La CEPAL constate une augmentation de l’extrême pauvreté en Amérique latine

Le rythme de la réduction de la pauvreté en Amérique latine ralentit, c’est ce qui ressort du rapport émis par la CEPAL pour l’année 2013 intitulé « Panorama social 2013 ». La Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes, dont le siège est à Santiago, au Chili, a remis sa publication annuelle, l’une des plus importantes de cet organisme régional des Nations unies, au mois de décembre, un rapport qui a été élaboré avec les chiffres communiqués par les bureaux officiels de statistiques, les banques centrales, les organismes internationaux et autres institutions officielles de chaque pays concerné.

Créée en 1948 et placée sous le contrôle du Conseil économique et social des Nations unies, dont elle constitue l’une des cinq commissions régionales, la Commission économique pour l’Amérique latine (CEPAL) publie l’Annuaire statistique de l’Amérique latine et des Caraïbes.

La pauvreté recule légèrement, mais l’extrême pauvreté augmente

Alicia Bárcena
Alicia Bárcena

Le 5 décembre, la représentante de la CEPAL a remis ses conclusions pour l’année 2013, parmi les grandes tendances socio-économiques, il est à noter que la pauvreté en l’Amérique latine a été chiffrée pour 2013 à 27,9 % (soit 164 millions d’individus concernés), soit une baisse de 0,3 % qui a été enregistrée par rapport à l’année 2012 : « ces résultats sont étroitement liés aux performances macro-économiques de la région (…) L’augmentation de l’indigence, plus particulièrement, a été générée par l’augmentation du coût des aliments au-dessus de l’inflation générale », peut-on lire dans le rapport. Le nombre de personnes en situation d’extrême pauvreté, ou indigence, représente 11,5 % des habitants de la région Amérique latine et caraïbe. La responsable de l’organisme, Alicia Bárcena, a affirmé « que depuis 2002 la pauvreté en Amérique latine a chuté de 15,7 %, celui de l’extrême pauvreté de 8 %, cependant les chiffres les plus récents montrent une décélération ». Plus inquiétant, le nombre d’habitants frappés d’extrême pauvreté* sont estimés à 68 millions, contre 66 millions en 2012, cela s’expliquerait par la hausse du prix des aliments.

Le Mexique est le mauvais élève de la région, avec un taux de pauvreté en augmentation

En  2012, le Venezuela, l’Équateur, le Brésil, le Pérou, l’Argentine, et la Colombie sont parvenus à réduire leur taux de pauvreté, tandis que le Costa Rica, le Salvador, l’Uruguay et la République dominicaine n’ont pas pu inverser la tendance. Seul le Mexique, sur les 11 pays analysés par la CEPAL, présente des chiffres plus importants pour l’année 2013, le pays affichant un taux de pauvreté en hausse.continent17012014-3

« Le Mexique est considéré comme un pays au fort développement humain, cependant, le bien-être ne bénéficie pas à toute la population, car les inégalités freinent le développement des habitants », a souligné Alicia Bárcena.
L’indice de développement humain (IDH) est un indice statistique composite, créé par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) en 1990 pour évaluer le niveau de développement humain des pays du monde. L’IDH se fonde sur trois critères majeurs : l’espérance de vie à la naissance, le niveau d’éducation, et le niveau de vie. Or, le Mexique est classé 61e sur 186 pays en matière de développement humain, des chiffres officiels font mention de 57 millions de Mexicains (soit 51 % de la population du pays) vivant dans des conditions de pauvreté, les municipalités les plus pauvres se situaient au sud du pays, tandis qu’au nord et au centre les populations bénéficient d’un niveau de vie plus élevée. Le plus gros handicap au Mexique et à ce jour le taux de mortalité maternelle, 1000 femmes décèdent chaque année au Mexique de complications liées à l’accouchement ou à la grossesse, dans 80 % des cas ces morts pourraient être évitées.

Au Venezuela, la pauvreté a diminué de 5,6 % en passant de 29,5 % à 23,9 tandis qu’en Équateur le chiffre est passé de 35,3 % à 32,2 %. Au Brésil, la pauvreté a également reculé, en 2012 elle était estimée à 20,9 % tandis qu’en 2013 elle avoisine 18,6 %. Le Pérou a également réussi à réduire le nombre d’habitants pauvres (25,8 % en 2013 contre 27,8 % en 2012), en Argentine le taux de pauvreté est descendu à 4,3 % (contre 5,7 pour l’année précédente) alors qu’en Colombie il se maintient encore à près de 33 % (32,9 % en 2013 contre 34,2 en 2012).

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Croissance économique selon la CEPAL

« La réforme fiscale est tout à fait positive sur la redistribution , c’est une très bonne nouvelle que la taxe sur la valeur ajoutée  (TVA ) n’a pas été adoptée sur l’alimentation et les médicaments », a-t-elle précisé.

Pour l’ensemble de la région, Mme Bárcena a souligné « qu’un changement structurel et une plus grande industrialisation sont nécessaires pour diminuer la dépendance à la production de matières premières, car il s’agit d’un facteur de haute vulnérabilité pour  la croissance ». Le Venezuela en est le parfait exemple !

Le rapport de la CEPAL est consultable à l’adresse suivante http://www.cepal.org/publicaciones/xml/9/51769/PanoramaSocial2013DocInf.pdf

*Selon le PNUD ou Programme des Nations Unies pour le développement « une personne vit dans la pauvreté extrême si elle ne dispose pas des revenus nécessaires pour satisfaire ses besoins alimentaires essentiels – habituellement définis sur la base de besoins caloriques minimaux […]. Une personne vit dans la pauvreté générale si elle ne dispose pas des revenus suffisants pour satisfaire ses besoins essentiels non alimentaires – tels l’habillement, l’énergie et le logement ».

(Aline Timbert)

Un commentaire

  1. À population égale, une réduction de l’écart entre la base et le sommet de la pyramide sociale, et des inégalités qu’il traduit, s’accompagne d’une augmentation du nombre de pauvres alors que l’accroissement de cet écart a pour corollaire sa diminution.
    Et quand la pyramide se développe, sous le double effet de l’augmentation de la population et des richesses que celle-ci produit, plus son sommet s’éloigne de sa base. Ainsi, la distance qui les sépare pourra demeurer inchangée si la base de la pyramide est élargie. Ce qui revient à dire qu’une augmentation du nombre de pauvres entraîne une réduction de l’écart les séparant des riches, et donc contribue, dans une mesure déterminante, à une réduction des inégalités ; et inversement.
    Il nous faut donc choisir entre plus de riches et moins de pauvres, ou davantage de pauvres et moins de riches.
    Pour approfondir cette réaction, voir :
    http://claudec-abominablepyramidesociale.blogspot.com

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