Cuba veut un signal plus fort de la part des États-Unis avec des mesures probantes

Alors que le VII Sommet des Amériques s’ouvre au Panama le 10 avril, Cuba a affirmé lundi 6 avril qu’elle considère les mesures récemment prises par le président nord-américain Barack Obama pour assouplir l’embargo économique comme « insuffisantes et incomplètes ».

La déclaration a été faite par le ministre du Commerce extérieur et des investissements étrangers, Rodrigo Malmierca, alors qu’il a accordé une interview au journal officiel Granma. « Les mesures proposées par Obama sont incomplètes et insuffisantes, elles ne changent pas l’essence de cette mesure unilatérale maintenue par le gouvernement américain contre Cuba », a-t-il affirmé. C’est au mois de décembre que les États-Unis et Cuba ont surpris le monde en annonçant une reprise progressive du dialogue, le gouvernement américain a adopté au mois de janvier 2015 une série de mesures visant à rendre possibles les voyages, mais aussi le commerce et le transfert de fonds vers Cuba. Cependant, l’embargo décrété en 1962 demeure en vigueur, le président de la République nord-américain se heurte à la majorité républicaine du Congrès qui se refuse à mettre fin à cette situation qui étouffe l’économie cubaine.

Les mesures actuelles autorisent par exemple aux entreprises de télécommunications de vendre des équipements et des services à Cuba, cependant le ministre a mis les choses au point en ajoutant « il est certain que nous voyons d’un bon œil les lois américaines qui permettent que les entrepreneurs américains puissent commercer et investir, mais cela n’implique pas un traitement préférentiel ».

Il a alors parlé d’un pas en avant en précisant que cela ne posait pas les « bases pour créer un terrain fertile sur lequel avancer ».

Ministre du Commerce extérieur  Rodrigo Malmierca Díaz
Ministre du Commerce extérieur Rodrigo Malmierca Díaz

Le représentant cubain estime que le chef de l’État nord-américain pourrait aller plus loin « Bien que le président des États-Unis ne puisse pas lever l’embargo, il possède de larges prérogatives au-delà des mesures approuvées en janvier dernier qui pourraient contribuer de façon significative à des avancées substantielles pour la normalisation des relations bilatérales ».

Il a dénoncé l’interdiction pour Cuba d’utiliser le dollar dans ses opérations financières internationales et il s’est également référé à l’approbation de licences pour rendre possibles l’exportation de produits insulaires vers les États-Unis : « Au-delà des éléments traditionnels tels que le rhum et le tabac à priser, il en existe d’autres aussi exceptionnels qui peuvent être inclus dans tous échanges envisageables, comme des dérivés de la biotechnologie ».

« Aujourd’hui nous ne pouvons pas utiliser cette monnaie de référence internationale dans aucune de nos transactions avec l’étranger », a regretté le ministre.

Le ministre a souligné la bonne volonté cubaine qui a toujours été en faveur de la reprise de relations avec les États-Unis dans le domaine de l’économie, l’embargo ne permettant pas l’épanouissement financier et commercial de l’île.

(vidéo du 21/01/2015)

« Cette politique de la Maison-Blanche imposée il y a plus d’un demi-siècle demeure aujourd’hui intacte… Il est évident que cela ne va pas se régler d’un seul coup… Nous ne pouvons pas penser à des relations normales qui favorisent uniquement l’une des deux parties », en rappelant ainsi que Cuba ne peut pas accéder à des crédits américains ni exporter ses biens et services vers les États-Unis alors que les entrepreneurs nord-américains sont autorisés à investir sur l’île.

Rodrigo Malmierca a également souligné qu’il espérait que les investisseurs américains puissent venir sans sentir la pression imposée par les restrictions de Washington depuis plus de 50 ans et renforcé par la loi Helms-Burton de 1996.

Le titulaire du Mincex doit participer au Panama au forum organisé par la Banque interaméricaine de développement et le gouvernement de Panama dans le cadre d’un programme parallèle qui se tient en marge du sommet des Amériques auquel a été confié pour la première fois Cuba depuis 1994. Une rencontre entre Raúl Castro et le chef de l’État américain est attendu dans ce contexte positif de reprise du dialogue entre les deux pays.

Alors que les relations entre Cuba et les États-Unis tendent très progressivement à la normalisation, le leader de la révolution cubaine, longtemps considéré comme l’ennemi du pays de l’Oncle Sam, a fait sa première apparition publique depuis 14 mois. Lundi 30 mars, Fidel Castro âgé de 88 ans, s’est ainsi rendu à la rencontre de 33 représentants d’une délégation vénézuélienne lors d’un événement consacré au pays sud américain, grand soutien de l’île communiste.

Le Venezuela est plus que jamais dans le collimateur de Washington, en réaffirmant ses liens privilégiés avec le gouvernement de Nicolas Maduro, le vieillard affaibli Castro défie encore une fois le géant nord-américain en prenant position publiquement. Castro l’insoumis avait loué il y a quelques jours son homologue de Caracas en qualifiant son « discours courageux et brillant face aux plans brutaux du gouvernement des États-Unis ».

Écarté malgré lui du pouvoir en 2006 pour raisons de santé, Fidel Castro a cédé la place à son frère Raul plus prompt au dialogue, concernant les récents propos de Fidel Castro, un responsable du département d’État américain a reconnu sa déception, mais a néanmoins affirmé que « cela n’aurait pas d’incidence sur les discussions en cours ».

Le rétablissement des relations diplomatiques entre Cuba et les États-Unis doit s’exprimer par la réouverture des ambassades respectives dans les prochaines semaines.

(vidéo du 27/02/2015)

Aline Timbert

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