Le 10 janvier 2025, le dirigeant vénézuélien Nicolás Maduro a prêté serment pour un nouveau mandat présidentiel de 6 ans à la tête du pays sud-américain, dans un contexte de contestation massive et d’illégitimité électorale prononcée à l’échelle internationale.
Cette prise de pouvoir, qualifiée de « désespérée » par les États-Unis et condamnée par des organisations telles que Human Rights Watch, illustre, une nouvelle fois, la consolidation de l’autoritarisme au Venezuela, où la répression politique et la crise humanitaire se côtoient dangereusement.
Un processus électoral entaché de fraudes et d’irrégularités
Les élections du 28 juillet 2024 ont suscité l’espoir d’un changement démocratique pour des millions de Vénézuéliens. Pourtant, le scrutin a rapidement été marqué par des irrégularités. Le Conseil National Électoral (CNE), aligné sur le régime de l’héritier d’Hugo Chavez, N. Maduro, n’a pas rendu publiques les preuves corroborant la légitimité de sa victoire.
Des observateurs internationaux tels que le Centre Carter et les Nations Unies se remettent clairement en cause de la transparence du processus. Les résultats non officiels collectés par l’opposition indiquaient que le candidat Edmundo González avait largement remporté les suffrages.
Malgré cela, Maduro continue d’endosser le rôle de vainqueur plébiscité suscitant une vague de protestations à travers le pays.
J’ai assumé la présidence du Venezuela pour poursuivre l’héritage de Bolívar et Chávez, avec le soutien d’un peuple qui a démontré sa loyauté dans les urnes. »
(Nicolás Maduro, 2025, lors de sa prise de fonction)

La réponse du régime : répression et violences
Les manifestations pacifiques, qui ont suivi les résultats contestés, ont été brutalement réprimées. Selon les rapports de Human Rights Watch, 23 manifestants ont perdus la vie, souvent par les forces de sécurité ou des groupes armés pro-gouvernementaux appelés « colectivos ». Par ailleurs, des centaines de personnes, y compris des mineurs, ont été arrêtées de manière arbitraire, des violations évidentes aux Droits de l’Homme.
« La CIDH appelle à une réponse forte et coordonnée de la communauté internationale face aux violations systématiques des droits humains au Venezuela, qui incluent les arrestations arbitraires, les disparitions forcées et la suppression de la liberté d’expression. »
(Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme, janvier 2025)
En fait, cette répression s’inscrit dans une stratégie plus large visant à étouffer toute forme de dissidence et de contestation. Depuis des années, le régime chaviste utilise des tactiques d’intimidation, d’arrestations arbitraires et de censure pour maintenir sa mainmise.
« Le Venezuela se prépare avec Cuba, le Nicaragua, ainsi qu’avec nos frères dans le monde, pour, si un jour il faut prendre les armes, défendre le droit à la paix, le droit à la souveraineté et les droits historiques de notre patrie, livrer la bataille et la remporter. »
(Nicolás Maduro, 2025, lors de la Cumbre Antifascismo)
Un pays plongé dans une crise humanitaire sans précédent
Au-delà des enjeux politiques, le Venezuela traverse une crise humanitaire dévastatrice. Plus de 20 millions de personnes vivent aujourd’hui dans la pauvreté extrême. Ainsi, les habitants font face à une pénurie chronique de nourriture, de médicaments et de services essentiels.
Le Plan de Réponse Humanitaire des Nations Unies pour le Venezuela reste gravement sous-financé, avec seulement 28 % des besoins couverts.
Parallèlement, environ 8 millions de Vénézuéliens ont fui le pays depuis 2014. En fait, il s’agit de l’une des plus importantes crises migratoires de l’histoire récente pour un pays qui ne connait pas une guerre sur son territoire.
« Nous entamons une nouvelle étape démocratique en alliance avec le peuple, les militaires et les forces de sécurité. Nous allons garantir la paix et la stabilité du pays, malgré les menaces internes et externes. »
(Nicolás Maduro, 2025)
Des sanctions et des soutiens internationaux
En réponse à cette situation, plusieurs gouvernements, dont les États-Unis, l’Union européenne et le Canada, ont renforcé leurs sanctions contre les figures clés du régime de Maduro.
Ainsi, Washington, par exemple, a augmenté les récompenses pour toute information menant à l’arrestation de Diosdado Cabello et Vladimir Padrino López, accusés de trafic de stupéfiants et de corruption.
De plus, le Département du Trésor américain a sanctionné de nouveaux responsables impliqués dans la répression, tandis que le Département de Sécurité intérieure a prolongé le Statut de Protection Temporaire pour les réfugiés vénézuéliens aux États-Unis. Ces actions visent à isoler davantage le régime et à soutenir le peuple vénézuélien dans sa quête de démocratie.
