Au Guatemala, les autorités de la Protection civile sont vigilantes, en effet le volcan Santiaguito connaît depuis vendredi un regain d’activité ayant rendu nécessaire l’évacuation d’environ 300 personnes. Situé dans le département de Quetzaltenango, à environ 200 km de la capitale du pays, les quelque 300 personnes qui habitent aux abords immédiats du colosse s’élevant à 2 550 m d’altitude, ont été invitées, vendredi, à quitter leur domicile après que le volcan soit entré en éruption vers 10 h du matin heure locale (16 h GMT).
L’alerte jaune institutionnelle a été activée par l’Institut national de sismologie, de volcanologie, de météorologie et hydrologie du Guatemala. Le porte-parole de la Conred, David de León, avait alors indiqué que le volcan lançait une épaisse colonne de cendres et de matériel pyroclastique incandescent depuis son cratère. Le volcan Santiaguito, avec les volcans Pacaya et Fuego, est parmi les plus actifs du pays qui en compte pas moins de 33.
Hier lundi 12 mai, le niveau d’alerte était maintenu en raison de l’émission d’une grande quantité de flux, et une importante coulée de boue appelée lahar (une coulée de boue d’origine volcanique formée d’eau, de cendres volcaniques et de téphras). Les autorités ont voulu se montrer rassurantes en publiant un communiqué dans lequel la Conred affirme prendre toutes les dispositions possibles pour surveiller l’activité du volcan et éviter la moindre catastrophe, les populations vivant à proximité sont néanmoins appelées à rester éloignées du volcan.
Les scientifiques ont mentionné que les « torrents de boues sont chargés de matériels pyroclastiques d’origine volcanique et sont marqués par de très hautes températures, ils s’écoulent depuis le cône et se dirigent vers la source du fleuve Nimá I ». Dimanche, l’organisme a enregistré un ensemble d’explosions faibles et modérées qui ont été à l’origine d’un nuage de fumée qui a atteint environ 3 500 m d’altitude au-dessus du niveau de la mer.
Les lahars descendent par la rivière Nima I, qui est un affluent du fleuve Samalá, principalement au niveau du pont Castillo Armas et du secteur Vuelta del Niño. Le Santiaguito a déposé des millions de mètres cubes de matériel volcanique dans ce cours d’eau, dans ce contexte de fortes précipitations saisonnières, il n’est pas impossible que des débordements soient enregistrés dans les prochains jours. Encore une fois toutes les précautions doivent être adoptées par les populations avoisinantes.
Le volcan Santiaguito, très actif, connaît un regain d’activité depuis la fin de semaine, il bénéficie d’une surveillance par monitoring constante, il est en temps normal un pôle d’attraction pour de nombreux touristes et baroudeurs qui s’en approchent pour découvrir et contempler un paysage hostile, unique dans le pays.
Selon les spécialistes en volcanologie, le Santiaguito devrait baisser en activité dans les prochains jours ce qui n’empêchera pas des périodes d’expulsion de cendres et de projections de matériel volcanique composé de cendres, de sable, de roches et de débris végétaux.Les populations les plus vulnérables sont celles de San Marcos Palajunoj et Las Marías.
Les responsables du trafic aérien sont invités par la Conred à faire preuve de vigilance dans les secteurs des volcans Santiaguito et Fuego en raison de la présence de cendres.
Le volcan fait partie de la Sierra Madre du Chiapas qui inclut de nombreux autres volcans qui dominent tous la plaine côtière bordant l’Océan Pacifique. Il a la forme d’une montagne conique aux pentes régulières, escarpées et symétriques hormis sur la face sud-ouest qui est occupée par une caldeira de 1,5 kilomètre de diamètre en forme de fer à cheval.
Le Santiaguito encore appelé « Santa María » intègre la liste des volcans de la Décennie. Les Decade Volcanoes (« Volcans de la décennie ») sont seize volcans identifiés par l’association internationale de volcanologie et de chimie de l’intérieur de la Terre (IAVCEI) dépendant de l’Union géodésique et géophysique internationale (UGGI) comme méritant une étude renforcée à la lumière de leur histoire éruptive large et destructive et de leur situation géographique à proximité de régions habitées.
Un volcan peut être désigné Decade Volcano s’il présente plus d’un risque volcanique (les populations vivant près d’un tel volcan peuvent subir des chutes d’ejecta, des nuées ardentes, des coulées de lave silicées, des lahars, des instabilités de l’édifice volcanique et des effondrements du dôme de lave), qu’il témoigne d’une activité géologique récente, et qu’il est situé dans une région peuplée (l’éruption d’un tel volcan peut menacer des dizaines ou des centaines de milliers de personnes et demande donc un effort crucial de prévention contre les risques).
Connu pour être un pays avec un fort risque volcanique, le ministère des Affaires étrangères français publie le communiqué suivant sur son site en direction des voyageurs :
« Certains volcans sont encore en activité (volcan Fuego proche de la ville d’Antigua Guatemala, département de Sacatepéquez, le volcan Pacaya, département d’Escuintla et le volcan Santiaguito, département de Quetzaltenango). Ces volcans entrent régulièrement en éruption. Il est donc recommandé d’interroger l’Institut national du tourisme (INGUAT) avant d’entreprendre leur ascension. L’organisme de coordination des secours d’urgence (CONRED) déclenche régulièrement des alertes relatives à l’activité volcanique. Une vigilance renforcée est conseillée en cas de séjour à proximité immédiate de ces volcans et il est recommandé de s’informer avant de se déplacer dans leurs environs.
Des informations sur la situation locale peuvent être obtenues auprès de l’Institut national de sismologie, vulcanologie, météorologie et hydrologie (INSIVUMEH), de l’organisme de coordination des secours en cas de catastrophe naturelle (CONRED) et de l’Institut national de tourisme (INGUAT) ».
(Aline Timbert)