Les autorités péruviennes ont parfaitement conscience de la richesse de leur patrimoine culturel, à l’heure où les touristes sont de plus en plus nombreux à fouler la terre des Incas en quête des vestiges du passé, il s’agit de mettre en valeur et de protéger ce qui fait la singularité de ce pays sud-américain. Le Pérou, marqué par son histoire précolombienne et par un profond métissage culturel et syncrétisme religieux induit par la Conquête et la Colonisation menée par les Espagnols, se fait un devoir de préserver son identité.
Ainsi, c’est une tradition religieuse qui a été inscrite le 9 février dernier au Patrimoine culturel de la Nation, il s’agit de la fête consacrée à Saint François d’Assise, célébrée chaque année entre le mois de septembre et d’octobre dans la région de Libertad (province de Sánchez Carrión).
La Confrérie de St François d’Assises de Huamachuco, fondée le 8 octobre 1923, est l’une des organisations les plus représentatives et coordonnées de la ville de Huamachuco, et elle organise les activités menées dans le cadre de cette célébration en coordination avec les autorités religieuses et avec le soutien de diverses institutions locales et de la communauté des fidèles.
Fiesta de Repaje/San Francisco de Asis, designated Intangible National Cultural Heritage by Peru Ministry of Culture pic.twitter.com/e6vpobIPwr
— World Monuments Fund (@WorldMonuments) August 27, 2015
Cette célébration est aussi nommée par les locaux « Tayta Pancho y sus Negritos » (encore une fois un puissant symbole de syncrétisme religieux à l’instar du pèlerinage de Qoyllur Riti ou encore de la célébration de la Vierge de la Chandeleur qui puisent leur foi dans la religion catholique et les croyances païennes ancestrales), tayta est un mot quechua, langue native des Andes, qui en castillan signifie « père », et « pancho » est un surnom affectueux donné à ceux qui s’appellent « Francisco ». Selon une tradition orale, durant la période coloniale un capitaine espagnol s’était pris d’une affection particulière pour un esclave d’origine africaine.
À l’époque, une épidémie de typhus a atteint la ville et l’esclave est tombé malade et est décédé, la légende raconte que face à cette perte, l’Espagnol s’est montré inconsolable et a confié l’âme de l’esclave à Saint François d’Assise envers qui il ressentait une foi profonde. La nuit suivante, quelqu’un aurait frappé à la porte de la maison du maître, celui-ci a ouvert et a retrouvé son esclave… vivant.
L’histoire raconte que cet événement miraculeux est survenu un 4 octobre, le jour de la Saint-François-d’Assise, de sorte que cela a été interprété comme un miracle effectué par le Saint des plus démunis. Les nouvelles de l’événement miraculeux ont circulé dans toute la ville de Huamachuco et depuis ce moment, l’épidémie a commencé à disparaître et le calme est revenu parmi les habitants. Dès lors, le capitaine espagnol avait promis d’assister à la procession avec son esclave ressuscité tous les 4 octobre.
Lorsque l’esclave noir est mort, la population, pour commémorer sa mémoire, a commencé à se peindre en noir le visage, les mains et les pieds, pour assister aux processions de Saint François d’Assise. Cette coutume a pris racine parmi la population et au vu du nombre de croyants établis dans la ville, la Confrérie de Saint François d’Assise s’est installée à Huamachuco. Le Saint qui a épousé une vie radicalement pauvre ne peut que toucher les habitants de la région de la Libertad où la pauvreté atteint plus de 60% de la population selon des chiffres émis par MIM PERÚ.
Une décision ministérielle publiée dans le journal officiel El Peruano a donc reconnu le festival comme « une tradition religieuse qui mobilise la population » et fait mention « de liens étroits qui combinent la culture et l’histoire« .
Le culte rendu à saint François d’Assise est « une représentation culturelle où convergent les éléments de la foi religieuse catholique, la tradition préhispanique et afro-américaine de la région », selon la résolution du ministère de la Culture.
En ce même mois de février, le Ministère de la Culture péruvien a mis à l’honneur un site précolombien en inscrivant le Monument archéologique précolombien Cerro Huarangal (d’une surface de 200 000 m²) au patrimoine culturel de la Nation, il se situe dans le district de Carabayllo, au nord de la capitale, Lima. (http://busquedas.elperuano.com.pe/normaslegales/declaran-bien-integrante-del-patrimonio-cultural-de-la-nacio-resolucion-vice-ministerial-n-017-2016-vmpcic-mc-1345754-1/)
Carabayllo est situé à l’ouest des districts Puente Piedra et Ancon dans la région Cono Norte de Lima. Il a été le premier quartier à être créé par décret sous l’égide de José de San Martin dans la province de Lima, en août 1821. Plus que jamais le Pérou se montre fier de ses racines et s’engage à faire perdurer ses coutumes et son Histoire.