La valse des présidents se poursuit au Pérou. Vizcarra contraint de démissionner

Drapeau péruvien

Au Pérou, Martín Vizcarra, président de la République, a été officiellement démis de ses fonctions pour « incapacité morale » à gouverner le pays.

Le Congrès péruvien a approuvé largement, ce lundi, la révocation du président Martín Vizcarra avec 105 voix favorables à sa destitution (il en fallait 87 pour que cette révocation soit validée). En effet, ce dernier est accusé de corruption, et aurait touché des « pots-de-vin » alors qu’il était gouverneur de la province de Moquegua en 2014, des accusations que le principal intéressé réfute.

Manuel Merino assume la présidence par intérim au Pérou

De fait, le chef du Congrès, Manuel Merino, a pris les rênes du gouvernement transitoire jusqu’à la fin de mandat prévu le 28 juillet 2021.

« La résolution qui déclare la vacance de la présidence de la République a été approuvée », a déclaré Merino après la décision du Congrès.

Le président déchu, Vizcarra a affirmé, ce lundi, qu’il abandonnait ses fonctions de chef d’État « la tête haute » et réfute vouloir se pourvoir en justice pour s’opposer à la décision du Congrès de le destituer.

« Je quitte le palais du gouvernement comme je suis entré il y a deux ans huit mois: la tête haute », a déclaré Vizcarra à la presse, entouré de ses ministres, dans la cour du palais du gouvernement. Il a ajouté « je pars la conscience tranquille et mon devoir rempli ».

Vizcarra, a connu un niveau de popularité record au cours de son mandat, et sa destitution a été contestée dans la rue où de nombreuses manifestations de soutien ont éclaté, en particulier à Lima, la capitale du pays sud-américain.

Le nouveau président péruvien a pris ses fonctions, mardi, en séance plénière du parlement.

Vizcarra a finalement connu un sort similaire à celui de son prédécesseur, Pedro Pablo Kuczysnki (2016-2018), qui n’est pas allé au bout de son mandat, accusé de corruption, il a lui aussi été contraint de démissionner .

Ántero Flores-Aráoz devient Premier ministre dans un pays frappé par une forte crise économique

C’est un gouvernement de transition, il faut être clair, nous devons améliorer les conditions dans lesquelles nous avons reçu le pouvoir afin de livrer un pays en ordre. Nous ne sommes pas dans le meilleur des mondes, nous avons une crise économique très forte, un chômage galopant et une crise sanitaire. Ce n’est pas le meilleur moment pour faire des expériences ».

Ántero Flores-Aráoz

Voici les mots prononcés par le célèbre politicien péruvien Ántero Flores-Aráoz devenu Premier ministre dans ce contexte particulier.

Par ailleurs, Flores-Aráoz a précisé que le calendrier électoral sera «strictement» respecté. Les élections générales sont prévues le 11 avril 2021, avec une prise du pouvoir du prochain chef d’État programmé au 28 juillet prochain.

Concernant les mouvements de protestation qui ont éclaté suite à la destitution de Martín Vizcarra, le Premier ministre par intérim a déclaré :

« Je crois comprendre que quelque chose les dérange, mais je ne sais pas quoi ». Flores-Aráoz, conservateur de 78 ans, candidat à la présidence du Pérou aux élections de 2016 (il avait obtenu 0,43% des votes); a ajouté : « Je suis prêt à les rencontrer pour comprendre et chercher des solutions. Il faut voir ce qu’ils veulent ».

Une population inquiète devant l’instabilité politique de ces dernières années

Le 10 novembre, des milliers de personnes sont descendues dans les rues de Lima pour protester contre l’expulsion de Vizcarra, et beaucoup ont rejeté la légitimité de la mesure.

Au Pérou, de nombreux habitants pensent que cette instabilité politique risque encore d’accentuer la profonde crise économique qui découle de la pandémie de coronavirus.

L’Organisation des États américains (OEA) a demandé mercredi à la Cour constitutionnelle du Pérou de se prononcer sur la légalité du processus de destitution de Martín Vizcarra pour « incapacité morale ».

Le Secrétariat général de l’OEA « réaffirme qu’il appartient à la Cour constitutionnelle du Pérou de se prononcer sur la légalité et la légitimité des décisions institutionnelles adoptées », et a demandé à ce que les élections prévues en avril soient garanties.

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