Au Salvador, le débat sur l’avortement en cas de viol ou de problèmes de santé est relancé

salvador13102016

Au Salvador, l’avortement est interdit en toute circonstance, mais cela pourrait évoluer puisque depuis mercredi un long processus pour dépénaliser l’avortement en cas de viol ou lorsque la vie de la mère est en danger, entre autres raisons, est amorcé au Parlement d’Amérique Centrale.
La présidente de l’Assemblée législative, Lorena Peña, a présenté une proposition visant à dépénaliser l’avortement pour « les femmes et les filles victimes de violence sexuelle, ou en cas de conditions de santé graves, ou un risque de danger de mort. »

La député du FMLN a déclaré qu’il faut réformer l’article 133 du Code pénal, estimant qu’il « est la preuve de l’existence d’une omission législative pour résoudre, d’un point de vue pénal, le conflit qui se pose entre la santé et la vie des femmes quand elles sont tombées enceintes par violence, ou qu’elles sont confrontées à des situations à risques pour leur vie ».
Elle ajouté « le crime de viol d’une femme est le seul crime où la victime, pas l’auteur, porte les conséquences de la criminalité sexuelle pour la vie, comme un viol entraîne par exemple une grossesse non désirée ».

Le principal parti d’opposition salvadorienne, l’Alliance républicaine nationaliste (ARENA), a d’ores et déjà affirmé son « rejet total » face à la proposition du gouvernement de dépénaliser l’avortement thérapeutique en cas de viol, et a averti que ce ne sera pas discutable.
El Salvador fait partie des rares pays au monde qui rejettent totalement l’avortement (une interdiction légale absolue), c’est le cas également du Chili, le Nicaragua, du Honduras, d’Haïti, du Suriname, d’Andorre et Malte.

La question de la de dépénalisation de l’avortement, même pour des raisons médicales, a généré historiquement des points de vue contradictoires entre ceux qui y sont favorables et ceux qui s’y opposent farouchement.
Actuellement, la Constitution établit la défense de la vie dès la conception. Selon Peña, les statistiques officielles indiquent que 1 grossesse sur 3 concerne des adolescentes, et dans beaucoup de ces cas, ces grossesses font suite à des viols.
Les femmes qui avortent clandestinement encourent une peine de huit ans de prison au Salvador, elle peut aller jusqu’à 30 ans de prison si l’avortement est considéré comme un assassinat aggravé.

Pour réaliser les changements dans la loi, le parti FMLN, doit obtenir au Congrès 43 voix des sur 84. Ils ont actuellement 31 sièges contre l’opposition de droite Alliance républicaine nationaliste (Arena), qui en possède 35.
Dans l’une des nations les plus violentes du monde, il y a au moins 14 femmes condamnées à des peines de prison allant de 12 à 40 ans pour interruption de grossesse et environ 130 sont poursuivies par la Justice, selon l’Association des citoyens pour la dépénalisation de l’avortement.

(vidéo du 22/03/2016)

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