Mexique : La Rapporteuse spéciale des Nations Unies préoccupée par la situation des peuples autochtones

Après une tournée de dix jours au Mexique, la Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, Victoria Tauli-Corpuz, s’est déclarée « particulièrement préoccupée » par la situation des mineurs autochtones dans le pays. Terrible constat, les cartels de la drogue et d’autres groupes criminels recrutent de force des enfants et des adolescent(e)s autochtones, nombreux sont ceux qui « disparaissent », une réalité préoccupante dénoncée par la représentante des Nations Unies.

Victoria Tauli-Corpuz révèle avoir reçu des plaintes concernant le recrutement forcé de mineurs dans des zones dominées par le narcotrafic « dans les zones touchées par le crime organisé et par la production de drogue et le trafic, la seule option laissée aux jeunes est de rejoindre ces groupes ou d’être torturés, enlevés ou assassinés », a-t-elle déclaré.

« J’ai reçu des plaintes concernant le recrutement forcé dans ces secteurs », a souligné la représentante d’origine philippine, des inquiétudes inscrites dans un rapport préliminaire présenté récemment lors d’une conférence de presse, un document qui sera proposé en ultime étape au Conseil des droits de l’homme des Nations unies en 2018.

Avant de livrer ses conclusions, Tauli-Corpuz s’est déplacé du 8 au 17 novembre, dans les états de Chihuahua, Guerrero et Chiapas où elle est allée à la rencontre des représentants de 23 groupes ethniques de 18 régions différentes du pays latino-américain.

À Tlapa, dans l’État de Guerrero, elle a ainsi rencontré des femmes autochtones qui lui ont confié que « leurs enfants avaient été recrutés par le crime organisé » engendrant de nombreuses disparitions, qui ne font pas l’objet d’un chiffrage précis à ce jour.

Cette situation de violence envers les plus fragiles aurait été engendrée par l’opération militaire antidrogue controversée lancée en décembre 2006 qui a conduit à une vague de terreur à l’origine d’au moins 190 000 morts, plus le nombre de disparitions qui a lui aussi augmenté de façon dramatique. Les violations contre les droits des communautés natives sont en hausse, l’éventail des plaintes est vaste.

 « Cela comprend des allégations de massacres, des meurtres, des disparitions forcées, des viols, des actes de torture et du travail forcé, ces actes sont attribués au crime organisé, aux responsables paramilitaires et militaires, souvent dans le cadre de projets de développement affectant leurs terres et leurs ressources », a affirmé Tauli-Corpuz.

Par ailleurs, la représentante des Nations Unies a également mentionné des déplacements forcés, une préoccupation majeure et particulièrement « grave », « il y a un grand nombre de déplacements forcés qui se prolongent et les efforts pour assurer le retour de ces familles ont été insuffisants « , une situation relative aux conflits territoriaux qu’elle déplore profondément, des tensions liées à l’installation de mégaprojets sur des territoires autochtones.

Au Mexique, 7,3 millions de personnes sont d’origine indigène, soit 6,5 % de la population totale, selon une enquête officielle de 2015, 61,9 % des autochtones vivent dans la pauvreté ou l’extrême pauvreté. Les groupes du crime organisé au Mexique profitent donc de la situation d’isolement et de dénuement dans laquelle vivent certaines communautés indigènes pour s’approprier leurs terres à des fins illégales, ainsi que pour recruter des enfants pour la chaîne de production et de distribution de stupéfiants.

« Le gouvernement a la responsabilité de veiller à ce que le crime organisé soit combattu et qu’il n’affecte plus les communautés autochtones » en pointant du doigt les difficultés qui pourraient surgir en raison des ramifications qui existent parfois entre les autorités, la police et le crime organisé sous fond de corruption.

En soulignant les niveaux élevés d’impunité et de violence subie par la population en général et la population indigène en particulier, Tauli-Corpuz a ajouté qu‘ »il y a un manque de capacité institutionnelle pour s’attaquer à la problématique » et évoque même plus directement « un manque de volonté politique », pour résoudre ce phénomène dramatique.

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