Au début du mois de mai, le directeur général de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), José Graziano da Silva, a reconnu les efforts des autorités cubaines pour garantir la sécurité alimentaire à sa population. La FAO est un organe qui oeuvre pour permettre la sécurité alimentaire à l’ensemble des populations en veillant à ce que les êtres humains aient un accès régulier à une nourriture de bonne qualité qui leur permette de mener une vie saine et active.
Le mandat de la FAO consiste de fait à améliorer les niveaux de nutrition, la productivité agricole et la qualité de vie des populations rurales et à contribuer à l’essor de l’économie mondiale.
José Graziano da Silva a déclaré lors de son passage sur l’île des Caraïbes « Cuba est l’un des 17 pays au monde qui a déjà atteint l’objectif du Sommet mondial pour l’alimentation dont le but est de réduire de moitié le nombre absolu de personnes souffrant de la faim. Ceci a été rendu possible grâce au gouvernement cubain qui a fait du droit à l’alimentation sa priorité en adoptant des politiques concrètes ».
Les autres pays qui sont parvenus à remplir cet objectif de réduction sensible de la faim sont l’Arménie, l’Azerbaïdjan, le Chili, les Fidji, la Géorgie, le Ghana, le Guyana, le Nicaragua, le Pérou, les Samoa, la République de Sao Tomé-et-Principe, la Thaïlande, l’Uruguay, Venezuela, et le Vietnam. Les États, qui ont atteint leur objectif avant le délai fixé en 2015, recevront un diplôme reconnaissant leur réussite lors d’une cérémonie qui se tiendra le 16 juin, à Rome, lors de la conférence de la FAO.
Pendant sa visite à La Havane, Graziano da Silva a tenu à souligner que Cuba se trouve aujourd’hui dans une situation de sécurité alimentaire comparable aux pays développés avec un indice de dénutrition inférieure à 5 %.
La conférence de la FAO qui rendra donc hommage aux efforts accomplis par de nombreux pays qui ont été capables de réduire de façon significative les problèmes alimentaires sur leur territoire aura aussi pour but de rappeler l’objectif de l’organisation à savoir l’éradication de la faim, de la malnutrition et de l’insécurité alimentaire.
Graziano da Silva a salué la politique de Fidel Castro qui a été l’un des premiers à s’engager sur cette voie. Le directeur général a rappelé l’appel fait par le leader de la révolution lors du Sommet mondial de l’alimentation en 1996 en s’engageant à réduire de moitié le nombre absolu de personnes confrontées à la faim.
La visite du directeur général de la FAO avait été convenue durant le sommet CELAC–UE qui s’est à Santiago du Chili en janvier 2013, à cette occasion José Graziano da Silva et le président de Cuba (Raúl Castro Ruz), pays qui est en ce moment assure la présidence de la Communauté des états d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), se sont engagés à travailler conjointement pour placer la sécurité alimentaire comme une priorité dans l’agenda politique de la région dans le cadre de l’initiative Américaine latine et Caraïbe Faim Zero 2025.
Dans cette optique, une mission de la FAO se déplacera prochainement à Cuba pour discuter et planifier la sécurité alimentaire de la CELAC (Communauté d’États latino-américains et caraïbes). Graziano da Silva a souligné l’importance de la garantie du droit l’alimentation « il ne peut y avoir un véritable développement alors que 49 millions de personnes souffrent de la faim en Amérique latine et dans les Caraïbes ». Il a par ailleurs souligné qu’il avait assisté à un changement en profondeur au sein de la région ces dernières années « c’était difficile auparavant pour un gouvernement d’évoquer le problème de la faim. Aujourd’hui au contraire nous voyons l’émergence d’un engagement politique ferme, au plus haut niveau, dont l’objectif est de parvenir à son éradication. C’est un premier pas, et le plus important est d’avancer ».
La plus grande autorité de la FAO a déclaré que cet engagement se traduit par des projets concrets, des programmes et des lois de sécurité alimentaire au niveau de tous les pays, comme l’initiative « Faim zéro » (« Fome Zero ») lancée au Brésil, la Croisade contre la faim menée au Mexique et l’intégration d’Antigua et Barbuda au défi Faim Zéro lancée par le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, lors du Sommet Rio+20. Outre ces rencontres institutionnelles à Cuba, Graziano da Silva a rendu visite au Vivero Alamar, une coopérative d’agricultures périurbaines qui fait travailler 185 personnes. La coopérative produit près de 300 espèces et vend plus de 50 produits (fruits, légumes et plantes d’ornementation). Il faut savoir que paradoxalement, 70 % des personnes qui subissent la faim en Amérique Latine et vivent en situation de pauvreté extrême évoluent en zone rurale, nombreux sont ceux qui pratiquent une agriculture d’autosubsistance. L’objectif est donc de permettre à ces paysans d’augmenter leur productivité, il s’agit de faire en sorte que ces travailleurs puissent non seulement nourrir leurs propres familles, mais aussi leurs communautés.
Le défi « Zéro faim » (Zero Hunger Challenge) s’articule autour de trois axes majeurs :
-S’assurer que toutes les personnes dans le monde aient accès à des aliments sains et nutritifs tout le long de l’année.
-Veiller à l’éradication de la malnutrition pendant la grossesse ou pendant le plus jeune âge, car cela implique un retard de croissance chez les enfants, et entraine des dommages physiques et mentaux.
-Enfin faire en sorte que tous les systèmes alimentaires soient durables.
De son côté le nouveau Cadre stratégique, révisé, de la FAO pour la prochaine décennie réunit cinq Objectifs stratégiques qui sont définis comme suit :
1. Contribuer à éradiquer la faim, l’insécurité alimentaire et la malnutrition
2. Accroître et améliorer la fourniture des biens et services de l’agriculture, de la sylviculture et de la pêche de manière durable
3. Réduire la pauvreté rurale
4. Favoriser l’adoption de systèmes agricoles et alimentaires plus intégrateurs et efficaces à l’échelle locale, nationale et internationale
5. Renforcer la résilience des moyens d’existence face aux menaces et aux crises.
Pour plus d’informations, vous pouvez consulter le rapport 2012 de l’ONU sur les Objectifs du Millénaire pour le développement (voir lien ci-dessous). Les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), Millennium Development Goals en anglais, sont huit objectifs adoptés en 2000 à New York (États-Unis) par 193 États membres de l’ONU, et au moins 23 organisations internationales, qui ont convenu de les atteindre pour 2015.
Ces objectifs englobent de grands défis humanitaires : la réduction de l’extrême pauvreté, de la faim et de la mortalité infantile, la lutte contre plusieurs épidémies dont le SIDA, l’accès à l’éducation, l’égalité des sexes, et l’application du développement durable.
(Aline Timbert)