Les scientifiques à la recherche des origines de la noblesse inca qui a rayonné en Amérique du sud

Établir avec précision l’origine des Incas, voilà la mission que se sont fixé des chercheurs péruviens, boliviens, brésiliens, ils ont ainsi entrepris des investigations génétiques pour comprendre qui étaient les Incas en prélevant des échantillons d’ADN aux descendants reconnus de cette brillante civilisation précolombienne.

Il s’agit de la première étude génétique menée sur « la famille impériale  inca », elle cherche à déterminer s’il y avait une relation patrilinéaire unique ou non, les premiers résultats de l’étude ont été publiés en avril par la revue « Molecular Genetics and Genomics ».
Parmi les autres réponses que les scientifiques cherchent à obtenir, il y a l’origine géographique de la lignée impériale inca qui a régné sur l’Empire du Tahuantinsuyo, était-elle originaire de Puno (ville située dans le sud du Pérou, au bord du lac Titicaca ou l’on parle aymara) ou de Cuzco (où domine la langue quechua), ville reconnue aujourd’hui comme l’ancienne capitale inca ?

Le rapport indique que des échantillons d’ADN provenant de plus de 3000 indigènes du Pérou vivant aujourd’hui encore à Cuzco et dans les villes près du lac Titicaca, ont été analysés à cet effet.

« Nous sommes arrivés à la conclusion que la noblesse du Tahuantinsuyo descendait de deux lignées, l’une du lac Titicaca à Puno et l’autre montagne Pacaritambo à Cuzco. Cela confirme que les deux légendes évoquant les origines sont liées », ont signalé Ricardo Fujita et José Sandoval, scientifiques à l’université de San Martín de Porres qui ont pris part à cette étude.
L’une des deux légendes diffusée par les chroniqueurs espagnols après la Conquête au XVI siècle évoque le couple fondateur de la civilisation, celle de Manco Capac et de sa sœur-épouse Mama Ocllo, tous deux émergeant des eaux sacrées du lac Titicaca (région de Puno ); l’autre légende évoque celle des frères Ayar, qui quittèrent la montagne de Pacaritambo à Cuzco.

« Une première migration a quitté Puno pour s’établir à Pacaritambo pour plusieurs décennies avant de prendre la direction de Cuzco et fonder le Tahuantinsuyo », a précisé Sandoval.

Pour la recherche, l’ADN de 12 familles a été prélevé dans les districts de San Sebastián et San Jerónimo à Cuzco, « parce qu’elles s’inscrivent dans un contexte généalogique historique, il existe des documents indiquant que depuis 1570 ces familles s’inscrivent dans une lignée inca », a expliqué Fujita.
Des échantillons d’ADN ont également été prélevés chez des résidents du lac Titicaca et de Pacaritambo.
« Ils ont été comparés à notre base génétique de plus de 3 000 personnes pour reconstruire l’arbre généalogique de tous les individus », a-t-il ajouté. « En fin de compte, nous l’avons réduit à environ 200 personnes partageant des similitudes génétiques proches de la noblesse inca. »

Les résultats préliminaires indiquent que l’ADN de 18 personnes est étroitement lié aux populations indigènes qui vivent dans le sud de Cuzco, ainsi que dans les hautes terres péruviennes et au nord de la Bolivie. « Ce qui nous dit que les ancêtres des Incas venaient du lac Titicaca et s’arrêtaient à Pacaritambo. »

L’enquête cherche maintenant à déterminer avec exactitude les origines des Incas :  « Cela nécessite de prendre en compte l’ADN de dépouilles ancestrales comme des momies répertoriées dans les documents officiels ou chroniques qui sont des enfants ou petits-enfants des Incas, condition nécessaire pour établir le tracé le plus complet possible de l’origine de la civilisation la plus importante de l’ère pré-colombienne », a déclaré Fujita.

Ces dépouilles n’ont pas encore été trouvées, car au XVIe siècle quand les Espagnols ont envahi le Tahuantinsuyo, l’évangélisation a prévalu,  ce qui a conduit à la destruction des idoles incas, les Espagnols ont la plupart du temps brûlé les momies Incas qui, selon la tradition, étaient portées en procession lors des grands évènements religieux. Face à ce constat, les enquêteurs recherchent les dépouilles des descendants directs, pour ce faire ils s’appuient sur les chroniques et les documents officiels de l’époque.

L’expert a déclaré que l’étude ADN complète l’archéologie, l’anthropologie, tous les types de recherche qui incluent l’origine d’une espèce. « Dans ce cas, nous utilisons la voie de l’héritage, qui étudie la génétique, la transmission des caractères moléculaires à travers les générations. »

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