Pérou : Une trentaine de sarcophages Chachapoyas découverts dans l’Amazonas

Environ 35 sarcophages en bon état de conservation appartenant à la culture Chachapoyas, une civilisation précolombienne qui s’étendit sur environ 65 000 km²au nord du Pérou, ont été découvertes, de façon fortuite, par des habitants. Des informations qui ont été communiquées, jeudi 28 novembre, par le ministère du Commerce extérieur et du Tourisme péruvien. La culture Chachapoyas s’est développée entre l’An 700 après Jésus-Christ et 1500 de notre ère dans la région Amazonas, une zone caractérisée par la forêt tropicale humide.

Manuel Cabañas, directeur régional du ministère du Commerce extérieur et du Tourisme d’Amazonas, a déclaré « la découverte de 35 sarcophages a été faite par des habitants alors qu’ils se déplaçaient par le Cerro El Tigre dans le district de Jazán, province de Bongará ». La découverte a été faite au mois de juillet de cette année, mais la nouvelle n’a pas été rendue publique tout de suite « pour éviter le pillage et empêcher que des personnes extérieures ne parviennent sur le site où se trouvent les sarcophages ».

Les tombes abritent des ballots funéraires où sont préservées des momies, qui selon les premières recherches, appartiendraient à des enfants de la haute hiérarchie de la culture Chachapoyas.

Site archéologique de kuelap
Site archéologique de Kuelap

Des archéologues se trouvent actuellement sur place pour faire des recherches supplémentaires dans l’espoir de découvrir d’autres vestiges tout aussi fascinants. Les Chachapoyas, à l’instar des autres cultures précolombiennes, étaient très respectueux de leurs morts et pouvaient leur offrir deux sortes de sépultures : soit ils reposaient dans des sarcophages (purun-machu en quechua) ornés de figures anthropomorphes, des sépultures qui accueillaient un seul défunt, ou bien dans des mausolées (pukullo ou chullpa en quechua) qui faisaient office de tombes collectives.
Les dépouilles étaient alors abritées, ou plutôt dissimulées, dans des cavernes ou des cavités naturelles le plus souvent le long de grandes parois verticales impossibles d’accès. C’est le cas des sarcophages retrouvés cet été, l’isolement leur a permis d’échapper au pillage. La hauteur permettait également une meilleure conservation des momies, en les éloignant de la végétation elles évitaient ainsi l’humidité ambiante source de dégradation, sans oublier le vent qui permet d’assécher un peu plus les fardeaux.

Les sarcophages des Chachapoyas se composent de grandes parois faites de terre d’argile, de bois, et de paille, leur apparence humaine (tête, buste et corps) évoque les contours d’un être humain, l’ intérieur est vide, ce qui confère l’espace nécessaire pour abriter un illustre défunt : une momie assise et enveloppée dans des tissus lui servant de fardeau funéraire.

Les Chachapoyas rejetaient l’idée que le corps puisse être corrompu, dégradé, car la putréfaction mettait en péril l’existence du défunt dans l’au-delà et par conséquent son repos éternel.

Ce patrimoine d’exception et les mises au jour récentes motivent les autorités régionales à favoriser la valorisation des sites archéologiques pour inciter les touristes nationaux et étrangers à s’écarter des sentiers battus, et par conséquent des grands pôles d’attraction, comme la zone andine du Machu Picchu, pour découvrir d’autres richesses culturelles et naturelles.

« Le gouvernement régional d’Amazonas souhaite mettre en valeur la zone parce qu’il existe des sites archéologiques de grande importance, c’est pourquoi nous nous entretenons avec le ministère de la Culture pour estimer les investissements futurs », a signalé Manuel Cabañas.

Sarcophages de Karajia
Sarcophages de Karajia

Un ensemble de sarcophages impressionnants ont été révélés dès 1985, à Karajia, à 48 km au nord-ouest de la ville de Chachapoyas par l’archéologue péruvien Federico Kauffmann Doig grâce aux indications données par Carlos Torres Mas. Il s’agit de sarcophages composés d’argile, de bois et de paille. Ces structures rondes agrémentées chacune d’une tête humaine disproportionnée au visage très coloré sont dissimulées à flanc de falaise, ce qui permettait aux défunts de veiller sur la vallée en contrebas. Certains cercueils abritaient les dépouilles de nobles, mais les momies et offrandes funéraires ont malheureusement été saccagées par les pilleurs de tombes. Seules les personnes importantes telles que les chamans, les guerriers ou encore les hauts dignitaires étaient enterrées de la sorte.

Six des huit sarcophages sont toujours là, et semblent dominer l’environnement qui les entoure. Aujourd’hui, Karajia et ses six sarcophages perchés près des nuages constituent un site archéologique de grand intérêt.

Parmi les sites archéologiques majeurs appartenant à la culture Chachapoyas, l’on peut mentionner la forteresse de Kuélap, sublimement située à environ 3 000 m au-dessus du niveau de la mer et proposant aux visiteurs un superbe panorama sur la végétation environnante. Il s’agit de la cité la plus vaste et la plus importante de cette culture, un édifice plongé au cœur d’une végétation luxuriante. Sa structure principale est une imposante forteresse longue de 600 m et large de 120 m, en son sein se trouvent les vestiges de plus de 400 édifices circulaires autrefois couverts de toits de chaume pentus et coniques. Bien que certains vestiges proches de l’entrée principale remontent au VIe siècle après Jésus-Christ, ce que l’on sait, grâce à la datation au carbone 14, permet d’affirmer que la majeure partie de la construction a été bâtie par les Chachapoyas entre 900 et 1100. Les Incas lui ont par la suite ajouté quelques bâtiments après avoir soumis les Chachapoyas, pourtant de redoutables guerriers, dans les années 1470. Puis, pendant les trois siècles qui ont suivi la conquête espagnole, cette citadelle est restée oubliée du reste du monde jusqu’à ce qu’elle soit redécouverte en 1843 par Juan Crisóstomo Nieto.

Site de Kuelap
Site de Kuelap

À son apogée, Kuélap réunissait jusqu’à 3500 habitants, au milieu d’un voile de nuages, d’ailleurs le nom Chachapoyas signifie « peuple des nuages », une référence à leur environnement naturel aussi merveilleux qu’exigeant. Au Pérou, on appelle la forêt de nuages, la « ceja de la selva » à savoir le sourcil de la jungle. Perchées au-dessus du bassin amazonien, ces forêts s’étendent sur une bonne partie des Andes orientales du Pérou et se caractérisent par une biodiversité incroyable et un fort endémisme qui rend ce lieu unique. Cet écosystème fabuleux, éloigné de tout, abrite bon nombre d’oiseaux, de fleurs, d’insectes, de champignons… La beauté des paysages et le patrimoine culturel d’exception devraient favoriser la venue de visiteurs du monde entier !

(Aline Timbert)

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