Dimanche 4 avril, la population bolivienne a été appelée aux urnes afin d’élire ses représentants au niveau municipal et régional, une élection importante lorsque l’on sait qu’après l’adoption de la nouvelle Constitution, les départements et territoires indigènes bénéficient d’une large autonomie.
Selon des estimations officielles, relayées, jeudi 8 avril, par la Cour électorale nationale (CNE), le Mouvement pour le socialisme (MAS), du président au pouvoir, Evo Morales, l’emporte dans six départements sur neuf (La Paz, Chuquisaca, Cochabamba, Oruro, Pando et Potosi).
Le parti politique du président Morales, mouvement de gauche radicale sud-américaine (Movimiento al socialismo), réélu triomphalement (64 % au premier tour) en décembre aux élections présidentielles, a remporté les élections dans la région de Pando (nord), zone qui évoluait jusqu’à présent sous contrôle de l’opposition et dont l’issue électorale était indécise ces derniers jours.
L’opposition reste donc à la tête de trois autres départements de l’est et du sud (Santa Cruz, Tarija et Beni). Le décompte des voix a été suspendu à Pando, où les deux candidats étaient à égalité, après des accusations de fraude. Le candidat du MAS au poste de gouverneur a remporté les élections face au candidat de droite, avec une légère avance de 1,3 % point.
A ce titre, cinq bureaux de Pando devront réouvrir leurs portes pour accueillir à nouveau les votants (dimanche 18 avril), suite aux accusations réciproques de fraudes et aux plaintes déposées par la majorité et l’opposition. Toutefois, cette décision ne remet pas en cause le résultat final, selon le président de la cour électorale régionale, Gustavo Vargas.
Il faut toutefois noter que l’opposition conserve la main mise sur trois régions dont deux des plus prospères, la grande région agricole de Santa Cruz et le réservoir gazier de Tarija.
D’ailleurs, contrairement aux scrutins précédents, les partisans d’Evo Morales n’ont pas manifesté de façon ostensible leur joie, suite aux résultats, comme ils ont pour habitude de le faire devant le palais présidentiel, à La Paz.
Le chef de l’Etat a quant à lui exprimé son amertume durant une conférence de presse en déclarant « Bien sûr, nous voulions gagner dans toutes les municipalités ».
M. Morales avait pour ambition de gagner ce suffrage avec 70 % des voix, soit de connaître une progression par rapport à sa propre réélection, en décembre 2009. Très investi à titre personnel dans la campagne, le président avait déclaré qu’il était trop compliqué de travailler avec des opposants élus à des postes clés.
Le MAS n’a pas réussi à s’imposer dans les grandes villes et a perdu un nombre de voix précieux dans le secteur urbain. Le parti du président demeure encore un mouvement d’origine paysanne, plus particulièrement implanté dans les municipalités rurales. Au niveau municipal, le MAS gagne trois des dix mairies les plus importantes du pays, mais il perd les sept autres, dont La Paz, siège du gouvernement.
L’opposition a fait part de sa satisfaction en célébrant ces résultats avec splendeur. Le gouverneur de Santa Cruz, Ruben Costas, fervent défenseur de l’autonomie régionale, a « tendu la main » au gouvernement, au nom de la « concorde nationale », tout en ajoutant qu’il s’agissait d’une « main ferme », renforcée par le vote de dimanche.
» Ces élections ont montré que la Bolivie reste un pays fragmenté et hétérogène. La rupture entre le MAS d’Evo Morales et le MSM (el Movimiento sin Miedo ou Mouvement sans peur) de Juan del Granado peut s’avérer une erreur stratégique. Mais pour devenir une alternative nationale au pouvoir, l’opposition doit encore dépasser le stade des personnalités régionales et des formations purement locales. « a déclaré l’analyste Fernando Molina.
Le pays semble plus divisé que jamais entre les hauts plateaux andins rattachés au président Morales (régions où la communauté indigène est majoritaire) et les plaines amazoniennes de l’Est acquises à l’opposition de droite.
Les résultats officiels et définitifs des élections régionales du 4 avril ne seront connus que le 24 avril.
merci beaucoup pour cet article 🙂