Pérou : Le géoglyphe d’un félin, menacé par l’érosion naturelle, mis au jour à Nazca

Les lignes de Nazca au Pérou
Pérou, l’un des célèbres géoglyphes de Nazca : le colibri

Au Pérou, le géoglyphe d’un félin a été découvert fin 2020 à Nazca, dans le désert côtier de la région de Piura. Cette mise au jour a retenu toute l’attention des archéologues spécialistes de l’histoire précolombienne.

Un nouveau géoglyphe de la culture Paracas découvert à Nazca

En effet, les fameuses lignes de Nazca, visibles depuis le ciel, sont une source de fascination intarissable, et bien au-delà des frontières nationales !

Depuis toujours, ces grands tracés de l’ère préhispanique, effectués sur le sol, et identifiables depuis les airs, interpellent. En fait, elles ont suscité différentes théories quant à leur vocation originelle et à leur mode de réalisation.

Ainsi, en cette année 2020, des scientifiques ont révélé un nouveau géoglyphe. Il a été découvert fortuitement dans le désert situé au sud du pays. Il s’agit d’un gros chat à l’expression placide d’environ 37 mètres de long !

Selon les spécialistes, ce géoglyphe en forme de félin appartient à la culture Paracas, et plus précisément à la période tardive. Son origine remonte à environ 200 ans avant Jésus-Christ.

Cette représentation animale, aux traits stylistiques propres à la culture Paracas, daterait donc d’environ 2200 ans. Une création qui a eu lieu bien avant que d’autres figures d’animaux ne soient tracées sur le sol. Des animaux devenus célèbres à travers le monde comme le « singe », « l’araignée » ou le « colibri ».

Une découverte archéologique survenue par hasard lors de travaux

Selon l’archéologue Johnny Isla, qui s’occupe de la gestion du parc archéologique de Nazca-Palpa, la découverte a été faite à l’occasion de travaux visant à faciliter l’accès au principal point de vue naturel.

En fait, on parle d’un lieu surélevé, une colline rocheuse appelée Mirador Natural. Depuis ces hauteurs dégagées, les touristes du monde entier peuvent contempler les emblématiques géoglyphes.

« Nous cherchions un endroit pour changer le chemin d’accès au sommet et nous avons trouvé l’empreinte d’un ancien chemin avec une pente douce et moins de risques pour les touristes », se souvient Johnny Isla.

C’est alors que l’œil avisé de l’un des travailleurs a remarqué l’existence d’une trace gravée sur le versant de la colline.

Un félin sur les lignes de Nazca, un animal célébré par les Paracas

Selon le ministère de la Culture du Pérou qui a émis un communiqué de presse le 15 octobre 2020 : « Les représentations de félins étaient très courantes dans la culture Paracas ».

« La figure était à peine visible et était sur le point de disparaître en raison de sa localisation sur une pente assez raide et du fait des conséquences de l’érosion naturelle », a détaillé le ministère.

Le ministère a ajouté concernant cette magnifique découverte : « Les représentations de félins de ce type sont fréquentes dans l’iconographie des céramiques et textiles de la société Paracas ».

Le chat tacheté, représenté par ce géoglyphe séculaire, était considéré par la culture Paracas comme une divinité qui exerçait son pouvoir ici-bas.

En effet, les célèbres géoglyphes ne sont pas du seul fait de la culture nazca. C’est ce qu’a expliqué l’archéologue Rubén García, professeur à l’université San Luis de Gonzaga à Ica, dans l’article intitulé : « Géoglyphes de Paracas de la côte sud ».

On peut y lire :

Traditionnellement, la réalisation de grandes figures sur les plaines et les pentes désertiques de la côte sud était attribuée à la société nazca (200 av. J.-C. – 750 apr. J.-C.). Depuis les années 1980, on sait que cette expression culturelle constitue une tradition qui aurait commencé vers 750 av. J.-C., au début du développement de la culture Paracas. Des géoglyphes de Paracas ont été enregistrés de Pisco au bassin du Rio Grande de Nazca, en particulier dans la région de Palpa, où un grand nombre a été identifié ».

Rubén García

Comment une figure si grande a-t-elle pu « disparaître » aussi longtemps ?

Par ailleurs, une question se pose. En effet, pourquoi ce gigantesque géoglyphe est-il passé inaperçu autant d’années dans ce paysage désolé ?

Selon les archéologues, l‘érosion a fait que le dessin a été recouvert par des pierres tombées depuis le haut de la colline.

Les dessins les plus anciens (faune et flore locales, chamans, guerriers, danseurs, etc.) correspondent à la culture Paracas et ont été réalisés sur les pentes des collines. Des siècles plus tard, ce sont les Nazcas qui ont fait leurs traces dans la pampa avec beaucoup plus de technique et de virtuosité.

«Comme le dit le Dr Castillo, nous savons maintenant que les géoglyphes de Paracas ont été créés par des hommes pour des hommes, tandis que ceux de Nasca ont été créés par des hommes pour les dieux», explique Johny Isla.

Les lignes de Nazca, un patrimoine d’exception inscrit à l’UNESCO

Les lignes de Nazca ont été découvertes pour la première fois par un archéologue péruvien en 1927. Des images d’un colibri, d’un singe et d’une orque avaient alors été découvertes sur le site. L’UNESCO a inscrit les lignes et géoglyphes de Nazca et Palpa comme sites du patrimoine mondial depuis 1994.

Localisés dans la plaine côtière aride du Pérou, à quelque 400 km au sud de Lima, les géoglyphes de Nazca et de Pampas de Jumana se révèlent à nos yeux ébahis sur une superficie d’environ 450 km² .

En fait, des créatures vivantes sont représentées, certains géoglyphes font apparaitre des végétaux stylisés ou des représentations fantastiques, d’autres encore ont des formes purement géométriques (triangles, spirales, rectangles, courbes, de plusieurs kilomètres de long).

En 2018, la mise au jour de 50 géoglyphes précolombiens avait déjà conquis les amateurs de découvertes archéologiques péruviennes.

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