Mise à jour le 15 avril 2024
Le Sahara est le plus grand désert chaud du monde. Il occupe presque tout le nord de l’Afrique, à savoir 8,5 millions de km² et sa superficie est en constante augmentation.
Pourtant, cette zone désertique, véhiculant une image de désolation et d’aridité, permet de fertiliser l’une des régions les plus luxuriantes au monde, à savoir la forêt amazonienne.
Ce phénomène, connu sous le nom de dépôt de poussière saharienne en Amazonie (Saharan dust deposition in Amazonia, SDDA), a été largement étudié au cours des dernières décennies.
En effet, le sable du Sahara parvient à se déplacer au delà de l’océan Atlantique, sur plus de 6000 km, pour atteindre l’Amazonie, le Poumon vert de la planète situé en Amérique du Sud.
En fait, ce phénomène passionnant a fait l’objet de recherches de la NASA qui a révélé au grand public les conclusions de son étude.
Ainsi, des données divulguées par la NASA montrent la relation étroite entre le désert et la forêt malgré la distance géographique. Elles ont été recueillies entre 2007 et 2013 bien que le phénomène de connexion avait déjà identifié par les scientifiques depuis plusieurs années.
Le phosphore venu du sable du Sahara alimente la végétation amazonienne
En effet, les experts scientifiques estiment que 182 000 tonnes de poussière traversent l’océan Atlantique pour atteindre l’Amérique depuis le Sahara. Sur ce total, 27,7 millions de tonnes de sable prennent la direction chaque année du bassin amazonien, fournissant un apport précieux en phosphore (un nutriment essentiel aux plantes), selon les chercheurs de l’Université du Maryland (Etats-Unis).
Ainsi, 22 000 tonnes de phosphore sont fournies à la végétation d’Amazonie. Cette quantité, selon l’étude, est suffisante pour satisfaire les besoins nutritionnels que la forêt amazonienne perd lorsque la région est frappée par de fortes précipitations et inondations.
Le sable du Sahara, un élément indispensable à la fertilisation de l’Amazonie
Les eaux de ruissellement favorisent la déperdition en phosphore des sols. Or, cet engrais naturel est essentiel à la croissance des végétaux.
Des études ont montré que jusqu’à 56% du phosphore dans certaines parties de l’Amazonie provient du Sahara.
« L’ensemble de l’écosystème de l’Amazonie dépend du sable du Sahara pour reconstituer les nutriments perdus ».
Coordonnateur de l’étude, Hongbin Yu.
L’analyse confirme ce que beaucoup, même sans base scientifique, savaient depuis longtemps :
Ceci est un petit monde, et nous sommes tous connectés.
Hongbin Yu
Le sable, riche en nutriments, provient principalement d’une région connue sous le nom de dépression du Bodélé. il s’agit une dépression topographique située dans le centre sud du Sahara, au nord du Tchad. La dépression a accueilli un lac lors de la période la plus humide que le Sahara ait connue au cours de l’holocène.
Cependant, la plus grande partie de la poussière reste suspendue dans l’air, tandis que 43 millions de tonnes atteignent la mer des Caraïbes.
Cette étude majeure avait été rendue possible grâce à la collecte de données effectuée par le satellite Calipso. La NASA a publié ses recherches dans la revue spécialisée Geophysical Research Letters.
Les deux écosystèmes sont liés malgré l’Atlantique qui les sépare
Grâce à une animation de la NASA, on s’aperçoit que les scientifiques avaient connaissance de l’existence de ce phénomène. Cependant, les données recueillies permettent de démontrer la relation directe entre les deux écosystèmes.
Le phénomène transocéanique analysé ne constitue pas une simple anecdote. En fait, une grande partie de la richesse des plantes de la forêt tropicale d’Amérique du Sud dépend des engrais contenus dans la poussière saharienne.
L’une des données les plus intéressantes de l’étude précise qu’après une période pluvieuse dans la région du Sahara, la quantité de poussière qui se déplace par le vent est moindre. Par conséquent, on peut envisager que, si le Sahara était une zone plus humide, le transport de phosphore serait plus limité et le bassin de l’Amazone n’aurait pas l’engrais nécessaire pour maintenir son équilibre actuel.
Voilà une belle démonstration de l’effet papillon qui témoigne de la corrélation entre des écosystèmes a priori aussi éloignés que disparates.
Ceci est un petit monde, et nous sommes tous reliés les uns aux autres […] C’est une composante essentielle du système Terre. La poussière aura une incidence sur le climat et, en même temps, le changement climatique aura une incidence sur la poussière.
Hongbin Yu
Un nuage de sable du Sahara particulièrement marqué en 2020
L’année 2020, le nuage de sable en provenance du Sahara a été plus important que jamais dans les Caraïbes et dans le nord du continent sud-américain entre le mois de juin et le mois de septembre.
En fait, les scientifiques ont remarqué que cet impressionnant nuage de poussière, surnommé dès lors « Godzilla », avait affecté la qualité de l’air :
« C’est la première fois que l’on voit depuis l’espace que l’événement atteint cette ampleur. C’est un méga nuage. Nous n’avions pas vu quelque chose comme ça depuis 50 ans », expliquait Sidney Novoa, directeur de la technologie de conservation à l’organisation Amazon Conservation (ACCA).
Menaces pour l’interdépendance
Malgré l’importance de ce processus pour l’équilibre écologique de l’Amazonie, l’interdépendance entre le Sahara et l’Amazonie est menacée par les activités humaines.
La déforestation rapide de l’Amazonie, principalement pour l’expansion agricole et l’exploitation minière, compromet la capacité de la forêt à absorber la poussière saharienne et à maintenir sa fertilité.
De plus, le changement climatique altère les schémas de précipitations et les vents atmosphériques, ce qui pourrait modifier les routes de transport du sable du Sahara vers l’Amazonie.
Des études suggèrent déjà une diminution de la quantité de poussière saharienne atteignant l’Amazonie en raison de la sécheresse accrue et des tempêtes de sable plus fréquentes dans le Sahara.
Selon le Dr Carlos Souza, chercheur à l’Institut national de recherche spatiale du Brésil
En effet, les minéraux véhiculés par les poussières du Sahara apportent des nutriments essentiels aux sols affaiblis à la suite d’une pratique agricole excessive, par exemple, et nourrissent également les océans.
L’interdépendance entre le sable du Sahara et l’Amazonie est un exemple remarquable de la manière dont les écosystèmes interagissent à l’échelle mondiale.
Comprendre cette relation est crucial pour la préservation de la biodiversité, la régulation du climat et la durabilité des communautés humaines qui dépendent de ces écosystèmes.
Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour explorer plus en profondeur cette interdépendance complexe et pour informer les politiques de conservation et de gestion des terres à l’échelle mondiale.
Félicitations et merci pour toute vos utiles et précieuses informations
Merci pour le partage de ces informations combien riches et impensables
Supers infos! Le phénomène ne peut il être inversé pour rendre le Sahara à nouveau humide ?