Bolivie : Le second lac du pays, le Poopó, est totalement asséché et offre une image de désolation

bolivie28122015

Le lac Poopó, enclavé dans les Andes boliviennes et considéré comme le deuxième plus grand lac du pays sud-américain (après le lac Titicaca), a quasiment disparu, il s’est asséché de façon dramatique, avec des conséquences catastrophiques sur la faune et la flore locales. Des milliers de poissons et d’oiseaux ont déjà perdu la vie, l’impact économique est aussi important pour les familles qui vivaient de la pêche dans la municipalité de Toledo (département d’Oruro), aujourd’hui l’étendue d’eau a laissé place à un immense désert salin.

Dans les pages du quotidien La Patria Oruro, on peut lire « Le lac Poopó possédait les dimensions suivantes : 84 kilomètres sur 55 kilomètres, ce qui équivaut à une superficie de 4620 km² et depuis les airs aujourd’hui on observe un miroir d’eau réduit à son expression minimale qui ressemble seulement à une flaque d’eau au milieu de kilomètres et kilomètres de terre désertique ». La communauté de Untavi qui vivait de l’activité piscicole se retrouve démunie, ce désastre environnemental a été amorcé en novembre 2014, lorsque plusieurs milliers de poissons ont péri, la disparition du lac a anéanti des centaines d’espèces.
« Nous avons un lac asséché, aujourd’hui c’est une pampa; un désert où l’on ne peut rien semer, rien produire, il n’y a rien, encore moins de la vie », des propos qu’un habitant rural de la zone a tenus à l’agence EFE.

Le panorama qui s’offre aux habitants de la région est effrayant, quelques embarcations errent sur un sol sec frappé par les rayons du soleil à haute altitude (à environ 3 686 mètres dans l’Altiplano), et des dépouilles de poissons et d’oiseaux gisent sur cette terre devenue stérile.
Un représentant originaire de la communauté de Untavi, Valerio Rojas a affirmé que c’était tout simplement incroyable de voir cela, d’autant que son assèchement total s’est accéléré au cours des deux derniers mois, il a également accusé les autorités environnementales et départementales de ne pas avoir pris au sérieux l’ampleur de la situation.

Les locaux réclament le dragage du bras droit du río Desaguadero afin que le lac soit de nouveau alimenté, mais aucune réalisation n’a été effectuée « les espoirs de voir le lac se remplir sont minces, nous pensons qu’il ne sera jamais comme avant, alors selon nous, nous devons quitter les lieux pour trouver de l’emploi ».

Les conditions géographiques du lac Poopó font qu’il connait régulièrement des périodes d’assèchement par cycles, mais il n’a jamais été totalement à sec selon les natifs. Un ancien pêcheur, Andrés Ayma (70 ans), indique que la sécheresse empire d’année en année, le vieil homme pointe du doigt la pollution lié aux activités minières et le phénomène climatique El Niño très présent en Amérique du Sud cette année « nous souhaitons que cette année il pleuve pour que notre lac puisse à nouveau nourrie les familles, nous prions la Mère Terre ».
Vendredi 18 décembre, la déclaration de « catastrophe » a été prise, ce désastre naturel est l’un des plus importants qu’a subis la région depuis plusieurs années.

L’absence d’eau a provoqué la disparition de 200 espèces d’oiseaux, de mammifères, de poissons et trois espèces de flamants roses en voie d’extinction ont été contraints de migrer, des informations données par le journal local ‘La Razón’.
Le vice-ministre de la Défense Civile a remis 8 tonnes d’aide humanitaire pour les 739 familles affectées par la sécheresse, les municipalités de Toledo, Choro, Santiago de Guari, Challapata, Poopó et Machacamarca sont pleinement concernées.

Des écologistes ont souligné que la biodiversité qui existait dans la région ne pourra pas être retrouvée parce qu’en raison de la pollution, la reproduction risque d’être difficile. « Avec la disparition du lac, nous perdons des espèces qui sont uniques, à cet endroit cohabitaient trois types de flamants roses,une seule est restée sur zone, à l’identique d’autres variétés d’oiseaux et de poissons », a déclaré Norma Mollo, chercheur à LIDEMA-Oruro.
La Bolivie a souscrit à la Convention de Ramsar depuis 1990, 11 sites ont été déclarés parmi lesquels les lacs Poopó, Uru Uru et Titicaca, los Lípez, (Potosí), laguna Concepción, Palmar de las Islas, Bañados de Izozog (Santa Cruz) et les ríos Yata et Matos (Beni).

Carlos Ortuño, vice-ministre de Ressources hydriques a signalé que le gouvernement allait débloquer 897 millions de bolivianos sur cinq ans pour le Plan Directeur du bassin Poopó dont l’objectif principal est de préserver et de sauver le lac.
Plusieurs actions sont requises selon les experts pour sauver le lac et venir en aide aux populations impactées, comme l’aide aux familles, une meilleure gestion du río Desaguadero comme source d’approvisionnement, et aussi la création d’un système d’alerte préventive concernant le système hydrologique.
Le président de la République Evo Morales a souhaité de sont côté se montrer rassurant en évoquant le comportement cyclique du Poopó « certains opposants disent que c’est la faute du gouvernement si le lac est asséché, mensonge, il s’est toujours asséché avant de se remplir à nouveau ».

Le plan à court terme qui a été élaboré il y a deux ans, en coordination avec le gouvernement d’Oruro, le ministère de l’Environnement et de l’Eau, et la coopération de l’Union européenne n’a pas été suffisant, c’est pourquoi le gouvernement bolivien a décidé d’intervenir.
Le Directeur du Programme soutenable des ressources naturelles du Bassin du lac Poopó, Eduardo Ortiz a rapporté au quotidien La Patria, que le budget de 14 millions d’euros n’a pas permis de revitaliser le lac.

« Le changement climatique et la température élevée sont irréversibles, et nous ne pouvons rien faire pour que la température de la planète baisse… Ce que nous pouvons faire c’est mettre en place des politiques pour une meilleure gestion de l’eau ».

L’eau qui alimente à la fois le Titicaca et le Poopó dépend du débit du fleuve Desaguadero, cependant, un plan directeur décrété dans les années 90 favorise davantage l’alimentation du Titicaca, empêchant l’eau d’atteindre le Poopó. En outre, le fleuve lui-même est également affecté par l’activité humaine, il est utilisé pour irriguer diverses cultures et l’exploitation minière ainsi que l’activité industrielle.

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