’eau, un « fuego sagrado » (feu sacré) sera allumé de façon ancestrale (pierre et laine de brebis)
– 21 décembre Après cinq jours de navigation et au moins 200 km parcourus, le radeau Thunupa arrivera au matin sur l’île du soleil, le Président Morales sera là pour l’accueillir.

Pour plus d’informations, consultez le site ci-dessous :

http://www.21diciembre.bo/

(Aline Timbert)

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