Elles ont fait le déplacement à Quito, capitale de l’Équateur, pour faire entendre leur voix, celle des femmes indigènes qui ont décidé de quitter leur Amazonie natale pour défendre les droits de leurs communautés sur leurs terres devant le Palais du gouvernement.
Elles sont membres de la Confédération des Nationalités Indigènes de l’Amazonie équatorienne (CONFENIAE) et ont pris la décision de s’opposer au gouvernement en réclamant la fin de l’expansion pétrolière et minière dans la forêt tropicale alors que le président du pays sud-américain, Lenin Moreno, a choisi de faire de ‘l’extractivisme’ une priorité dans les prochains mois pour assurer la croissance économique.
Les femmes de l’organisation indigène (Confeinae) qui représente environ 1500 communautés appartenant aux nationalités amazoniennes de l’Équateur dénonce l’annonce d’un nouvel appel d’offres dans la région centre-sud de l’Amazonie équatorienne, considérant que cela affecterait directement les populations autochtones Shuar, Achuar, Sapara, Kichwa, Shiwiar, Huaorani et Andoas qui peuplent cette région et leur mode de vie.
Elles ont fait savoir qu’elles refusaient également la concession d’exploitations minières dans les régions de Nankints ou de Tundayme, dans le sud de l’Amazonie, où des expulsions de communautés auraient, selon elles, eu lieu afin de céder la place à l’exploitation de métaux à grande échelle.
[EN VIVO]#MujeresAmazónicas entregan mandato de defensa hacia nuestros territorios al Presidente Lenín Moreno » sigue la transmisión en: https://t.co/lYqzEMi9tZ#SomosCONAIE
— CONAIE (@CONAIE_Ecuador) March 22, 2018
« L’Amazonie doit être conservée et c’est la demande qui est faite au gouvernement », s’est exprimée la dirigeante Patricia Gualinga ajoutant que « les femmes sont préoccupées par la question de l’extraction pétrolière et minière » en Amazonie alors que les autorités équatoriennes promeuvent les politiques ‘extractivistes’ et ne respectent pas le processus de consultation préalable relative à l’exploitation des ressources sur les terres natives.
« Il n’est pas possible qu’un jour le président Moreno affirme vouloir reverdir l’Equateur et qu’un autre il lance une ronde pétrolière , La Confeniae ne permettra pas l’extraction de pétrole ou d’or », a déclaré M. Vargas.
« Nous sommes venues auprès du président [Lenin Moreno] pour qu’il nous reçoive, nous sommes arrivées avec les mandats que nous avons analysés durant des assemblées conjointes parce que nous ne voulons pas que nos territoires continuent de se détériorer et que nous ne voulons pas que nos enfants soient contaminés », a affirmé à la presse le 16 mars la leader de la nationalité Sarayaku.
« Nous, femmes, rejetons et considérons illégal et illégitime tout contrat ou signature d’accord des dirigeants ou des représentants des gouvernements autonomes décentralisés avec le gouvernement et/ou les compagnies pétrolières, minières, hydroélectriques et forestières, puisque nous sommes une population majoritairement indigène », stipule le mandat.
Mujeres Amazónicas en contra del extractivismo petrolero y pobladores del norte de Quito en contra del extractivismo minero se unen en la plaza grande por la defensa del agua y el territorio.
Esta claro q la presión social es el medio para lograr los planteamientos populares. pic.twitter.com/PB2QuFMfLA
— Severino Sharupi (@Seve_Sharupi) March 23, 2018
Le groupe de femmes autochtones exige que toutes les activités pétrolières et minières dans la forêt amazonienne soient arrêtées, en particulier plusieurs projets qui se développent actuellement dans le parc national de Yasuní, l’une des zones les plus riches en biodiversité de la planète. L’extraction de pétrole dans le Yasuní a été développée pendant plus de 10 ans, cependant, de nouveaux projets pétroliers envahissent le territoire protégé des Indiens isolés Tagaeri et Taromenane.
Cette mobilisation des femmes indigènes pour défendre l’environnement intervient alors que la publication d’une enquête réalisée par l’Institut des sciences de l’environnement et de la technologie de l’Université Autonome de Barcelone (ICTA-UAB) révèle que les animaux consommés par les populations autochtones d’Amazonie sont contaminés par les activités de l’industrie pétrolière dans la région (des recherches dirigées par le Département d’Assainissement et d’Anatomie Animale de l’UAB, l’Institut de Santé Globale de Barcelone (ISGlobal) et l’Institut International d’Études Sociales (ISS-EUR).
(Pour plus d’informations https://ac.els-cdn.com/S0013935117316559/1-s2.0-S0013935117316559-main.pdf?_tid=088c5b92-ff5e-44c6-a95b-5b915e746210&acdnat=1522073751_d2c406a5eced37efc2cb105cf4767b0b
L’étude, qui montre les premières images de la façon dont les animaux sont contaminés, soit en consommant de la terre (géophagie) ou de l’eau souillée par des déversements, avertit du risque que cela fait peser sur la santé des populations dépendantes chassant pour leur subsistance.
La recherche, publiée dans la revue Environmental Research, fait partie d’un projet scientifique complet développé par ICTA-UAB et dirigé par Martí Orta-Martinez depuis plus d’une décennie qui se base sur l’analyse des niveaux inquiétants de pollution par les hydrocarbures dans une région éloignée de l’Amazonie péruvienne près de la frontière avec l’Équateur.
Les scientifiques ont dénoncé le fait que l’activité pétrolière contamine les terres et les cours d’eau depuis quatre décennies, non seulement par des déversements accidentels, mais aussi par le déversement d’eaux de production extraites de gisements.