Le Pérou souhaite renforcer sa législation pour davantage punir les bûcherons illégaux qui pratiquent la déforestation sur le territoire en présentant un projet de loi qui les condamnerait à de la prison effective dès quatre années de condamnation. Le haut-commissaire aux affaires à la lutte contre la taille illégale, César Fourmet, a dénoncé le vide juridique qui facilite l’action des personnes et des entreprises qui prélèvent du bois de façon illicite, car les sanctions judiciaires ne sont pas assez fortes et dissuasives. Il a en effet expliqué que les condamnations sont la plupart du temps de six et neuf ans de prison pour les formes de déforestation les plus graves, mais si la condamnation est inférieure à quatre ans, il n’y a aucune peine effective.
« On doit établir un minimum de quatre ans de peine pour qu’il y ait de la prison effective, nous devons opérer un changement, nous allons le proposer en 2015. Nous ne considérons pas cette proposition comme infondée, bien au contraire, le but est d’éviter ce genre de faits ».
César Fourmet a indiqué qu’en 2014, 115 millions planches de bois ont été confisquées lors d’opérations menées contre le trafic illégal de bois, il a également réitéré l’engagement du gouvernement dans la lutte contre la déforestation clandestine.
Une mesure qui interviendrait alors que le Pérou connaît son plus haut taux de déforestation depuis ces 13 dernières années, un triste constat effectué dans le cadre de la récente conférence mondiale sur le changement climatique qui a eu lieu à Lima, COP 20. Selon des données obtenues par des images satellitaires, la moyenne historique de déforestation au Pérou entre 2000 et 2013 a été de 113 000 ha par an et ce niveau augmente encore actuellement.
» En 2001, le niveau de déforestation au Pérou a été de 80 000 ha, l’an passé il a atteint plus de 145 000 ha, la tendance est donc à l’augmentation de la déforestation », a souligné Suárez de Freitas en ajoutant « c’est un scénario compliqué, car le Pérou doit faire un effort plus grand pour s’attaquer à la déforestation qui est en croissance ». Selon l’expert, 95 % de la déforestation au Pérou est due à la coupe d’arbres dans le but d’obtenir des champs pour l’agriculture commerciale, mais aussi pour la culture de subsistance.
Le fonctionnaire a souligné par ailleurs que pour le propre développement économique du pays, il est nécessaire d’ouvrir de nouvelles terres de culture, de construire des routes, d’installer des centrales énergétiques, il s’agit donc de trouver l’équilibre entre préservation de l’environnement et le développement du pays sud-américain.
Le Pérou a pour objectif d’atteindre « zéro déforestation » en 2021, différentes politiques sont donc mises en place pour obtenir un équilibre entre l’abattage des arbres et la reforestation. « Il y a un objectif fixé par le Pérou en 2009 et est que nous essayons d’atteindre : 2021 doit être l’année de la déforestation zéro, c’est une ligne claire, elle repose sur le fait que l’on doit replanter ce qui a été déboisé ». Des déclarations faites par le ministre de l’Environnement Manuel Pulgar-Vidal.
Historiquement, la déforestation accumulée au Pérou oscille autour de neuf millions d’hectares en Amazonie, tandis que le taux de déforestation annuelle est d’environ 120 000 ha.
La déforestation a des répercussions bien au-delà des frontières, en effet l’abattage des arbres dans l’hémisphère sud accélère le réchauffement global climatique et menace par ailleurs la production mondiale d’aliments en mettant à mal équilibre des précipitations en Europe, en Chine, et dans la zone centrale des États-Unis.
En 2050, si la déforestation se poursuit à ce rythme affolant, elle pourrait conduire à une chute de 15 % des précipitations dans les régions tropicales comme l’Amazonie en Amérique du Sud, mais aussi en Afrique centrale. Si une grande partie de la déforestation est menée pour étendre les terres de culture, paradoxalement cette attitude menace la production d’aliments au niveau mondial. Couper les arbres pour planter des cultures libère du dioxyde de carbone dans l’atmosphère ce qui favorise le réchauffement global, les zones tropicales ont moins de capacité à retenir à l’humidité ce qui altère les schémas climatiques locaux. Ainsi, si le niveau de déforestation actuelle perdure dans la forêt amazonienne, la production de soja dans la région pourrait chuter de 25 % en 2050, c’est ce que révèle une étude menée par la Fondation Thomson Reuters.
Le territoire péruvien possède un total de 70 millions d’hectares de forêt entre l’Amazonie, les Andes et la zone côtière.
Les principales causes de la déforestation sont l’implantation d’activités minières illégales, avec la pollution que cela engendre, mais aussi le développement de l’agriculture essentiellement lié à la migration de la population et enfin les activités de coupe illégale d’arbres souvent véhiculées aux mafias et trafic de bois précieux.
(Aline Timbert)