Le troisième mandat de Maduro s’accompagne d’un isolement diplomatique sur le territoire latino-américain. Hormis les présidents de Cuba et du Nicaragua, aucun chef d’État significatif de la région n’a assisté à son investiture, marquant un contraste frappant avec les cérémonies précédentes.
Cependant, Maduro bénéficie toujours du soutien de l’Iran, mais aussi de la Russie ou encore de la Chine, deux alliés de poids.
« Certains pays veulent isoler le Venezuela, mais nous avons des alliés puissants. Le Venezuela n’est pas seul. La révolution bolivarienne est plus forte que jamais, et elle inspire d’autres peuples qui luttent pour leur souveraineté. »
(Nicolás Maduro, 2025)
Une opposition fragmentée mais déterminée face à Maduro
L’opposition vénézuélienne se trouve à un tournant crucial. Ainsi, Edmundo González, actuellement en exil, a annoncé son intention de revenir au pays pour continuer à contester le régime de Maduro.
« Le régime de Nicolás Maduro est une menace pour la stabilité de l’Amérique latine. Nous avons l’obligation de lutter pour le rétablissement de la démocratie et de la liberté au Venezuela. Ce n’est pas seulement la lutte du peuple vénézuélien, mais celle de toute la région. »
(Edmundo González Urrutia, janvier 2025, lors de sa visite au Costa Rica)
Il a appelé les militaires à désobéir aux ordres du président, une initiative qui reste pour l’instant sans réponse. Par ailleurs, María Corina Machado, leader charismatique toujours présente au Venezuela, incarne une opposition intérieure déterminée malgré les menaces croissantes.
Les interrogations subsistantes quant à son avenir : Maduro poursuivra-t-il sa stratégie de répression ou adoptera-t-il une approche encore plus sévère, à l’image de ce qui s’est passé au Nicaragua avec les figures d’opposition exilées ?
Le rôle crucial de la communauté internationale face au régime Maduro
Pour répondre à cette crise multidimensionnelle, la communauté internationale doit intensifier ses efforts. Soutenir les enquêtes en cours de la Cour pénale internationale est essentiel pour garantir la responsabilité des crimes commis. De plus, les pays doivent élargir l’accès à la protection pour les réfugiés vénézuéliens tout en bénéficiant des financements humanitaires.
Cependant, malgré les appels internationaux à la négociation, Maduro renforce ses alliances avec des régimes autoritaires comme Cuba et la Russie, tout en mettant en avant une rhétorique militariste. Ses déclarations lors de la Cumbre Antifascismo, où il a évoqué une préparation à un éventuel conflit armé pour défendre la souveraineté vénézuélienne, s’inquiétant de l’escalade des tensions internes et externes.
En parallèle, les réformes constitutionnelles annoncées par Maduro risquent de consolider davantage son pouvoir, notamment à travers des référendums contrôlés par un Conseil National Électoral sous son influence.
Quels scénarios pour l’avenir ?
Trois grandes perspectives se dessinent pour le Venezuela :
- Un renforcement autoritaire : Maduro pourrait renforcer son contrôle sur les institutions et intensifier la répression contre l’opposition.
- Un éventuel dialogue sous pression internationale : Bien que peu probable à court terme, une transition politique pourrait émerger si les sanctions et les pressions diplomatiques atteignent un point de rupture pour le régime.
- Une crise humanitaire aggravée : L’absence de solutions politiques pourrait conduire à un nouvel exode massif des Vénézuéliens, exacerbant la situation dans les pays voisins.
Une lutte pour la survie et la démocratie au Venezuela
Malgré la répression, le peuple vénézuélien continue de manifester son courage et son engagement pour un avenir démocratique. Cette résilience mérite non seulement d’être saluée, mais également soutenue par des actions concrètes.
Le Venezuela reste prisonnier d’une crise multidimensionnelle où l’autoritarisme de Maduro, l’épuisement de l’opposition et l’isolement international s’entremêlent. Une transition pacifique et durable nécessite une mobilisation interne forte et un soutien cohérent de la communauté internationale.
Cependant, l’espoir d’un changement rapide semble pour l’instant compromis par la complexité des enjeux politiques et économiques.
Face à cette réalité, le silence et l’inaction ne sont pas une option. La communauté internationale doit se tenir aux côtés du peuple vénézuélien pour défendre les droits humains, la justice et la démocratie.
« Nous avons vu un autre exemple de la nature autocratique du régime de Maduro. Le 10 janvier, Maduro a de nouveau usurpé le pouvoir avec des élections frauduleuses. L’Organisation des États américains continuera à soutenir la restauration de la démocratie au Venezuela. »
(Luis Almagro, secrétaire général OEA janvier 2025)