Mexique : quand deux génies de la peinture se rencontrent…

Le Palais des Beaux-Arts de Mexico cherche à rapprocher deux cultures séparées par un océan mais qui se sont effleurés à travers l’art et leurs origines. C’est ainsi qu’à partir du 9 juin et pour 3 mois, le Musée sera le théâtre de l’exposition « Picasso y Rivera: Conversaciones a través del tiempo », résultat d’un accord passé entre ce musée et le Musée d’Arts County de Los Angeles (LACMA) qui présenta l’exposition de décembre 2016 au 07 mai de cette année.

Les 147 œuvres, qui composent « l’une des expositions les plus importantes de l’année », selon la directrice de l’Institut National des Beaux-Arts, Lidia Camacho, prennent comme point de départ la rencontre idéologique et artistique entre les deux peintres dans la bohème parisienne de 1914 et s’ouvre sur deux autoportraits de ces deux génies.
L’événement artistique et culturel s’articule autour de quatre temps : leur période de formation, les années cubistes, leurs chemins qui se séparent, le retour au classicisme. Ceci permet de rendre compte du dialogue personnel et artistique des deux peintres entre 1920 et 1940 et de mettre en relief leur rencontre et leur distanciation, propres à toute relation humaine.
« On admire la vie et le travail visuel des deux artistes à travers le temps et comment non seulement l’académisme influence leur expression mais aussi les découvertes préhispaniques, d’un côté, méditerranéennes, de l’autre, influencent également petit à petit et transforme leur propre style », assure Lidia Camacho à l’AEFE.
C’est dans le Paris de l’avant-garde que commença leur amitié et un échange d’idées esthétiques et, bien que leur affinité pour le cubisme se développa et prit corps dans leur dialogue à travers leurs toiles et leurs coups de pinceaux qui s’influencent mutuellement, c’est également ce même cubisme qui fut la cause de leur rupture.

A ce propos, Michael Govan, directeur de LACMA, nota : “C’est l’histoire de deux rencontres, peut-être même quatre : entre Picasso et Rivera, entre l’Europe et l’Amérique, entre deux institutions et, bien sûr, une conversation à travers le temps entre la modernité et le passé. C’est émouvant de la voir exposée ici parce qu’accompagnée des grandes fresques de cet établissement, j’ai l’impression que l’exposition s’enrichit davantage ».
La Composition cubiste (nature morte avec une bouteille d’anis et un encrier, 1914-1915) de Rivera, appartenant à la collection particulière Fondation Almine et Bernand Ruiz-Picasso pour l’Art, est exposée pour la première fois au public et a même été utilisée comme image de l’affiche de l’exposition. Il s’agit d’un cadeau fait par le muraliste mexicain au peintre espagnol. Une autre preuve de leur amitié fut trouvée lors des recherches : il s’agit d’une photographie de la peinture Farola y guitarra, que Picasso a envoyé à Rivera, en y notant à la main, en français, “je suis d’accord avec toi sur tout”.

Parmi les 147 œuvres, 19 tableaux appartiennent à des collections internationales et 27 à des collections mexicaines, dont des sculptures préhispaniques de l’Institut National d’Anthropologie et d’Histoire, l’un des musées les plus importants d’Amérique Latine, et même du monde. Rivera avait étudié ces sculptures et on peut remarquer l’influence qu’elles ont eue sur certaines des huiles présentées.

On découvre également des dessins comme la Suite Vollard (1930-1937) de Picasso, composée de 16 gravures considérées comme les travaux les plus importants de l’histoire moderne, et son huile sur toile La flûte de pan (1923) qui n’était, jusqu’alors, jamais sortie du Musée Picasso de Paris.
Pour Juan Coronel Rivera, l’un des conservateurs de l’exposition, poète et petit-fils de Diego Rivera, cette exposition est faite pour tout le monde : « Le monde est en mouvement, mais l’art ne répond pas, actuellement, à ce mouvement. L’art contemporain est trop élitiste et ne cherche pas à intégrer les masses. L’une des leçons de cette exposition est justement celle-ci : l’art doit être fait pour les gens ».
C’est pourquoi, l’exposition s’accompagne d’un parcours virtuel, de projections cinématographiques, de concerts, de conférences… qui ne pourront qu’accueillir tous les publics intéressés par un pan de nos histoires artistiques comme preuve supplémentaire des liens entre les deux mondes.

Leur divergence a souvent été interprétée comme une évidence de leur rivalité étant donné la dimension proprement géniale des deux protagonistes de cette petite histoire, qui ont malgré l’Histoire de l’art.

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