Pérou : Pluspetrol ne veut pas céder face à la grogne des manifestants de Pichanaki

Malgré la vague de protestations qui a secoué la localité de Pichanaki au Pérou, la société argentine Pluspetrol, dans le collimateur des habitants qui craignent une pollution de leur environnement, a réitéré sa volonté de poursuivre ses activités sur zone. La semaine dernière, les manifestations menées par les locaux et réprimées par la police, ont fait un mort et 30 blessés dans cette partie de l’Amazonie péruvienne située à 380 km au sud-est de Lima. Des heurts violents ont éclaté contre les opérations menées par cette transnationale par peur d’une contamination des cours d’eau et des sols.

perou16022015-1Jeudi, les médias annonçaient que Pluspetrol procédait au retrait de ses équipes dans la zone concernée après que le gouvernement péruvien en ait fait la demande pour des raisons de sécurité évidentes, mais dès hier, la compagnie a annoncé qu’elle poursuivrait ses opérations sur le lot 108 localisé au coeur de la forêt et a nié avoir reçu une quelconque consigne du gouvernement remettant en question les clauses du contrat signé en 2005, une licence qui permet des activités d’exploration sur une frange rectangulaire d’1,2 million d’hectares. La région de Junin vit essentiellement de la culture du café et du cacao et s’inquiète d’une éventuelle contamination.

Pluspetrol a souligné dans un communiqué qu’elle n’avait reçu aucun type de communication des autorités appelant à « un changement contractuel ou juridique » ajoutant : « Nous avons répondu à tous les paramètres légaux, environnementaux et sociaux nécessaires pour les opérations comme le prouve la validation de l’étude sur l’impact environnemental. L’entreprise affirme sa volonté de poursuivre dans un contexte de dialogue et de coopération avec la population et les autorités ».
On peut également lire dans le communiqué « Face aux événements survenus à Pichanaki, Pluspetrol ratifie qu’elle poursuivra avec ses opérations sur le lot 108 et réaffirme son engagement à long terme d’investir au Pérou ».
Jeudi, le président du Front de défense environnementale de Pichanaki, Carlos Chavarría, a précisé que les protestations étaient suspendues pendant une semaine (jusqu’au 19 février) en espérant l’instauration d’un dialogue constructif pour répondre aux différentes réclamations des habitants. Il a rappelé que ces derniers souhaitaient l’annulation du contrat d’exploration de Pluspetrol afin de préserver la zone agricole et éviter une nouvelle contamination en faisant référence à la pollution subie dans la région de Loreto où les natifs maintiennent un conflit ouvert avec l’entreprise.

Au vu des mouvements protestataires répétés à l’encontre des multinationales sur le territoire péruvien, les investisseurs se montrent fébriles et craignent une déstabilisation et le non-accomplissement des contrats signés pour l’exploitation des hydrocarbures. Pichanaki constitue une nouvelle zone de conflit pour Pluspetrol sur le territoire péruvien, depuis la fin du mois de janvier des centaines d’indigènes occupent les localités de la région amazonienne de Loreto où il paralyse le lot pétrolier de la compagnie en revendiquant leurs droits sur ces territoires. Différents analystes affirment que le problème de réputation remonte à plusieurs décennies lorsque l’exploitation était gérée par une société américaine ( Occidental Petroleum) responsable de différentes catastrophes écologiques, ce n’est qu’en 2001 qu’elle est passée aux mains de la société argentine.
Le lot 108 est considéré comme majeur, il posséderait une réserve de gaz identique ou supérieur au lot de Camisea déjà géré par Pluspetrol et qui fournit du gaz pour produire la moitié de l’énergie électrique du Pérou.

L’exploitation des ressources naturelles constitue un foyer constant de troubles sociaux menés par les communautés natives et populations locales qui accusent ces entreprises de ne pas respecter leurs terres ancestrales et de polluer les zones où ils habitent sans la moindre compensation financière. À ce jour, les investissements dans le secteur minier et énergétique sont essentiels pour le Pérou, près de 60 000 millions devraient être investis dans les prochaines années.
Le Front de défense environnementale réclame au gouvernement ne plus autoriser la moindre activité extractive sur leurs territoires, il s’oppose aux activités minières, gazières et pétrolières dont ils jugent les conséquences néfastes sur l’environnement.

Le porte-parole de Pluspetrol, Daniel Guerra, a affirmé en interview : « Concrètement dans la zone de Pichanki, depuis septembre de l’année dernière, nous ne procédons à aucune activité de forage, on mène juste des activités de logistique. Là où nous agissons, c’est à Satipo et Villa Rica », de fait il ne comprend pas la mobilisation des locaux.

Pluspetrol a fait savoir que les activités logistiques prévues ont été effectués à 90 % sur le lot 108, et que d’ici un mois ce travail d’exploration sera terminé.

« Nous avons demandé à Pluspetrol de quitter la base logistique installée dans une zone habitée près de la caserne de Pichanki. Les mêmes représentants de Pluspetrol disent qu’ils continuent de travailler au Pérou. Le contrat du lot 108 n’est nullement remis en question », a affirmé le ministre de l’Énergie et des Mines, Eleodoro Mayorga.

(Aline Timbert)

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